
Marché des céréales
Semaine en deux temps sur les marchés céréaliers
La semaine a été marquée par une alternance de phases d’optimisme et de consolidation sur les marchés céréaliers, dans un climat dominé par les attentes autour de l'accord commercial sino-américain. Après un début de semaine haussier, tiré par l’espoir d’un cadre favorable au commerce agricole entre Washington et Pékin, les opérateurs sont revenus progressivement aux fondamentaux, faute d’annonces concrètes sur le blé et le maïs lors de la rencontre Trump-Xi.
En Europe, le blé et le maïs ont d’abord progressé dans le sillage du CBOT, profitant notamment d’un regain de demande sur le Rhin pour le maïs 2026 et d'une nouvelle révision en baisse du rendement en maïs de l’Union européenne par la Commission européenne (6,82 t/ha contre 6,88 t/ha pour l’estimation de septembre). Les cotations Euronext ont atteint des niveaux proches ou supérieurs à ceux de mi-septembre, avant de s’effriter légèrement à partir du milieu de semaine sous l’effet de ventes techniques et d’un retour aux fondamentaux mondiaux, toujours orientés vers l’abondance. La séance du jeudi a confirmé cette phase d'attentisme : si le soja a flambé après des signaux encourageants sur les volumes que la Chine pourrait importer, le blé et le maïs ont, eux, manqué de catalyseurs, se repliant dans un marché prudent.
Aux États-Unis, les mouvements ont été plus marqués par la dynamique spéculative et l’environnement macroéconomique. Les opérateurs ont intégré la perspective d’un accord avec Pékin censé soutenir les exportations agricoles, mais le manque d’engagements précis pour les céréales et le maintien du « shutdown » ont pesé en fin de semaine, privant le marché de données USDA essentielles. Les positions des fonds ont traduit ce climat ambivalent : réduction de la position nette courte en blé mais légère augmentation sur le maïs. Par ailleurs, la Réserve fédérale a abaissé ses taux directeurs, un soutien indirect aux actifs risqués mais dont l’effet a été tempéré par des fondamentaux agricoles consistants.
Au plan des fondamentaux, les éléments confirment une offre mondiale toujours confortable. En Russie, la récolte de grains est maintenue à 135 Mt (avec 93,5% de la surface déjà récoltée d’après le ministère de l’agriculture) et les semis d'hiver progressent correctement. L’Australie devrait atteindre près de 35,7 Mt de blé, tandis que l’Argentine, dont la récolte est avancée à hauteur de 5%, attend une production estimée à 22 Mt. Aux États-Unis, la récolte de maïs dépasse les 70 % des surfaces, et les conditions d’ensemencement du blé d’hiver restent favorables. Toutefois, quelques points d’attention subsistent : retards de récolte en Ukraine, difficultés de séchage, et risque de sécheresse localisée au Brésil.
Sur le front commercial, plusieurs appels d’offres ont animé la semaine : achat de 600 000 t de blé par l’Algérie, 250 000 t d’orge par la Turquie, et volumes significatifs de maïs achetés par la Corée du Sud. Les cotations mer Noire poursuivent leur progression, tandis que l’Argentine conserve un net avantage compétitif à l’export, continuant de peser sur les perspectives européennes.
En France, le marché physique reste globalement bien orienté, avec un léger soutien en blé tendre, orge et maïs en début de semaine. Les travaux de champs avancent, malgré des pluies susceptibles de ralentir ponctuellement les semis d’hiver qui sont estimés réalisés à 68% au 27 octobre (contre 38% en 2025 et 61% en moyenne quinquennale). Ains que la fin de récolte du maïs qui en est à 82% de réalisation au 27 octobre, largement en avance par rapport à l’année dernière (36%) et à la moyenne quinquennale (74%).

