Marché des céréales
Une nouvelle semaine de montagne russe pour le marché des céréales
Une extrême volatilité a de nouveau été observé cette semaine sur les cours de céréales. Des records historiques ont été atteints en début de semaine sur Euronext à 438,25 €/t sur l’échéance septembre pour le blé et 373,50 €/t pour le maïs. La fin de semaine a été marquée par une forte correction et un retour à des valeurs plus proches de celles de la semaine passée.
Cette forte hausse s’explique par plusieurs facteurs venus impacter ces marchés sous tension depuis plusieurs mois.
L’Inde fait face à des conditions climatiques défavorables sur la fin de cycle qui révisent à la baisse les estimations de récolte 2022. Le Conseil International des Céréales (CIC), dans son rapport du 19 mai, estimait une baisse de production de 6,3 Millions de tonnes (Mt), passant de 111,3 Mt estimés le mois dernier à 105 Mt. L’Inde a donc décidé le week-end dernier une interdiction des exportations du blé avec effet immédiat, dans le but de préserver son marché intérieur et de limiter l’inflation. Cette décision a d’autant plus surpris le marché que de nombreux pays importateurs comptaient sur cette origine pour couvrir une partie de l’absence de l’Ukraine. D’autant plus que l’Inde avait vendu d’importants volumes de blé en avril et début mai. Le CIC estime par ailleurs un niveau d’expéditions record pour l’Inde de 9,3 Mt compte tenu des expéditions records d’avril. A voir si ces prévisions tiennent compte des récentes annonces de ban.
A cela viennent s’ajouter les conditions climatiques sèches dans les autres grandes régions productrices.
Le déficit hydrique est source de préoccupation en France et plus largement en Europe de l’Ouest. Les quelques précipitations orageuses des derniers jours n’auront pas permis de combler le manque accumulé des dernières semaines.
En France, en date du 16 mai, FranceAgriMer revoie à la baisse son estimation des conditions de culture de blé tendre passant de 82% jugés comme très bons à bons à 73%, soit un repli de 17 points en 2 semaines. En orge d’hiver nous passons de 79% à 71% et en orge de printemps de 76% à 69%. Ces baisses d’état des cultures sont des conséquences directes du stress hydrique et les dommages causés sont jugés comme irréversibles notamment pour le blé.
Les semis de maïs sont estimés terminés à 98%, en avance de 1 point par rapport à 2021, avec des pertes de qualité là aussi de 2 points par rapport à la semaine dernière avec 93% des cultures jugés bonnes à très bonnes (idem à l’an dernier).
Aux Etats-Unis, bien que les conditions climatiques s’améliorent sur cette fin de semaine, elles ne permettent pas de rassurer sur les potentiels de production. Un déficit hydrique est toujours en place sur les plaines. D’après le rapport du CIC, au 15 mai, les conditions de culture « bonnes à excellentes » du blé d’hiver sont de 27% (-2% par rapport à la semaine passée) contre 51% sur la moyenne des cinq dernières années. Le Kansas par exemple affiche une estimation de rendement d’environ 39,5 boisseaux/acre contre 59,2 l’an dernier.
Les semis de printemps ont progressé lentement et sont achevés à 39% (-28% par rapport à la normale).
Dans le Corn Belt, une baisse des précipitations a permis une avancée significative des semis de maïs, terminé à 49%. Même si le retard est encore présent, cette avancée significative laisse espérer que les surfaces attendues seront présentes. A noter que les conditions chaudes et humides sont particulièrement favorables aux semis déjà réalisés.
De manière générale, pour la production mondiale de blé, le CIC a revu ses estimations à la baisse de 11 Mt, à 769 Mt, en raison d’abaissement de la production en Inde et aux Etats-Unis notamment. Cette baisse de la production est légèrement compensée par la hausse des productions en Russie (estimé à 84,7 Mt, soit +13%, en raison de conditions climatiques favorables) et en Australie (semis en cours sur des niveaux d’humidité du sol supérieurs ou égaux à la moyenne sur des prévisions de rendements élevés de nouveau).
Le CIC diminue également ses estimations de production mondiale de maïs de 13 Mt, à 1 184 Mt, conséquence de la baisse anticipée de production en Ukraine et aux Etats-Unis en raison du retard des semis.