Un marché oléagineux qui reprend des couleurs sous la pression météorologique

Certains fondamentaux comme le relèvement du plafond de la dette américaine rassure les marchés, ou encore le souhait de l’Arabie Saoudite de limiter sa production d’or noir d’un million de barils par jour à partir de juillet, soutiennent les prix du pétrole et par ricochet ceux des huiles végétales et des graines oléagineuses. Mais les yeux des opérateurs économiques sont maintenant principalement tournés vers la météo.

L’évolution des conditions climatiques aux Etats-Unis, en particulier dans le Midwest, ravive la crainte un déficit hydrique alors que l’assèchement d’une bonne partie du territoire américain reste préoccupant, même si des pluies sont attendues dans les prochains jours dans le Midwest. En conséquence, le premier tour de plaine de l’année réalisé par l’USDA sur le soja affiche à 62% les cultures jugées comme bonnes à excellentes, sous la fourchette des attentes du marché. L’état des cultures et son évolution est le principal facteur de hausse du cours cette semaine.

A cela s’ajoute une activité de trituration étatsuniennes dynamiques avec 197 millions de boisseaux triturés en avril, dans le haut des attentes du marché (source USDA).

Seul facteur limitant la hausse du cours à Chicago : l’absence de demande internationale.

L’origine brésilienne est toujours aussi présente sur le marché mondial et ne laisse pas la place aux autres origines. Selon l’ANEC, l’Association Nationale des Exportateurs de Céréales, les exportations brésiliennes devraient atteindre les 13,11 millions de tonnes (Mt) en juin, contre 9,9 Mt l’an passé à date.

Cette grande disponibilité est contre balancé par une forte demande, notamment de la part de la Chine. Les importations chinoises de soja ont atteint leur plus haut niveau à 12,02 Mt importées au mois de mai, contre 7,26 Mt en avril. Ce qui porte le cumul d’importation à 42,3 Mt depuis ce début d’année pour la Chine, +11,2% par rapport à l’an passé (source : douanes chinoises).

Le Canada est également touché par ce temps chaud et sec, entrainant l’apparition d’un déficit hydrique et d’incendies. Ce qui laisse craindre un impact sur les récoltes futures de canola et soutient les cours malgré une perte de compétitivité de la graine sur le marché mondial en raison d’un renforcement de la monnaie canadienne à la suite de la hausse des taux d’intérêts décidés par la banque centrale canadienne.

En Australie, le Bureau Australien de l’Agriculture, de Ressources Economiques et des Sciences (ABARES) anticipe l’apparition du phénomène El Niño et revoit à la baisse les surfaces de canola en 2023 de 11% par rapport à l’an passé. Ce qui impacte fortement la production avec un volume de récolte estimé à 4,9 Mt en 2024, soit un recul de 41% par rapport à la précédente campagne. Il faut cependant se souvenir que la précédente récolte a connu le phénomène très favorable de La Niña, permettant des rendements et de productions importants.