S'abonner à l'hebdo

Hebdo N°30 - Vendredi 07 août 2020

Anciens numéros

S'abonner à l'hebdo

Pour vous abonner à l'hebdo des coops métiers du grain, dont la diffusion est réservée aux adhérents de Coop de France et à son réseau, merci de remplir et de valider le formulaire ci-dessous.

obligatoire




Valider

Déclaration CNIL
Coop de France met en place un traitement de données à caractère personnel dans le cadre de ses missions d'assistance et d'information aux coopératives adhérentes. Ces données sont collectées lors de votre adhésion, des missions de conseil que nous réalisons ou lorsque vous remplissez ce formulaire et sont destinées aux employés de Coop de France exclusivement. Elles sont par ailleurs contrôlées annuellement. Conformément à l'article 32 de la loi du 6 janvier 1978, vous disposez d'un droit d'accès, de rectification et de suppression des données vous concernant. Ce droit peut être exercé auprès de Nicolas Gremont, au service informatique à l'adresse suivante : nicolas.gremont@coopdefrance.coop.

Partager la page

Actualités de la filière

Rubriques

Filière betterave-sucre

Une décision de bon sens



La Coopération Agricole et la Fédération des coopératives betteravières tiennent à saluer la décision de bon sens du ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie, de mettre en place un plan de soutien pour la filière sucre française, en danger face aux impasses techniques et aux distorsions de concurrence avec les autres pays européens.

A l’heure où la question de notre souveraineté alimentaire est plus que jamais d’actualité, c’était une décision nécessaire pour préserver la filière sucre française qui comprend près de 450 000 hectares, 21 usines et 46 000 emplois et dans laquelle la coopération agricole détient une position majeure (80%).

La Coopération Agricole et la FCB saluent le plan de soutien annoncé par le ministre :

  • accompagnement financier des producteurs les plus impactés,
  • effort de recherche pour accélérer l’identification de solutions alternatives applicables et véritablement efficaces pour lutter contre certains ravageurs comme le puceron,
  • modification législative cet automne pour permettre d’actionner une dérogation pour les semences enrobées, dans des conditions strictes d'usage, comme l’ont fait d’autres pays européens confrontés aux mêmes difficultés.

Dans la mise en œuvre des transitions agroécologiques, il est primordial de ne pas laisser les agriculteurs dans des situations d’impasses techniques ou de distorsions face aux autres pays européens, au risque de menacer la pérennité des filières et notre souveraineté alimentaire.

« Les transitions, s’inscrivent dans un temps long. Elles nécessitent des moyens importants en recherche et innovation et un accompagnement de la production. Cet exemple est un cas concret du bon sens et du pragmatisme qu’il ne faut pas perdre de vue dans la mise en œuvre des transitions.
La mise en place d’un fond de transition agroécologique pour accompagner les agriculteurs et les filières agricoles et agroalimentaires dans leurs mises en œuvre sera nécessaire, car il est impensable de vouloir changer de modèle agricole en interdisant tel ou tel produit, sans s’assurer au préalable qu’une alternative efficace existe
», rappelle Dominique Chargé, Président de la Coopération Agricole

« Premier producteur européen de sucre, d’éthanol et d’alcool issus de betterave, nous étions exposés à un risque majeur pour la pérennité de notre filière française. Il était indispensable de trouver une solution qui redonne de la visibilité aux entreprises et aux producteurs pour qu’ils maintiennent leur activité », rappelle Olivier de Bohan Président de la Fédération des coopératives betteravières.

Récolte 2020

des céréales à paille, colza et pois



La qualité au rendez-vous, mais des volumes en baisse et des rendements très hétérogènes

C’est à l'issue d’une campagne culturale hors-norme, marquée par des épisodes contrastés de pluie et de sécheresse, que les moissons 2020 s’achèvent. Les rendements sont très hétérogènes et la production 2020 en recul par rapport à l’an dernier, mais la qualité est au rendez-vous.

Des conditions d’implantation des cultures difficiles

Selon les secteurs géographiques, les écarts de rendement peuvent aller du simple au triple, quelle que soit l’espèce cultivée. La production 2020 est en net repli.

En céréales, les précipitations automnales particulièrement abondantes et fréquentes, ont rendu les conditions de semis difficiles voire impossibles. Avec un étalement inédit des dates de semis, le développement des cultures a été très variable sur le terrain. Sous l’effet de ces mauvaises conditions de semis et d’implantation, les surfaces cultivées ont fortement diminué en blé tendre (- 13 % par rapport à 2019) et en orges d’hiver (- 7 % par rapport à 2019) selon les données du service de la Statistique et de la Prospective du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation (SSP), au 1er août 2020. La sécheresse record qui a ensuite sévi au printemps, a généré des stress hydriques et dégradé les conditions de valorisation de l’azote. Les conséquences sur les rendements ont été variables en fonction notamment, de la précocité des peuplements et de la profondeur des sols. Le manque d’eau au printemps a néanmoins limité la pression maladie, à l’exception d’attaques de jaunisse nanisante en particulier sur les orges de printemps. Dans la plupart des cas, les récoltes se sont déroulées dans de bonnes conditions.

En colza, anticiper les préparations était nécessaire pour réussir les semis et l’implantation des cultures dans un contexte de pluviométrie estivale réduite en août suivie de précipitations automnales soutenues. Si la surface cultivée en France atteint 1,1 Mha comme l’an dernier, l’évolution est plus contrastée au niveau régional. Le régime hydrique de l’automne et de l’hiver a, dans de nombreuses situations, altéré la qualité des enracinements rendant la culture moins apte à surmonter les attaques continues des ravageurs et plus sensible aux stress climatiques. La sécheresse marquée pendant la floraison n’a dans l’ensemble pas permis d’installer un nombre de siliques suffisant. Les maladies de fin de cycle ont pu localement perturber le remplissage des graines.

Malgré des conditions d’implantation également difficiles en protéagineux, les surfaces sont en progression de 14 % par rapport à la moyenne quinquennale et s’établiraient autour de 300 000 hectares : les protéagineux ont en effet partiellement bénéficié du report des surfaces non semées en céréales.

Blé tendre : des taux de protéines satisfaisants et des poids spécifique sélevés

La récolte de blé tendre touche à sa fin. La moyenne nationale des rendements s’établirait à 68,3 q/ha selon le SSP, en recul de 4 % par rapport à la moyenne quinquennale. On note cependant que l’hétérogénéité des rendements constatée chaque année est encore plus forte cette campagne, avec des rendements qui peuvent aller du simple au triple, voire plus. Les moyennes régionales sont globalement inférieures à l’historique mais quelques régions s’en sortent mieux : c’est le cas de la Normandie, des Hauts-de-France, du Grand Est et de la Bourgogne-Franche-Comté où les rendements sont proches voire supérieurs à la moyenne quinquennale. Les surfaces sont, quant à elles, en recul de 13 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Selon les dernières estimations du SSP, la production atteindrait 29,7 Mt, en baisse de 17 % par rapport à la moyenne 2015-2019.

Sur le plan qualitatif, les teneurs en protéines devraient répondre aux besoins des utilisateurs des blés tendres français. Les moyennes régionales sont généralement supérieures à 11,5 %, voire 12 % sauf dans les Pays-de-la-Loire, en Normandie, en Bretagne et dans les anciennes régions Picardie et Champagne-Ardenne.

Dans la majorité des cas, l’absence de pluie jusqu’à la récolte a préservé le potentiel de poids spécifique élevé mis en place au moment du remplissage grâce au temps ensoleillé. La moyenne nationale devrait s’établir autour de 79-80 kg/hl.

Orges d’hiver : de très bons calibrages

Comme pour le blé tendre, les rendements moyens cachent une très grande disparité. En tendance, les valeurs observées sont en baisse par rapport à la moyenne 2015-2019, notamment sous la ligne Lorient-Strasbourg où l’on observe des récoltes très décevantes, particulièrement pour les semis les plus précoces. S’ajoute à cela une baisse des surfaces cultivées de l’ordre de 12 % par rapport à la moyenne quinquennale. La production est ainsi estimée à 7 Mt, en baisse de 22 % par rapport à la moyenne quinquennale.

Les teneurs en protéines majoritairement situées entre 10,5 et 11,5 % devraient satisfaire les utilisateurs brassicoles dans la plupart des cas. Les poids spécifiques sont corrects à bons selon un gradient Ouest-Est.
Enfin, les calibrages sont très bons. Les régions brassicoles présentent des moyennes supérieures ou égales à 80 %, voire à 90 % (Champagne-Ardenne, Picardie et Poitou-Charentes).

Blé dur : qualité satisfaisante

Comme pour les autres céréales à paille, le blé dur affiche des rendements très hétérogènes quelles que soient les zones de production. Ils sont en net recul dans les bassins Sud-Ouest et Ouest-Océan, alors qu’ils sont proches de la moyenne dans le bassin Sud-Est et bons dans la région Centre. Malgré une légère hausse des surfaces en 2020 (+ 2 % par rapport à 2019), venant enrayer une tendance baissière, les surfaces restent nettement inférieures à la moyenne 2015-2019 (- 25 %). Ainsi, la production, annoncée à 1,3 Mt serait en recul de 28 % par rapport à la moyenne 2015-2019. Côté qualité, les teneurs en protéines sont correctes à bonnes, même très bonnes dans le bassin Ouest-Océan.

Sous l’effet combiné de la génétique et de conditions favorables lors du remplissage des grains, le poids spécifique est satisfaisant (bassin Ouest-Océan et Sud-Est), voire bon (bassin Centre et Sud-Ouest) en dépit de pluies survenues en fin de cycle dans certains secteurs à l’Ouest et dans le Sud-Ouest. Pour les mêmes raisons, la collecte nationale devrait être majoritairement satisfaisante pour le temps de chute de Hagberg même si localement des accidents ont pu être constatés.

Orges de printemps : récolte en cours

Malgré des rendements estimés en baisse par rapport à 2019, la production devrait atteindre 4,3 Mt (+37 % par rapport à la moyenne 2015-2019) sous l’effet d’une hausse des surfaces de 52 % par rapport à la moyenne quinquennale. On observe un important report de semis de blé tendre et d’orges d’hiver qui n’ont pas pu être réalisés : les surfaces d’orges de printemps sont en hausse de 19 % par rapport à 2019. Par ailleurs, les attaques de viroses (jaunisse nanisante de l’orge) ont été générales sur l’ensemble des bassins de production. En effet, les pucerons ont profité de conditions climatiques très favorables en automne et en hiver, et l’efficacité des traitements foliaires n’a été que partielle.

Colza : des teneurs en huile meilleures que l’an dernier

La récolte de colza est attendue à 3,3 Mt.
Les difficultés d’implantation des cultures et la gestion de plus en plus difficile des ravageurs pour lesquels les solutions de contrôle manquent sont à l’origine d’une baisse des surfaces en Bourgogne, Lorraine et Champagne-Ardenne. Accentuées par un épisode de gel tardif, elles expliquent aussi les faibles rendements observés en 2020 dans les bassins Centre et Centre-Est de la France (25 q/ha en Bourgogne et 28 q/ha en Champagne-Ardenne). À l’Ouest (Bretagne, Pays de la Loire et Normandie) et au Sud, l’alternance d’excès d’eau hivernaux et de sécheresses printanières a empêché un développement per- formant du système racinaire. L’alimentation et la croissance de la plante ont été perturbées et la production affectée. Si la récolte s’avère globalement décevante, le colza a réservé de bonnes surprises avec des rendements corrects, par exemple au nord de la région Centre-Val de Loire et en Hauts-de-France. Les teneurs en huile sont en moyenne meilleures que l’année dernière et devraient être proches de 44 % de rendement aux normes.

Protéagineux : la récolte s’achève

Malgré une hausse des surfaces, la baisse des rendements a limité la production nationale en 2020. Après une implantation des cultures difficile, les pois ont mal subi la longue période de sécheresse du printemps qui a freiné leur développement et limité la mise en place de nodosités. Les pois d’hiver implantés plus tôt ont pu bénéficier de conditions plus favorables.

L’année 2020 se caractérise surtout par une pression des ravageurs (sitones et pucerons) sans précédent, en particulier dans la moitié nord de la France, ce qui a réduit le potentiel des cultures. Du fait de leur jeune stade à l’arrivée des pucerons, les cultures de printemps ont été les plus impactées. Le retour des pluies n’a pas toujours permis une floraison et un remplissage corrects. Étant donné cette mauvaise conjoncture climatique et sanitaire, la récolte est décevante cette année sur l’ensemble du territoire à l’exception de certains secteurs (Hauts-de-France, Champagne). Globalement, les pois d’hiver ont mieux résisté.

Terres Inovia

lance Tour de Plaine



Un outil précieux pour optimiser
la culture du tournesol

Terres Inovia enrichit son offre digitale : après MyVar et la Réglette azote colza, l’institut technique des huiles et protéines végétales propose un nouvel outil, Tour de Plaine. Son objectif ? Accompagner les producteurs lors de la visite sanitaire des tournesols et les conseiller pour maximiser le potentiel de la culture.

Le tournesol : un potentiel à optimiser

Avec 607 000 hectares en 2019, le tournesol bénéficie de nombreux atouts : robustesse à la sécheresse, débouchés variés et assurés, performance économique, utilisation réduite d’intrants. Réputé pour sa conduite culturale accessible, le tournesol ne révèle pourtant tout son potentiel qu’à condition de maîtriser certains fondamentaux techniques. C’est tout l’objectif de l’outil Tour de Plaine qui vise à optimiser la gestion des maladies et des adventices, tant d’un point de vue agronomique qu’économique.

Tour de Plaine : un expert tournesol dans la poche

En trois étapes, l’outil guide producteurs et conseillers lors des visites de parcelles de tournesol en été pour la reconnaissance des maladies, carences et adventices présentes sur la parcelle puis sur la base des observations réalisées, établit un bilan sanitaire et formule un conseil.

  1. Lorsque les tournesols sont en fin de floraison et en début de maturation, l’agriculteur peut observer sa parcelle, enregistrer facilement des données utiles (géolocalisation, variété, profondeur de sol) et décrire les symptômes qu’il observe.
  2. L’outil synthétise ces observations pour fournir un bilan sanitaire de la culture (maladie et carence) et du salissement.
  3. Enfin, Tour de Plaine délivre des conseils adaptés à la situation sanitaire de la parcelle ainsi que des éléments de biologie pour anticiper la gestion sanitaire au sein du système de culture.

L’enregistrement des notations et données permet au producteur d’alimenter un historique parcellaire et, s’il le souhaite, de partager ses problématiques avec son conseiller.

Ce diagnostic sanitaire favorisera la mise en œuvre de pratiques adaptées :

  • Un arrachage des adventices envahissantes pour limiter leur expansion ;
  • La gestion de la récolte et des résidus afin de réduire l’inoculum des maladies ;
  • Une adaptation de ses pratiques et de sa stratégie de désherbage ;
  • La maîtrise de son choix variétal pour le prochain tournesol.

Développé avec des agriculteurs et des conseillers, Tour de Plaine est riche de fonctionnalités essentielles aux utilisateurs sur le terrain. Cet outil simple, pratique et gratuit est accessible sur smartphone ou PC, à partir du site web de Terres Inovia : https://www.terresinovia.fr/p/tour-de- plaine-tournesol. Il peut être installé sur smartphone lors de la première utilisation de façon à être utilisé hors connexion.

Eric Thirouin alerte

le gouvernement



Après une moisson catastrophique,
le Ministre de l’agriculture et de l’alimentation à la rencontre de céréaliers dans le Cher : l’AGPB demande un plan d’urgence pour soutenir les céréaliers

Mercredi 5 août 2020, Julien Denormandie, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, s’est rendu dans le cher, sur une exploitation céréalière. A cette occasion, Eric Thirouin, Président de l’AGPB, au coté de représentants agricoles départementaux et régionaux ainsi que du Secrétaire Général de la FNSEA a fait part de la situation très difficile et des inquiétudes des céréaliers, à l'heure où les moissons s’achèvent.

Avec une production évaluée en deçà des 30 millions de tonnes pour le blé́ tendre, les céréaliers français vont vivre une campagne particulièrement tendue, peut-être l’une des pires depuis 30 ans. Venant après six années extrêmement difficiles qui ont déjà fortement pesé sur les revenus, ce contexte va accroitre les difficultés des exploitations et mettre en péril un nombre significatif d’entre elles.

Lors de cette rencontre, le Ministre a pu constater la situation particulièrement difficile des céréaliers en zone intermédiaire et aborder la nécessité de prévoir des mesures spécifiques pour assurer la pérennité de l’activité agricole dans ces zones.  

Face à une moisson catastrophique dans de nombreux départements, Eric Thirouin, Président de l’AGPB, a demandé l’adoption sans attendre d’un plan de mesures exceptionnelles avec notamment la mise en place de cellules de crise dans les départements les plus impactés, le déblocage du fonds d’allègement des charges, l’exonération de la taxe sur le foncier non bâti, l’allégement des charges sociale et une avance des aides de la PAC majorée à 80% au plus tard le 15 octobre 2020.

l’AGPB souhaite que ce plan d’urgence s’accompagne de dispositifs pour permettre aux céréaliers d’être mieux armés face à l’ampleur croissante des aléas, avec l’application de l’omnibus pour baisser la franchise de l’assurance climatique à 20%, et que face à la multiplication des impasses pour lutter contre les ravageurs biologique des cultures, les suppressions d’autorisation de produits phytosanitaires n’interviennent plus sans l’assurance de la disponibilité de solutions alternatives économiquement viables.

Plus globalement, alors que les discussions sur la future PAC s’amorcent, les céréaliers attendent une véritable politique pour accompagner de façon soutenable d’un point de vue économique et technologique la transition dans laquelle les céréaliers se sont déjà fortement engagés, avec une réelle prise en compte de la situation particulière des zones intermédiaires.

« Face à l’ampleur de la crise, des mesures doivent être prises pour éviter des réactions en chaîne, prioritairement dans les exploitations, et potentiellement dans toute la filière.  Nous demandons au Gouvernement d’agir vite pour soutenir un secteur stratégique pour notre souveraineté alimentaire et l’économie de notre pays » alerte Eric Thirouin.

bandeaujaunisse

crise de la jaunisse



Le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation annonce un plan de soutien gouvernemental à la filière betterave-sucre pour faire face à la crise de la jaunisse

Le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Julien Denormandie a réuni ce jeudi 6 août 2020 les représentants de la filière betterave-sucre.

Les betteraviers français font face à une crise inédite : le virus de la jaunisse transmis par les pucerons s’est développé massivement sur l’ensemble des régions productrices françaises et va très fortement impacter la production de betterave. Cette maladie peut entrainer des pertes de rendements, pouvant atteindre entre 30 et 50%. Cette crise de la jaunisse fragilise l’ensemble du secteur sucrier et crée le risque d’un abandon massif de la betterave en 2021 par les agriculteurs au profit d’autres cultures. Or la France est le premier producteur de sucre européen. Le secteur concerne 46 000 emplois dont 25 000 agriculteurs et 21 sucreries.

Si les semis sont faits à partir de mars, le choix des cultures pour l’année suivante se décide dans les prochaines semaines. Il y a donc urgence à agir.

Depuis deux ans, les producteurs français de betteraves n’utilisent plus de produits phytosanitaires contenant des substances actives de la famille des néonicotinoïdes, contrairement à leurs concurrents européens qui ont recours aux dérogations prévues par le droit européen. La campagne 2020 a démontré que les alternatives techniques aujourd’hui disponibles se sont révélées inefficaces pour la culture de la betterave, en particulier dans les conditions climatiques du début de l’année 2020.

Le Gouvernement souhaite travailler avec la filière pour garantir la poursuite de son activité et la pérennité de la production de sucre en France. En particulier, il est nécessaire de se doter des moyens permettant de faire face à toutes les situations, y compris celle rencontrée en 2020. C’est une question de souveraineté.

Dans ce cadre a été présenté par le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation un plan d’action pour sécuriser les plantations, l’approvisionnement des sucreries et donc le maintien d’une filière sucrière forte et compétitive en France, tout en limitant l’impact sur les pollinisateurs. Ce plan d’action s’articule autour de :

  • la formalisation et la mise en œuvre par les professionnels, avec le soutien de toutes les parties prenantes, de plans de prévention des infestations par les ravageurs. Ces plans de prévention pourront mobiliser l’appui de différentes mesures intégrées au plan de relance ;
  • un effort de recherche renforcé et conséquent pour accélérer l’identification d’alternatives véritablement efficaces, tant auprès des instituts de recherche privés comme l’ITB (Institut Technique de la Betterave), que les instituts de recherche publique comme Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) qui seront mobilisés prioritairement. 5 millions d’euros supplémentaires seront mobilisables dès 2021 dans le cadre du plan de relance ;
  • un examen des pertes de rendement de la campagne 2020 et une indemnisation dans le cas de pertes importantes liées à cette crise de la jaunisse de la betterave dans le cadre du régime d’aide « de minimis » ;
  • des engagements des professionnels industriels sur la pérennisation de la filière sucrière en France ;
  • la proposition d’une modification législative cet automne pour permettre explicitement, pour la campagne 2021 et le cas échéant les deux campagnes suivantes tout au plus, le recours à l’article 53 du règlement européen n°1107/2009, comme le font d’autres pays européens confrontés aux mêmes difficultés, pour pouvoir prendre au moment des semis une dérogation de 120 jours pour les semences enrobées, dans des conditions strictement encadrées. Le règlement européen l’autorise à la condition « qu’une telle mesure s’impose en raison d’un danger qui ne peut être maitrisé par d’autres moyens raisonnables ».

Les betteraves ne produisent pas de fleurs avant la période de récolte, ce qui circonscrit l’impact de ces insecticides sur les insectes pollinisateurs. Néanmoins, des conditions strictes d’usage seront associées pour l’examen de toute demande de ces dérogations :

  • seule l’utilisation via l’enrobage des semences pourra être envisagée, et celle par pulvérisation demeurera interdite, afin de limiter les risques de dispersion du produit ;
  • l’interdiction de planter des cultures attractives de pollinisateurs, suivant celles de betteraves afin de ne pas exposer les insectes pollinisateurs aux résidus éventuels de produits ;
  • la définition d’ici fin 2020 d’un plan de protection des pollinisateurs, visant à renforcer leur protection pendant les périodes de floraison, et à mieux prendre en compte les enjeux associés aux pollinisateurs au moment de la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques.

Conformément à l’engagement du Président de la République, un délégué interministériel à la filière betterave-sucre sera désigné. Il sera notamment chargé du suivi de la mise en œuvre de ce plan d’action et en informera du bon déroulement une instance de suivi co-présidée par les deux ministres de la Transition écologique Barbara Pompili et de l’Agriculture et de l’Alimentation Julien Denormandie, associant les organismes de recherche et l’ensemble des services concernés. La première réunion se tiendra à l’automne.

Julien Denormandie explique : « La filière de la betterave fait face à une crise inédite, dans un contexte où il n’existe pas aujourd’hui d’alternative pour protéger la betterave des pucerons et de la jaunisse. Au moment où nous nous sommes donnés comme priorité de retrouver notre souveraineté alimentaire, il nous faut trouver un équilibre durable, c'est tout l'enjeu de la transition agro-écologique. Notre plan d’action vise à accélérer la recherche pour trouver rapidement des solutions véritablement efficaces, et en attendant soutenir massivement nos agriculteurs face à ces aléas. J’avais promis aux betteraviers que je ne les laisserais pas tomber. Ce plan va leur permettre de poursuivre leur culture l’an prochain en limitant au maximum l’impact sur les insectes pollinisateurs. »