Election américaine et météo plombent les cours des céréales

L’élection de Donald Trump a pour conséquence une augmentation du dollar en raison d’une forte activité de trading autour de la devise, entrainant à la baisse les cours de l’ensemble des matières premières. Elément de soutien ces derniers mois, la météo ne joue plus ce rôle en raison de l’amélioration des conditions dans les principales zones de production.

La semaine a également été marquée par la parution de plusieurs rapports. Le premier, paru vendredi dernier Outre-Atlantique est celui de l’USDA qui a révisé à la baisse le rendement du maïs aux Etats-Unis à 183,1 boisseaux à l’acre (bu/a) (contre 183,7 bu/a le mois dernier). Malgré cette baisse, le rendement reste un record historique. Le stock de maïs états-unien est également revu en baisse de 1,6 millions de tonnes (Mt) à 49,2 Mt. Les récoltes de maïs américains devraient se terminer cette semaine en raison de conditions climatiques favorables. Vendredi dernier 95% des surfaces étaient récoltées, en avance de 11 points par rapport à la moyenne.

La hausse du dollar n’handicape pas encore les exportations américaines de maïs qui restent dynamiques. En témoigne la vente exceptionnelle, rapportée par l’USDA, de plus de 690 000 t destinées notamment au Mexique. Depuis le début de l’année récolte, les exportations cumulées de maïs américain sont en avance de 33,1 % par rapport à l’an passé.

Au niveau mondial, l’USDA relève de presque 2 Mt la production de maïs et de plus de 6 Mt les utilisations domestiques, ce qui réduit les stocks finaux de fin de campagne. Les prévisions de production sont bonnes pour l’Amérique du Sud dont les semis de maïs se sont accélérés en raison de l’amélioration des conditions climatiques.

La France profite également de cette amélioration alors que les pluies ne tombent presque plus depuis le début du mois de novembre, favorisant les travaux des champs. Au 11 novembre, Cere’obs estime la récolte de maïs complétée à 71% (contre 58% la semaine passée, 96% en 2023 et 93% sur la moyenne quinquennale). Les derniers chiffres de FranceAgriMer publiés cette semaine estime la production française de maïs grain en hausse de 150 000 t d’un mois sur l’autre à 13,6 Mt, en hausse de 13% par rapport à la campagne précédente. Cette campagne est marquée par une forte hétérogénéité des rendements en fonction des zones de production. Les régions Ouest et Nord perdraient en rendement tandis que les régions Centre et Est verraient leur rendement s’accroitre.

FranceAgriMer relève également ses prévisions d’utilisations domestiques du maïs, notamment vers l’alimentation animale à 3,2 Mt (+6,7% par rapport au mois précédent, +13,6% par rapport à la campagne précédente). Les exportations de maïs vers nos voisins européens et vers les pays tiers sont également revues en hausse de respectivement 1,4% et 3,7%.

La hausse de production ne compenserait pas la hausse d’utilisation, un ajustement à la baisse du stock de report a donc été réalisé pour finir à 2,36 Mt (-3,4% par rapport au mois précédent).

Les chiffres de l’USDA pour le blé sont beaucoup plus stables. La production mondiale est attendue en hausse de 0,65 Mt en raison d’une hausse de la production au Kazakhstan (+2 Mt) qui compense partiellement la baisse de production en Amérique du Sud, en Russie et en Europe.

Aux Etats-Unis les semis étaient réalisés à hauteur de 91% vendredi dernier. Les pluies présentent depuis début novembre sur la région des Grandes Plaines sont bénéfiques aux cultures en place et améliorent leur état de 3 points par rapport à la semaine passée, portant à 44% les cultures jugées dans un état « bon à excellent » - en recul d’une année sur l’autre.

En France la fenêtre météo favorable permet une bonne progression des semis de blé, rattrapant le retard accumulé ces dernières semaines en raison des conditions pluvieuses. Au 11 novembre, Cere’Obs estime les semis de blé terminés à 78% (contre 62% la semaine passée, 70% l’an dernier et 83% sur la moyenne quinquennale). L’absence de pluie sur cette semaine permettra également aux travaux des champs de progresser encore fortement. Il faut noter que ces semis se réalisent dans une situation complexe avec un travail du sol rendu difficile par des mois de pluie et une absence de soleil qui permettrait de réduire significativement l’humidité des sols.

FranceAgriMer estime en légère hausse la production de blé tendre pour cette récolte 2024 à 25,56 Mt (+130 000 t par rapport au mois dernier), ce qui reste en retrait de 27% par rapport à la récolte précédente. L’utilisation sur le marché domestique est quasiment stable tandis que les exportations sont en baisse de 130 000 t pour la campagne en cours. La baisse la plus importante est en direction des pays tiers avec -100 000 t, en raison notamment de l’absence de l’Algérie.