Marché des céréales
Cours en repli malgre la BAISSE ATTENDUE DE La PRODUCTION EUROPEENNE
Blé
Le cours du blé poursuit sa baisse à Chicago, perdant près de 6$/tonne. Sur Euronext, le blé perd 2 à 3 €/t selon les échéances. Toutefois, sur le marché physique, les primes s’améliorent légèrement en rendu Rouen et Fob Moselle pour du meunier 76/220/11. Le marché semble hésiter entre suivre Chicago et intégrer les inquiétudes sur les perspectives de rendement en Europe.
Les estimations concernant la production européenne viennent d’être revues à la baisse par la Commission européenne qui estime maintenant la récolte de blé tendre à 137,6 Mt (-2,65 Mt par rapport à sa précédente publication) alors que l’USDA prévoyait 149 MT au début du mois. Les prochains rapports du Conseil International des Céréales et de l’USDA début juillet intègreront-ils ces mêmes baisses ? En attendant, les vendeurs sont prudents et préfèrent mieux maîtriser les quantités et la qualité dont ils disposent pour poursuivre leurs engagements.
La situation est également de moins en moins favorable en Russie, comme en Ukraine. La sécheresse et les chaleurs excessives continuent d’entamer les perspectives de rendement. Mais, le surplus exportable est attendu suffisant pour permettre au pays de rester le leader sur le marché du blé.
Toutefois, en ce début de campagne, c’est la Roumanie qui démarre sur les chapeaux de roues en remportant à nouveau l’appel d’offres de l’Egypte, pour 120 kt livraison 1-10 aout. La Russie a présenté des offres, quasiment au même prix. La France est restée absente de cet appel d’offres. Les prix conclus mettent en évidence un écart de compétitivité de 10/12 $/t entre France et Roumanie sur cette destination. Selon France Export Céréales, les exportations au départ de la Roumanie devraient rester sur une bonne dynamique cette campagne encore et pourraient égaler le niveau atteint en 2017-2018 (environ 5,4 Mt).
Quelques autres affaires animent timidement le marché comme la Tunisie qui vient de conclure 125 kt de blé, probablement origine Mer Noire.
Orge
La campagne d’exportation de l’Union Européenne se termine sur une performance comparable à l’an passée. Selon les chiffres de la commission, les chargements atteignent 5,5 Mt au 26/6 et il faudra s’attendre à des ajustements dans les prochains jours. La campagne 2018/19 devrait aussi être intense, notamment si la Chine maintien son flux d’achat auprès de l’Union Européenne. Alors que la récolte a bien avancé en France (23% des surfaces d’orge d’hiver récoltées selon Cere’Obs), les premiers bateaux devraient bientôt se présenter dans les ports de la façade atlantique pour charger à destination de la Chine, notamment à La Pallice. Dans cette région traditionnellement la plus précoce de France, les récoltes d’orge fourragère devraient s’achever ce week-end. Le Millésime 2018 s’annonce sans éclat, les grains sont conformes aux normes contractuelles, avec des rendements qui devraient se situer dans la moyenne. Du côté de nos concurrents de la Mer Noire, la Russie et l’Ukraine s’attendent à une récolte d’orge inférieure à l’an passé. Mais à ce jour, la Mer Noire continue à offrir les orges les plus compétitives et à remporter des affaires, en témoigne le dernier achat de la Tunisie (75kt).
Maïs
Chicago est toujours dans la tourmente, le contrat à terme du maïs perd encore 3% de sa valeur cette semaine. En Europe, les prix restent quasi stables sur cette fin de campagne. Mais l’absence de réaction du marché à terme continue de maintenir l’origine française à un prix décalé de celui de ses concurrents. Actuellement, du maïs canadien est offert à 168 CIF Europe, ce qui correspond peu ou prou au prix du maïs français en Fob sur la façade Atlantique.
L’annonce de l’ajout de Gand comme nouveau point de livraison du contrat Euronext pourrait être de nature à corriger ce biais. Certes, cela risque de tirer le prix du marché à terme vers le bas, ou tout du moins de l’aligner sur le contexte mondial car Gand figure parmi les ports importants d’importation du maïs en provenance des Pays-Tiers en Europe. Mais cela aura l’avantage d’avoir un marché à terme reflétant mieux les équilibres du marché européen qui, structurellement a besoin d’importations. Espérons que cela apportera le bon signal au bon moment, et permettra d’éviter des longues périodes de marché de blocage. Mais il faudra encore attendre la récolte 2019 pour que ces modifications techniques du contrat soient effectives.