
Marché des céréales
Seigle, avoine, sorgho, blé dur : secondaires mais indispensables
La planète produit 2,3 milliards de tonnes de céréales, dont plus de 2,1 milliards de blé, d’orges et de maïs. Les 150-200 millions de tonnes (Mt) restantes sont réparties entre le sorgho (62,5 Mt), le blé dur (35,3 Mt), l’avoine (22,5 Mt) et le seigle (11 Mt)(1). Dans les pays où ces céréales sont consommées, ces productions contribuent à leur souveraineté et à leur sécurité alimentaires.
Chaque année, les productions mondiales de céréales (2,3 milliards de tonnes) couvrent à peine les besoins de la planète, selon le Conseil international des céréales (CIC). Elles contribuent toutes à sa sécurité alimentaire.
Par ailleurs, elles ne sont pas toutes substituables entre elles et elles ne sont pas cultivables sous toutes les latitudes.
Enfin, certaines céréales (sorgho, seigle, avoine, blé dur) sont produites pour répondre à des demandes et des habitudes alimentaires particulières.
Une chute de la production de sorgho n’aura pas d’impact majeur sur le fonctionnement des marchés mondiaux des céréales mais dans les pays affectés, elle peut générer une crise alimentaire très importante.
Le Sorgho
La France et l’Autriche ont exporté 5 000 tonnes de sorgho ces six derniers mois et l’Italie en a importé près de 7 000 tonnes d’Ukraine.
Cette année, 63 Mt de sorgho ont été récoltées dans le monde, soit 7 Mt de plus en deux campagne. L’Afrique subsaharienne en produit trois fois plus (28 Mt) que du blé (9 Mt). Les bonnes années, la céréale accroît directement les ressources disponibles des populations.
Le sorgho est une céréale cultivée pour être majoritairement autoconsommée. Seuls trois pays animent le marché mondial de l’export: l’Argentine (1,4 Mt), les Etats-Unis (5,1Mt) et l’Australie (2,1Mt). Ensemble, ils commercent 9 Mt.
Les Etats Unis produisent essentiellement du sorgho (8,7 Mt) pour l’exporter.
La Chine achète près de 85 % des quantités disponibles à l’import (7,7 Mt). Sur ce marché, elle est beaucoup moins en retrait cette campagne-ci que sur ceux de l’orge, du blé et du maïs. Néanmoins, elle importera 800 000 tonnes de sorgho de moins qu’en 2023-2024. Les autres pays importateurs de la planète commercent des quantités marginales.
Blé dur
Depuis le début de la campagne, l’Italie a importé 900 000 tonnes de blé dur DU Canada et de Turquie et la Roumanie en a exporté 113 000 t.
Cette campagne 2024-2025, la production mondiale de blé dur est supérieure aux quatre précédentes (35,4 Mt selon le CIC).
Le Canada (6 Mt) et la Turquie (4,6 Mt) récoltent un tiers des quantités produites dans le monde et réalisent plus des deux tiers de ses échanges mondiaux (6,4 Mt sur 9,5 Mt).
Peu de pays pourvoient à leurs besoins. Il s’agit essentiellement du Canada, de la Turquie, de la France et du Mexique.
En Union européenne (UE), la production de blé dur (7,2 Mt) est largement insuffisante pour couvrir ses besoins. Elle est le deuxième importateur au monde (2,6 Mt) car l’Italie, l’Espagne et de nombreux autres pays européens ne parviennent pas à s’approvisionner sur le marché européen.
La France est le principal pays exportateur net parmi les Vingt-sept Etats membres. Toutefois, sa production (1,2 Mt) décline chaque année (-0,4 Mt en trois ans).
L’avoine
La quasi totalité des pays européens exporte de l’avoine (46 000 tonnes d’avoine en six mois de campagne) mais seuls deux en importent (18 000t) : l’Italie et la Grèce.
« L’augmentation de la production d’avoine d’une année sur l’autre est imputable au secteur de l’alimentation humaine, la consommation étant placée à 5,7 Mt (+1 %), explique le CIC. L’affouragement est estimé plus ou moins inchangé par rapport à la dernière campagne, à 13,3 millions de tonnes ».
L’UE (9,2 Mt) porte à elle seule la croissance de la production mondiale. Cette campagne, les 3 Mt récoltées en plus dans le monde (22,4 Mt) sont aux deux tiers européennes.
Le marché mondial de la céréale est d’abord un marché régional nord-américain. Sur les 2,4 Mt d’avoine échangées dans le monde, près 1,4 Mt sera expédiée du Canada vers les Etats-Unis, premier pays importateur au monde. L’Union européenne est à peine présente sur ce marché.
Le seigle
Ses six derniers mois, l’Allemagne en a exporté 34 000 tonnes et la Pologne 6 000 t. L’Espagne a acheté quant elle 7 000 tonnes en Ukraine.
Cette campagne-ci, moins de 400 000 tonnes de seigle sont échangées dans le monde. L’UE prévoit d’en expédier 200 000 t et le Canada, 100 000 t.
La production mondiale de seigle (11,3 Mt) est d’abord une production européenne à plus 80 % et autoconsommée à plus de 95 %.
Elle décline lentement campagne après campagne. En quatre ans, 2 Mt de moins de grains ont été récoltées.
La céréale est principalement cultivée dans quatre pays: Pologne (2,4 Mt), Allemagne (2,7 Mt), Bélarusse (0,8Mt) et Russie (1,2 Mt) où la céréale décline (baisse de 40 % en quatre ans).
Dans le reste du monde la production de la céréale n’excède pas quelques dizaines de milliers de tonnes là où elle est cultivée.
L’UE est commercialement déficitaire d’une centaine de milliers de tonnes.
« En raison d’une récolte plus faible et de l’imposition de restrictions commerciales par l’UE, les expéditions russes devraient dévisser et tomber à leur plus bas niveau en cinq ans », analyse le CIC. Il y a deux ans, l’ex-empire des tsars exportait près de 200 000 t, cette année seules 25 000 t seront vendues.
(1) Par ailleurs, près de 50 Mt de triticale et de millet sont récoltées pour l’industrie de l’alimentation animale.