Marché des céréales
Hausse des importations européennes de céréales
La météo continue d’inquiéter les marchés tandis que les origines mer Noire et Russie restent fortement compétitives, rattrapées par les blés en provenance des Etats-Unis.
La météo est le principal élément impactant les cours ces derniers jours. La préoccupation première concerne l’Europe de l’Ouest dont les moissons sont retardées par les pluies, notamment en France et en Allemagne. A cela s’ajoute des inquiétudes concernant les volumes et la qualité des grains récoltés.
En France, c’est la déception qui caractérise le mieux la récolte de blé tendre. Les travaux de moisson ont fortement progressé à 41% de réalisation au 22 juillet en raison d’une météo plus clémente (contre 14% la semaine dernière). Cela n’efface pas l’important retard par rapport à l’an dernier où les travaux étaient avancés à hauteur de 76% à pareil époque (67% sur la moyenne quinquennale). En parallèle, les conditions de culture continuent de se dégrader en perdant 2 points sur la semaine (50% des cultures jugées comme « bonnes à très bonnes » contre 78% en 2023).
Les premiers échos de qualité sont plutôt bons en protéines tandis que les poids spécifiques ont davantage pâtis du manque de rayonnement, rendant de nombreux lots en dessous des normes. Tout le savoir-faire d’allotement des organismes stockeurs pourra être démontré pendant cette campagne.
Le plus inquiétant en France reste la baisse de volume qui devrait être significative. La communication d’Arvalis et d’Intercéréales à ce sujet début aout devrait donner un peu plus de visibilité alors que les moissons ont démarré dans les bassins du nord de la France.
En Allemagne, l’association des coopératives allemandes continue de réduire ses prévisions de récoltes en annonçant une baisse de 140 000 t à 20,2 millions de tonnes (Mt), contre 21,5 Mt l’an dernier.
A l’inverse, l’Europe de l’Est et la mer Noire font toujours face à un temps chaud et trop sec pour les cultures, ce qui inquiète dans une moindre mesure pour les cultures d’hiver mais qui pourrait être plus impactant pour les cultures de printemps comme le maïs.
La Commission européenne, au travers de son observatoire des cultures MARS, semble prendre la mesure de l’impact sur le maïs en revoyant nettement à la baisse sa prévision de rendement européen à 72,4 q/ha (contre 75,5 q/ha le mois dernier), il n’en est pas de même pour le blé dont la prévision de rendement est revue à la hausse à 58,7 q/ha (contre 58,6 q/ha le mois dernier). L’estimation de production pour la France semble surévaluée avec 67,5 q/ha.
Si l’observatoire ne semble pas prendre la mesure de l’impact météorologique sur les productions, ce n’est pas le cas du marché. Au 21 juillet les importations des trois principales céréales sont en hausse par rapport à l’an dernier à la même date, de 10% pour le blé tendre (à 368 142 t), de 40% pour l’orge (à 108 098 t) et de 39% pour le maïs (à 1 416 452 t). L’Ukraine reste la principale origine avec respectivement 241 853 t, 50 380 et 902 832 t importées du 1er au 22 juillet. Il faut cependant noter la présence de l’origine états-unienne autant en blé (8 083 t au 22 juillet mais d’autres importations auraient eu lieu ces derniers jours) qu’en maïs (269 424 t au 22 juillet).
Aux Etats-Unis les moissons du blé d’hiver se poursuivent sur un bon rythme avec 76% de réalisation (contre 72% en moyenne quinquennale). Le blé de printemps profite de bonnes conditions de culture avec 77% des surfaces jugées comme « bonnes à excellentes ». Dans le Dakota du Nord, d’après le Wheat Quality Council qui a entamé son tour de plaine, les rendements devraient être au plus haut depuis 30 ans avec 52,3 boisseaux par acre (bu/a) contre 48,3 bu/a l’an dernier.
La persistance d’un temps chaud et sec sur la zone de production états-unienne et canadienne est cependant sous la surveillance des marchés. Car si les rendements s’annoncent records, la persistance et/ou l’extension de cette zone de sécheresse pourrait avoir un impact significatif sur la production de blé mais également de maïs.