
Marché des céréales
Les taxes à l’export russes sèment
la confusion sur le marché du blé
Les cours mondiaux du blé étaient perturbés cette semaine par l’annonce par la Russie de la mise en place d’une nouvelle taxe à l’export qui devrait avoir un impact significatif sur son offre de blé. S’il est encore difficile d’évaluer précisément la diminution du volume disponible pour le marché export, il est clair que cela risque d’impacter en premier lieu le bilan européen, déjà tendu.
Partout dans le monde, les cours du blé étaient sous tension. Du côté américain, les chiffres export maintiennent leur cadence élevée et totalisaient 540kt cette semaine, ce qui porte le total de la saison à 722mbu, en hausse de 10% par rapport à l’année dernière. L’intérêt chinois pour le blé américain se poursuit et, ajouté au ralentissement de la cadence des export russes, a fait pression sur Chicago qui clôturait en hausse de $8 à 10 cts/bu jeudi.
Du côté européen, il n’y a plus d’offres russes à partir du mois de janvier. A ce stade, difficile de savoir si cela correspond réellement aux effets de la taxe ou s’il s’agit d’une réaction conservatrice du marché en anticipation de la réduction du volume disponible. Reste que le bilan européen n’est pas en mesure d’augmenter sa cadence d’export compte tenu de ses besoins domestiques. Le marché Euronext réagissait cette semaine en gagnant 1,75 euros/t jeudi, une réaction encore bien insuffisante pour décourager la demande. Du côté du marché physique, le blé français, avec des primes élevées (La Pallice se négociait à +8,5 sur le contrat de mars 2021 cette semaine) est déjà $10/t plus cher que le blé russe, mais reste cependant une alternative viable pour de nombreuses destinations. Dans un contexte où le programme australien est engagé jusqu’au mois d’avril et où les autres origines potentielles (comme l’Inde) sont encore loin d’être aussi compétitives, les primes européennes ne vont avoir d’autre choix que d’augmenter ces prochaines semaines.
La récolte 2021/2022 s’annonce quant à elle sous de meilleurs auspices et pourrait venir soulager ce bilan européen tendu. En France, après des retards de semis, les températures douces du mois de novembre et les précipitations du mois de décembre permettent d’espérer de meilleurs rendements que l’année dernière. Selon Stratégie Grains, les hypothèses de rendements devraient même être supérieures à la moyenne quinquennale, et avec une augmentation des surfaces de 300kha par rapport à 2020/2021, ils prévoient une récolte de 36,41Mt.
Du côté des orges, Stratégie Grains anticipe également de meilleurs rendements pour les orges d’hiver, et une production à 7,73Mt. Les orges de printemps devraient quant à elles être pénalisées par l’augmentation des surfaces de blé, et voir leur sole diminuer de 640Kha par rapport à cette année, pour une récolte en légère baisse à 3,84Mt.
La surface de maïs également devrait pâtir de l’augmentation de celle du blé, et est attendue à 1,45Mha, en repli surtout dans l’Ouest de la France, pour une production nationale en légère baisse, à 12,85Mt.




