garantir l’avenir
L’AGPB demande au Gouvernement un plan historique pour garantir l’avenir d’une filière céréalière en péril
Au lendemain d’une moisson 2020 catastrophique pour les céréaliers, l’AGPB a tenu sa conférence de presse de rentrée dans un contexte de crise. Les aléas climatiques, l’augmentation des agresseurs biologiques, la baisse continue des aides européennes et les orientations politiques basées sur la suppression des solutions de lutte mettent en péril l’avenir de la filière céréalière. Face à ces conditions qui ne sont plus tenables et dans le prolongement du plan France Relance, Éric Thirouin, Président de l’AGPB, appelle à un rendez-vous politique historique avec le Gouvernement, afin de soutenir sans plus attendre un plan ambitieux pour l’avenir. Il est temps de donner aux agriculteurs les leviers pour répondre aux enjeux de résilience et à la souveraineté alimentaire de demain.
Moissons 2020 : plus de 50% des céréaliers ne dégageront aucun revenu en 2020
Avec une production évaluée en deçà des 30 millions de tonnes pour le blé́ tendre, soit une perte de 25% par rapport à 2019, les céréaliers français vivent l’une des pires moissons depuis 30 ans.
« Les résultats exprimés en moyenne ne font pas ressortir les disparités des rendements qui vont du simple au sextuple. Les premières prévisions officielles ont été beaucoup trop optimistes, et l’impact économique attendu sur les exploitations sera bien plus important que celui annoncé. Au total, c’est plus de 50% des céréaliers qui ne dégageront aucun revenu en 2020. C’est une année de travail pour rien, et qui en plus, handicape la suivante » confirme Eric Thirouin.
Après huit années difficiles qui ont fortement pesé sur les trésoreries, la plupart des exploitations est aujourd’hui fragilisée, avec un impact sur toute la filière. « Nous avons rencontré Julien Denormandie, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation pour déployer sans plus attendre des mesures exceptionnelles telles que la mise en place des cellules de crise dans l’ensemble des départements impactés et une avance des aides de la PAC à hauteur de 80% du montant de 2019 au plus tard le 15 octobre 2020 » affirme Eric Thirouin, qui attend que des décisions soient prises sur d’autres mesures commele dégrèvement automatique de la TFNB dans les zones sinistrées et l’allègement de charges sociales.
Donner une nouvelle ambition politique
à une filière stratégique pour la souveraineté alimentaire et l’économie française
Si la filière céréalière reste un secteur d’excellence1 permettant à la France d’être le premier exportateur de l’UE, elle est aujourd’hui en péril.
« Les céréaliers sont à bout de souffle et la majorité d’entre eux se pose la question de la poursuite de leur métier. La problématique du renouvellement des générations est plus que jamais d’actualité. Si le Gouvernement ne prend pas conscience de la situation, nous allons dans le mur. La France doit se redonner une ambition pour son agriculture, dont l’avenir se joue maintenant ! » alerte Eric Thirouin, qui appelle à un rendez-vous politique historique avec le Gouvernement. L’objectif : sécuriser pleinement l’intégration des céréaliers dans le plan de relance pour accompagner l’investissement, la recherche et l’innovation en vue des discussions autour de la future PAC.
Dans cette perspective, l’AGPB réaffirme les grandes orientations du projet stratégique qu’elle souhaite voir soutenues par le Gouvernement. Ce dernier, qui s’inscrit dans une vision de filière de long terme, repose sur trois axes majeurs :
- Garantir la résilience des exploitations au travers d’un rééquilibrage de la PAC en faveur des céréaliers, notamment vers les zones intermédiaires et par l’application immédiate de l’OMNIBUS en baissant la franchise de l’assurance récolte de 30% à 20%.
- Déployer une politique de gestion des moyens de production cohérente qui fait le pari de l’innovation, pour soutenir la croissance de la production française. En effet, les céréaliers attendent toujours des réponses claires du Gouvernement sur des sujets clés comme le Glyphosate, l’évolution d’une réglementation pour soutenir l’innovation variétale, ou encore l’encadrement du déploiement des ZNT.
- Accompagner la transition du monde céréalier via des investissements européens significatifs. La filière a chiffré à 10 milliards d’euros sur les 15 prochaines années le financement de la transition agroécologique. L’AGPB a depuis 2019 engagé la filière céréalière sur le niveau 2 de la certification environnementale HVE, pour lequel elle demande une reconnaissance par les pouvoirs publics et dans l’Echoscheme de la future PAC. Aujourd’hui, tous les acteurs de la filière sont prêts et attendent un engagement fort de l’Etat sur une politique d’accompagnement pour déployer massivement la certification dans les exploitations.
« Le gouvernement a présenté un Plan de relance massif. L’AGPB sera attentif à ce que celui-ci intègre pleinement la filière céréalière pour lui redonner la vision et l’ambition dont elle a besoin ».
LES PROPOSITIONS DE L’AGPB POUR L’AVENIR DE LA FILIÈRE CÉRÉALIÈRE
SUR LE COURT TERME, DÉPLOYER UN PLAN D'URGENCE EXCEPTIONNEL ET IMMEDIAT POUR SOUTENIR LES CEREALIERS
Compte-tenu du bilan de la moisson 2020, l’urgence est de disposer d’un plan de mesures exceptionnelles pour éviter des réactions en chaîne. En plus des exploitations, la filière est elle aussi fragilisée, et singulièrement les organismes stockeurs, qui vont eux être durement affectés par de telles baisses d’activité.
Les mesures suivantes, relevant de dispositifs au niveau national et européen, ont été présentées au ministre.
Mesures en cours de déploiement
- La mise en place des cellules de crise dans l’ensemble des départements impactés avec notamment le déblocage du fonds d’allègement des charges. La succession de mauvaises années a complétement érodé les trésoreries disponibles dans les exploitations, même avec les financements bancaires.
- Une avance des aides de la PAC : face aux difficultés importantes de trésoreries à venir, demande du versement d’une Avance de Trésorerie Remboursable (ATR) sur les aides végétales à hauteur de 80% du montant des aides de 2019 au plus tard le 15 octobre 2020.
Mesures en attente
- Une mesure fiscale à travers le dégrèvement automatique de la Taxe sur le Foncier Non Bâti (TFNB) dans les zones sinistrées.
- Une mesure d’allègement de charges sociales avec la prise en charge financière des cotisations MSA.
- Mobiliser les banques voire, comme cela a été fait pendant la crise sanitaire, envisager au niveau de l’Etat la mise à disposition de garanties des prêts par la BPI pour accompagner les situations difficiles (PGE).
SUR LE LONG TERME, DÉPLOYER UN PROJET STRATEGIQUE DE FILIERE POUR BÂTIR L’AVENIR
Le projet stratégique de l’AGPB s’inscrit dans une vision de filière de long terme, qui repose sur l’impératif de défendre un modèle d’agriculture compétitif et respectueux de l’environnement. Il s’articule autour de trois axes majeurs :
- UNE PAC QUI ACCOMPAGNE LA RESILIENCE DES EXPLOITATIONS
- Un niveau d’aides directes (DPB) fort dont la redistribution se fasse au profit des céréaliers. Pour ce faire, il faut revenir à 5% en matière de prime redistributive pour ne plus impacter la compétitivité des exploitations. La situation des zones intermédiaires est particulièrement dramatique car les aides y sont encore plus basses avec des potentiels de production moindre.
- Mise en place immédiate de l’omnibus en France. L’AGPB a salué l’avancée permise par l’omnibus au niveau européen pour permettre de baisser la franchise d’assurance récolte de 30% à 20%. Il est maintenant important d’appliquer cette mesure en France.
- Mise en application des recommandations du rapport du CGAER sur les zones intermédiaires. Plusieurs solutions ont été formulées : des aides PAC (DPB, MAE), meilleur accompagnement sur les systèmes assurantiels, diversifications des revenus (ENR, PSE..., politique de gestion de l’eau, investissements mieux accompagnés), l’AGPB regrette que depuis la publication de ce rapport et sa présentation dans les territoires, il ne se passe rien !
- Privilégier les aides aux investissements PCAE pour accompagner la transition agroécologique.
- UNE PAC QUI ACCOMPAGNE LA TRANSITION AGROECOLOGIQUE ET RECONNAISSE LA DURABILITE DES EXPLOITATIONS
- Garantir une trajectoire soutenable économiquement et techniquement pour les céréaliers engagés dans un processus de certification environnementale ambitieux. L’AGPB demande une reconnaissance du processus de certification environnementale HVE de niveau 2 dans les exigences environnementales du futur Ecoscheme proposé par la Commission européenne, pour que les céréaliers bénéficient de l’allégement des contrôles et d’une équivalence pour l’octroi d’aides. Au niveau national, cet engagement dans la certification doit aussi être accompagné à travers les conditions d’approvisionnement de la restauration collective ou encore les exemptions pour les conseils stratégiques.
- L’agriculture fait partie intégrante du plan France Relance. Les céréaliers attendent la déclinaison opérationnelle et concrète des mesures proposées. Nous serons très attentifs à ce que les grandes cultures puissent avoir pleinement accès aux aides proposées pour l’investissement, l’innovation et l’accompagnement dans la transition agroécologique.
- Sur la méthanisation, l’AGPB souhaite que le gouvernement revienne sur les décisions sur l’évolution des tarifs et sur l’exclusion des CIVE de la prime biomasse, au regard des nécessaires compléments de revenus en système céréalier.
- Sur le photovoltaïque, le sujet de la possibilité de développer des installations au sol en synergie avec des activités agricoles doit se poser dans les zones intermédiaires pour limiter le risque d’abandon de terres agricoles, en permettant de développer une source de rémunération complémentaire.
- AU NIVEAU NATIONAL, UNE POLITIQUE DE GESTION DES MOYENS DE PRODUCTION COHERENTE QUI FAIT LE PARI DE L’INNOVATION, POUR SOUTENIR LA CROISSANCE DE LA PRODUCTION FRANÇAISE
- Sur les produits phytosanitaires assurer qu’il n’y ait pas d’interdiction sans solution. Donner de la lisibilité aux producteurs en prenant en compte de la réalité des besoins de protection des cultures et les contraintes techniques et économiques. L’AGPB souhaite travailler avec les pouvoirs publics pour identifier les impasses à venir et mobiliser l’ensemble des moyens pour trouver des solutions économiquement viables, des indicateurs et des objectifs qui permettent de traduire réellement les efforts réalisés par les agriculteurs.
- Concernant les Zones de Non Traitement, des engagements forts de l’Etat. L’AGPB souhaite avoir la garantie d’avoir des SIE bord de champs à 3 mètres comme le permet la réglementation communautaire, la mise en place des mesures de réciprocités sur les RSD.
- Donner de la lisibilité claire sur le dossier séparation vente et conseil qui reste toujours préoccupant. Le conseil stratégique doit rester simple et sous la responsabilité de l’exploitant agricole pour en maitriser le coût et la faisabilité. Le système CEPP doit évoluer, ne plus être contraignant et se rapprocher des travaux conduits au sein du contrat de solution.
- Miser sur l’amélioration variétale pour limiter l’utilisation d’eau, de produits phytosanitaires et de fertilisant. En ce sens, l’AGPB souhaite voir évoluer la réglementation permettant d’avoir accès aux New Breeding Technics (NBT)
- Avoir une politique de la gestion de l’eau pragmatique. Il faut avoir une position pragmatique sur la mobilisation d‘eau l’hiver et son stockage. Pour l’AGPB, il faut relancer les investissements de stockage d’eau dans le cadre de projets territoriaux permettant d’évaluer au mieux les besoins. De même, l’entretien des réseaux de drainage reste une condition indispensable à la préservation de la structure des sols.
1. 240 000 exploitations, 444 000 emplois, 3e poste excédentaire de notre balance commerciale

Le Copa et la Cogeca confirment


.gif)