Marché des céréales
Le dynamisme retrouvé du marché international
Ces deux dernières semaines ont été fortement marquées par le devenir du corridor permettant à l’Ukraine d’exporter ses graines et les discussions autour de la prolongation de l’accord. Ces discussions ont entrainé un ajustement des prix à la baisse pour l’ensemble du complexe céréalier, encore plus marquée cette semaine. La très récente annonce de prolongation du corridor, qui était attendue par l’ensemble des opérateurs, n’a pas eu d’impact fort sur la clôture d‘Euronext ce jeudi. Cette prolongation avait déjà été intégré dans la baisse des cours depuis plusieurs jours.
S’ajoute à cela la remontée de l’euro face au dollar qui atteint son plus haut niveau depuis 4 mois, pénalisant les exportations européennes. Mais, permettant aux opérateurs internationaux de revenir sur le marché et de se positionner sur de nombreux contrats. Des achats ont été constaté ces derniers jours comme celui de l’Arabie Saoudite qui a acheté pour 1 millions de tonnes (Mt) de blé, de la Tunisie a acheté 100 000 t de blé tendre et 100 000 t de blé dur, ou encore de l’Egypte qui aurait acheté environ 300 000 t de blé. Une grande majorité de ces achats auraient été faits avec du blé russe.
Et d’autres opérateurs sont encore aux achats comme le Pakistan pour environ 500 000 t de blé meunier.
Les grands gagnants de ce dynamisme retrouvé sur la scène international sont les Russes qui offrent actuellement le blé le plus compétitif sur le marché, aidés par une production record cette année.
Mais les Européens n’ont pas à pâlir car ce début de campagne a été marqué par de très bons chiffres à l’export en blé au départ de l’Europe avec 13,35 Mt de blé exporté. Soit une augmentation de 9,5% par rapport à l’an dernier (chiffres de la Commission Européenne au 13/11/22).
La France n’est pas en reste avec presque 7 Mt de céréales exportées au 13 novembre, soit bien au-dessus des prévisions d’exportations attendues à 6 Mt pour cette fin d’année. A noter que des affaires seraient dans les tuyaux avec le Maroc et la Chine pour les prochains mois.
Du côté du blé, le Conseil International des Céréales (CIC) dans son rapport du 17 novembre, estime une production mondiale de blé à 791 Mt, soit en baisse de 1 Mt par rapport à sa dernière estimation. Cette baisse est dû aux inquiétudes qui accompagnent la campagne en Argentine. Les perspectives de récolte se sont détériorées en raison des conditions climatiques (gel et sécheresse subis par les cultures). La production en Argentine est donc revue à 13,0 Mt soit une baisse de plus de 41% par rapport à l’an dernier (22,1 Mt). Ces chiffres sont au-dessus des estimations de la bourse des grains de Buenos Aires qui attend une production de blé à 12,4 Mt.
La production Australienne est elle révisée à la hausse avec 34,7 Mt attendues. Cependant les qualités de blés inquiètent les marchés suites aux fortes pluies qui touchent la zone Est de l’Australie. Près de la moitié des blés produits pourraient être fourragers.
Dans l’hémisphère Nord les semis se finalise. Les Etats-Unis affichaient 96% de semis réalisés vendredi dernier (USDA), avec 32% des cultures jugées dans un état « bon à excellent ». En Ukraine, les semis sont achevés sur des surfaces de culture en baisse en raison du conflit. En France, selon Cere’Obs, au 14 novembre 97% des semis été réalisés avec des levées estimées à 87%, soit une avance de 6 jours par rapport à la moyenne quinquennale.
Du côté du maïs, le CIC, dans son rapport du 17 novembre estime une production mondiale à 1 166 Mt. Soit une baisse de 4% par rapport à l’année record 21/22 mais une production mondiale tout de même supérieure à la moyenne. Cette baisse de la production par rapport à l’an dernier est due à une diminution des emblavements (-3%) et à une baisse des rendements moyens (-2%).
En Argentine, les cultures de blé ne sont pas les seules impactées par les conditions climatiques défavorables. La sécheresse prolongée retarde les semis et les agriculteurs commencent à se positionner sur d’autres cultures avec des semis plus tardif. Les surfaces d’emblavement de maïs devraient donc se réduire, ce qui a entrainé le CIC à revoir à la baisse le potentiel de production de l’Argentine de 3,6 Mt, soit une production totale estimée à 57,0 Mt, qui pourrait encore être baissier dans le prochain rapport en fonction de l’évolution climatique.
Ce rapport confirme également les très bons chiffres attendus par le Brésil avec une production de 123,1 Mt cette année, soit une augmentation de 9,2% par rapport à l’an passé, atteignant un nouveau record.
Sans surprise, le rapport du CIC conclut à une très bonne année pour l’orge avec une forte augmentation des rendements moyens qui ont plus que compensé la baisse des surfaces. La production mondiale devrait être de 151,7 Mt en 22/23, soit en hausse de 4,2%. Malheureusement ce marché accuse le coût au niveau de la demande. La Chine est toujours très timide aux achats et la récente résurgence de Covid-19 sur son sol ne devrait pas jouer en la faveur de ce marché.