Convention annuelle
Gérer l’urgence de la crise pour préparer l’avenir durablement
La section Nutrition Animale de La Coopération Agricole a tenu sa 8ème convention annuelle sur la thématique « Construire l’élevage de demain : quel accompagnement des coopératives ? ». Par la voix de son président David Saelens et d’élus référents, la section a introduit les travaux par un point de conjoncture économique sur la situation d’inflation qui impacte l’ensemble de la filière.
Après deux années perturbées par l’épidémie de coronavirus, 2022 est également une année de crises marquées par trois événements majeurs qui ont particulièrement impacté le secteur agricole et agroalimentaire, dont celui de la nutrition animale :
- La crise géopolitique provoquée par le conflit en Ukraine ;
- La crise sanitaire de l’influenza aviaire hautement pathogène qui a fortement touché les élevages avicoles de l’Ouest français ;
- La crise climatique, dont une lourde période de sécheresse cet été qui a impacté les récoltes de la campagne de céréales de l’année.
La conjonction de ces crises s’est traduite pour les coopératives de nutrition animale par :
- Une flambée des coûts de production de l’aliment engendrée par l’augmentation du cours des matières premières agricoles (+100€ par tonne d’aliment) et énergétiques (+20€ par tonne d’aliment) qui n’est soutenable ni pour les coopératives de nutrition, ni pour les éleveurs ;
- Une tension sur les disponibilités de certaines matières premières agricoles entrant dans la composition des aliments pour l’élevage en raison de plusieurs facteurs :
- La période de sécheresse qui a provoqué des tensions particulières sur les fourrages, ce qui tend à accélérer la décapitalisation dans les élevages par un effet d’adaptation du cheptel au stock fourrager disponible ;
- L’augmentation du coût de l’énergie qui a poussé certains fournisseurs à réduire leur production, ce qui les empêche donc d’honorer les contrats conclus ;
- L’orientation accrue de certaines matières premières (pulpes de betteraves, coques de tournesol, drèches...) des filières de production d’énergie ayant pour conséquence de les flécher vers la méthanisation ou la cogénération plutôt que la nutrition animale. - Une importante baisse de l’activité économique en raison de l’épisode violent d’influenza aviaire qui a engendré une réduction de production de près de 700 000 tonnes d’aliments pour volailles.
L’ensemble de ces effets vont se traduire sur l’année par une réduction de production d’aliments composés pour animaux de l’ordre d’1,2 million de tonne, soit une baisse de 6 à 7% de l’activité globale du secteur.
Face à une situation d’inflation inédite et au caractère durablement soutenu des prix des matières premières et des aliments dans ce contexte de crise, les coopératives de nutrition animale qui travaillent sans relâche pour fournir, à l’ensemble des élevages, une alimentation animale de qualité, sans rupture, ont impérativement besoin :
- Que leurs fournisseurs s’engagent à honorer leurs contrats pour permettre d’assurer la continuité de la production ;
- Que les pouvoirs publics viennent en soutien aux entreprises qui ne peuvent seules assumer l’explosion des coûts de production qui ne peuvent pas non plus être absorbés par les éleveurs.
« Relever le défi économique, continuer d’améliorer la sécurité sanitaire, faire face au changement climatique... Autant d’enjeux pour les producteurs et leurs coopératives afin de construire l’élevage de demain. Je suis profondément convaincu que la résilience de notre système alimentaire passera par une parfaite complémentarité entre productions végétales et productions animales, et les coopératives de nutrition animale ont un rôle fondamental à jouer dans cette construction ! », déclare David Saelens, président de La Coopération Agricole Nutrition Animale.