Il est urgent de clarifier et simplifier ses conditions d'application pour la compétitivité des filières françaises
À quelques mois de l’entrée en vigueur du Règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE) prévue pour le 30 décembre 2024, La Coopération Agricole alerte sur les impacts potentiels du retard des conditions d’exécution de cette réglementation sur l’élevage et sa chaine d'approvisionnement en France.
Pour La Coopération Agricole, avancer sur les deux jambes de la compétitivité des fermes d’élevage et de la réduction de leur impact environnemental est une priorité. A ce titre, le bon approvisionnement des filières animales en protéines végétales, et plus particulièrement en soja, est nécessaire et utile pour bien nourrir les animaux d’élevage et assurer la compétitivité économique des filières animales françaises.
La France consomme annuellement 3,3 millions de tonnes de soja dont 300 000 tonnes produites sur notre territoire. Soucieuse des impacts environnementaux liés à son activité, la nutrition animale française s'est déjà engagée à atteindre le « zéro déforestation / zéro conversion » avant le 1er janvier 2025, signé en 2022 avec le SNIA. Cela s’est traduit concrètement par la publication en 2022 d’un Manifeste « Zéro Déforestation / Zéro conversion d’ici 2025 » et l’engagement de 59 entreprises et coopératives qui représentent 85% de la production française d’aliments pour les animaux d’élevage.
Préférant anticiper la réglementation à venir, la filière s’est organisée et attend aujourd’hui de l’administration un cap clair pour appréhender le nouvel environnement réglementaire et économique dans lequel elle devra évoluer en janvier prochain.
Face au retard pris, La Coopération Agricole exprime ses préoccupations concernant les incertitudes liées à la mise en œuvre du RDUE :
- Concernant le soja français, en réponse à la stratégie nationale Protéines Végétales, nos coopératives se sont largement investies dans le développement de filières de soja locales. La complexité actuelle du règlement, la surcharge administrative qu’il engendre pour les producteurs et leurs collecteurs risque de mettre à mal une filière en devenir.
- Concernant l’approvisionnement en soja des élevages, il est aujourd’hui quasi impossible d’acheter du soja pour 2025, quelle que soit la qualité requise (standard, non OGM, bio). Cette situation inédite, provoquée par l'absence de clarté sur les modalités d'application et de contrôle du règlement, vient perturber gravement l’activité des usines de production d'aliments composés pour animaux. Si ces incertitudes ne sont pas rapidement levées, c’est l’ensemble des filières animales françaises et leurs éleveurs qui seront fragilisés, avec des risques de rupture d’approvisionnement et d’augmentation des coûts d’alimentation.
- Enfin, au-delà du soja, le règlement inclut également dans son périmètre la production bovine qui se retrouve aujourd’hui dans l’incertitude pour commercialiser les bovins nés et élevés en France à partir de janvier 2025, puisqu’elle devra justifier de systèmes d’élevage non déforestants alors même que le secteur est doté de systèmes de traçabilité reconnus.
La Coopération Agricole demande aux autorités françaises et européennes de clarifier les conditions d'application du RDUE au plus vite et d’assurer une mise en œuvre pragmatique, tenant compte des réalités inhérentes aux besoins des animaux, au métier d’éleveur et à l’économie agricole. Cette mise en œuvre doit permettre d’assurer la continuité des activités économiques sans perturber les marchés et le commerce par une application hasardeuse et précipitée de la règlementation.
La Coopération Agricole reste déterminée à contribuer à une alimentation animale durable et zéro déforestation, tout en assurant la continuité et la compétitivité des filières d’élevage en France et en Europe.

Céréales en France et en Europe : quelle ambition ? C’est la question explorée par l’AGPB lors du Congrès des céréaliers 2024 des 29 et 30 mai au Parlement Européen de Strasbourg . Retour sur deux jours d’échanges, de réflexions et de défis pour les céréaliers de France et d’Europe.
Alors que la campagne pour les élections européennes entre dans sa dernière ligne droite, nos attentes exprimées cet hiver lors de mobilisations agricoles historiques, en France comme en Europe, restent toujours d’actualité. Aujourd’hui, plus que jamais, les céréaliers de France appellent à davantage de cohérence et de visibilité dans les politiques agricoles ainsi que l’a rappelé Eric Thirouin, président de l’AGPB, tout au long d’un Congrès des Céréaliers à dimension profondément européenne. Moyens de production, compétitivité, géopolitique, enjeux alimentaires et climatiques ont ainsi été au cœur des échanges auxquels ont participé acteurs de la filière, experts de renom et décideurs politiques.
Élections européennes : quels enjeux pour les céréaliers ?
Une séquence introduite par Jean-Daniel Lévy, directeur délégué d'Harris Interactive, qui a partagé son analyse des enjeux et forces politiques en présence complété par un focus sur l’influence des thématiques de l’environnement, du développement durable et de l’agriculture sur le vote des électeurs.
C’est avec le Grand Oral animé par Philippe Dubief, vice-président de l’AGPB, que nous avons interrogé quatre candidats sur les listes aux élections européennes. Frédéric Nihous (Les Républicains), Virginie Joron (Rassemblement National), Irène Tolleret (Renaissance) et Olivier Cleland (Reconquête) ont ainsi répondu à l'invitation de l'AGPB. Green deal, compétitivité, conséquences de la guerre entre la Russie et l’Ukraine , enjeu carbone et Mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF) ou encore PAC 2027 : les représentants des candidats ont livrés leurs positions puis reçu les propositions de l’AGPB : Les céréales une chance pour l’Europe.
Cultiver des céréales c’est aussi Produire : en présences d’experts internationaux, chefs d’entreprises, acteurs économiques et syndicaux de la filière céréalière (français et européens), nous avons approfondi cette notion essentielle sous plusieurs angles par trois tables rondes :
Produire ensemble : céréaliers européens : une dimension collective pour des enjeux communs.
Introduction de Christiane Lambert présidente du COPA suivi d’une table ronde : avec Karl Bauer, agriculteur autrichien, président groupe de travail PAC au Copa-Cogeca ; Paolo Di Stefano, Responsable des relations institutionnelles avec l’UE, à Confederazione Nazionale Coldiretti ; Liam McHale, directeur des affaires européennes de l’Irish Farmers’ Association et Cédric Benoist, agriculteur, président du groupe de travail Céréales au Copa-Cogeca etsecrétaire général adjoint AGPB
Produire plus : quelles perspectives d’évolution des politiques européennes au regard du contexte géopolitique et des nouvelles règles du commerce international des céréales ?
Introduction par Céline Jurgensen, ambassadrice, représentante permanente de la France à la FAO suivi d’une table ronde avec : Sébastien Abis, directeur du club DEMETER et chercheur à l’IRIS ; Cédric Pene, conseiller au sein de la Division de l'agriculture et des produits de base à l’OMC et Philippe Heusele, secrétaire Général de l’AGPB
Produire Mieux : quelles pistes de rééquilibrage entre les piliers compétitivité et durabilité du Green Deal après les élections européennes ?
Une table ronde avec : Luc Vernet, directeur de Farm Europe; Jean-Marc Schwartz, président d’Arvalis; Herman Van Mellaert, président IBMA Global et Benoit Pietrement, vice-Président de l’AGPB.
L’AGPB est également revenu sur les mobilisations collectives de cet hiver pour ne plus « marcher sur la tête » à l’occasion d’un « Regard syndical » entre Eric Thirouin et Arnaud Rousseau, président de la FNSEA : les défis franco-européens de l'agriculture et plus particulièrement ceux qui concernent les filières de grandes cultures: loi d'orientation agricole, RPD, moyens de production, inflation et budget de la PAC...
Autre temps fort du congrès : le témoignage passionnant et éclairant de Joseph Daul, ancien président du Parti Populaire Européen (PPE). Une séquence rétrospective et prospective conclue par un appel fort à la prise de conscience : « Si nous n’avons plus d’Europe, l'agriculture française, mais aussi la paix en Europe, ont beaucoup à perdre ».
2024-2025 sera l’année du centenaire de l’AGPB, l’occasion pour Eric Thirouin de lancer en clôture du congrès les Défis Céréaliers : une initiative inédite pour célébrer et valoriser les défis historiques, actuels ou futurs relevés collectivement par les acteurs de la filière céréalière
Crédits images : AGPB