
Marché des céréales
Parité euro/dollar et bonnes conditions de culture pénalisent les céréales européennes
Les cours des céréales ont été relativement stables cette semaine sur Euronext, que ce soit en blé dont le cours se stabilise au-dessus de 200 euros la tonne pour l’échéance septembre 25 ou en maïs avec un cours qui se maintient au-dessus des 190 euros la tonne pour l’échéance Aout 25. Le marché céréalier a pourtant évolué dans un environnement complexe avec des incertitudes géopolitiques, des conditions météorologiques contrastées et une dynamique macroéconomique compliquée.
Du côté du blé, les conditions de cultures s’améliorent de 2 points aux Etats-Unis avec 52% des cultures jugées comme bonnes à très bonnes. Les conditions climatiques sont également favorables aux semis de blé de printemps qui sont réalisés à hauteur de 95%, soit une avance de 5 points par rapport à la moyenne quinquennale. Autre élément de pression : les récoltes ont débuté avec une avancée à 3%.
Le retour de la pluie dans le Nord de l’Europe rassure également sur les capacités de production de cette zone. En France, les conditions de culture du blé tendre perdent 1 point au 2 juin, passant de 70% à 69%, mais elles restent supérieures de 7 points à la récolte précédente. Le stade épiaison est finalisé, en avance de 2 points par rapport à l’an dernier et de 6 points par rapport à la moyenne quinquennale.
L’orge français voit ses conditions de culture se dégradées d’A point également passant de 65% à 64% (+1 point par rapport à la récolte 2024). L’épiaison est également terminée, légèrement n retard par rapport à la récolte précédente.
Le blé dur est la culture qui voit le plus ses conditions de culture se dégradées avec une parte de 2%, à 73%, mais cela reste supérieure de 10 points aux conditions de l’an dernier. Le stade épiaison, finalisé à 97%, est en avance de 6 points par rapport à l’an dernier mais égal à la moyenne quinquennale.
Ces bonnes conditions de culture ont pesé sur les cours en début de semaine, mais ils se sont redressés avec les tensions militaires croissantes entre l’Ukraine et la Russie, ainsi que les inquiétudes d’importateurs comme l’Égypte sur la fiabilité des livraisons en provenance de la mer Noire.
A cela s’ajoute de moins bonnes perspectives de production chez certains producteurs. L’Australie, via Abares, annonce une baisse de 10% de sa production par rapport à la campagne précédente en raison de la sécheresse, soit 30,6 millions de tonnes (Mt) estimées. Il en est de même pour les orges, dont le repli est estimé à 3,8%, soit 12,8 Mt de production. En Chine le temps sec se maintient, laissant craindre un impact sur le potentiel de production. Enfin en Ukraine, le ministre de l’Agriculture annonce une baisse de 10% de la production de blé par rapport à la campagne précédente, pénalisée par un retard des semis en raison de la météo chaude et sèche pendant l’hiver et humide au printemps. La production ukrainienne de maïs est également attendue en baisse à 26 Mt, soit 4 Mt de moins que l’estimation de l’USDA du mois de mai.
La baisse de production ukrainienne ne suffit pas à enclencher un rebond des cours, d’autant plus qu’elle est compensée par les bonnes perspectives de production aux Amériques. En effet, les perspectives de production restent favorables aux États-Unis (semis à 93 %, conditions de culture à 69 % en bon/très bon état) et au Brésil, où la récolte est attendue en forte hausse (134 Mt selon StoneX). Ces éléments maintiennent une pression structurelle sur les prix à moyen terme.
A noter que les tensions dans la mer Noire occupent une place centrale dans les discussions entre acheteurs et vendeurs. L’Égypte a acheté 180 000 t de blé français en avril, mais les retards de livraison constatés soulignent la complexité du commerce dans un contexte géopolitique tendu.
Les tensions macroéconomiques jouent également un rôle important dans l’évolution des cours. L’euro a fortement progressé face au dollar, atteignant temporairement les 1,15 USD, après la décision de la BCE de baisser ses taux de 25 points de base. Ce mouvement monétaire, combiné à la fragilité de l’économie américaine et aux incertitudes sur la politique douanière de Donald Trump, influence directement la compétitivité des céréales européennes.