
Marché des céréales
La pression concurrentielle pèse sur les prix du blé
Les prix du blé tendre et du maïs ont décroché cette semaine sur Euronext, malgré un rebond en milieu de semaine. La forte concurrence de la zone mer Noire et l’arrivée des moissons en sont les principaux facteurs.
Le marché du blé a été particulièrement marqué en début de semaine par la suspension des importations de blé tendre par la Turquie du 21 juin au 12 octobre 2024. Le pays espère ainsi protéger son marché intérieur en interdisant l’entrée sur son territoire à tous les blés étrangers. Les conséquences de ce ban seront à surveiller car jusque-là la Turquie s’approvisionnait essentiellement en Russie. Nul doute que ce flux trouvera une nouvelle destination, au détriment des origines européennes et plus particulièrement françaises ?
Ce sont pour le moment les blés en provenance des pays de l’Est qui occupent le marché. La baisse des prix a réveillé les acheteurs comme l’Egypte qui a acheté 120 000 t en origine Ukraine (269,65 $/t C&F), à charger entre le 11 et le 20 août, 180 000 t en origine Roumanie (269,65 $/t C&F) et 100 000 t en origine Bulgarie (266,38 $/t C&F), à charger entre le 1 et le 10 août d’après le Gasc. Plus tôt dans la semaine c’est la Tunisie qui aurait acheté 50 000 t de blé (chargement entre le 1er et le 25 juillet) incluant des origines bulgares et 75 000 t d’orge fourragère (chargement entre le 20 juin et le 30 juillet).
En Russie les inquiétudes persistent alors que le syndicat des producteurs de grains annonce entre 15 et 30% de dégâts sur les cultures d’hiver en raison des gelées de mai. A la veille de la récolte, les analystes privés estiment la production en baisse dans une fourchette de 78 à 81 millions de tonnes (Mt). L’USDA dans son rapport du 12 juin reste un peu plus optimiste avec 83 Mt estimés, en baisse par rapport au mois dernier de 5 Mt.
Dans ce même rapport, l’USDA estime également en baisse la production de blé en Ukraine à 19,5 Mt (-1,5 Mt par rapport au mois dernier) et celle de l’Union Européenne à 130,5 Mt (-1,5 Mt par rapport au mois dernier). La récolte états-unienne est estimée en légère hausse à 51,02 Mt en raison des bonnes conditions de cultures sur l’ensemble du cycle malgré une récente dégradation.
Du côté de l’Australie et du Canada, les perspectives de production sont très bonnes alors que les conditions de culture s’améliorent.
En France, Agreste a révisé à la baisse son assolement français de blé tendre pour la récolte 2024 à 3,396 Mha, soit un repli de plus de 7% par rapport à la campagne précédente. Compte tenu des conditions climatiques et du défaut de semis dans certaines régions, l’assolement de maïs a été revu à la baisse d’un mois sur l’autre à 1,438 Mha, ce qui représente tout de même une hausse de plus de 9% par rapport à la campagne 2023.
Le maïs français bénéficie cette semaine d’un regain d’intérêt en provenance des fabricants d’aliments qui valorisent bien le grain en formulation. Cependant le cours du maïs évolue dans le sillage de celui du blé sur Euronext et reste impacté par la lourdeur du cours du maïs à Chicago. Ce dernier est impacté par des conditions de culture optimales aux Etats-Unis et par la récolte au Brésil qui sont les principaux éléments de pression.