Marché des céréales
Marché du blé : où est la Russie ?
De nombreuses incertitudes continuent de perturber le marché du blé et expliquent les mouvements erratiques des cours cette semaine.
Plusieurs éléments haussiers ont d’abord soutenu les cours sur le marché de Chicago en début de semaine avant d’être remis en cause pour certains, les faisant fléchir la session suivante. Les conditions climatiques aux Etats Unis d’abord ont soutenu les prix. Les températures en dessous des moyennes saisonnières ont fait craindre pour les cultures dans plusieurs Etats, en particulier la région des Grandes Plaines, avant de récupérer quelques degrés en milieu de semaine, ce qui a permis, provisoirement du moins, de rassurer les opérateurs sur le potentiel de la récolte. L’annonce par l’Algérie ensuite d’un nouvel appel d’offre pour le mois de mars a également supporté les marchés. Cependant ce dernier, emporté par la France pour 32kt, est l’un des plus faibles jamais enregistrés en volume. Enfin, les bons chiffres exports européens qui s’élèvent cette semaine à 430kt expliquent également la fermeté des cours.
Ce qui est certain lorsque l’on regarde le bilan européen, c’est que pour atteindre les stocks finaux de la Commission européenne, il va falloir rationnaliser l’utilisation de blé. Nous sommes en effet dans une situation similaire au bilan oléagineux américain : la demande, à l’export et domestique reste soutenues, mais au niveau de prix actuel et en l’absence de la Russie sur le marché export, la cadence n’est plus tenable. Les chiffres exports européens qui totalisent 16,25Mt pour la campagne ne représentent qu’une baisse de 13% par rapport à l’année dernière, une diminution bien insuffisante pour atteindre les chiffres export de la Commission qui nécessitent une baisse de la cadence de 45% sur les derniers mois de la campagne. Certes, les primes domestiques européennes sont fermes depuis plusieurs semaines, mais en l’absence de la Russie sur le marché export, le blé européen reste attractif (en particulier avec un importateur aussi agressif que la Chine ces derniers mois). Or pour l’heure il semble que le producteur russe ne soit pas enclin à vendre sa production. En effet au niveau actuel de la taxe, le prix de la nouvelle campagne est équivalent à l’ancienne et tant que le potentiel de cette nouvelle campagne est incertain, le producteur est plutôt encouragé à ne rien faire. Ceci étant dit, le manque de liquidité constaté ces dernières semaines sur le marché physique européen, encore aggravé cette semaine par l’envol du marché du fret, témoigne de la diminution de la disponibilité du blé européen, et du fait que cette rationalisation a démarré.
Du côté du maïs, le bilan français reste tendu, ce qui continue de soutenir les cours. C’est également le cas au niveau mondial, où l’attention des opérateurs se tourne maintenant vers les récoltes sud-américaines, en particulier les semis brésiliens qui ont déjà accumulé du retard, ce qui pourra avoir un impact sur les rendements.
Du côté des orges, la disponibilité française est également limitée et FranceAgriMer estime les stocks finaux à 1Mt, soit les plus bas de l’histoire. La demande chinoise extraordinaire de cette campagne, et qui a représenté 95% des exports pays tiers de la France, explique la tension du bilan, l’agence nationale a ainsi augmenté ses chiffres exports à 3,1Mt. La prime brassicole quant à elle demeure déprimée en raison de la crise sanitaire, tandis que le Ministère de l’Agriculture estime les surfaces d’orge d’hiver à 1,2 Mha, contre 1,3 Mha en moyenne ces cinq dernières années.