Marché des céréales
La lourdeur du bilan mondial de blé fait plonger les marchés
Côté climat, les Etats Unis enregistrent des précipitations concentrées dans la partie Nord du Midwest et vers le Canada, ce qui aura pour effet de ralentir les semis dans ces régions, mais d’améliorer le taux d’humidité des sols. L’Argentine demeure désespérément sèche, tandis que le Brésil bénéficie de précipitations réparties de façon homogène sur la plupart des régions productrices. En Europe, les précipitations sont globalement satisfaisantes depuis le début du printemps, et les prévisions montrent une concentrations des pluies entre l’Ouest de l’Allemagne et les Balkans / Ouest de l’Ukraine ces prochaines semaines.
Du côté des échanges, les Philippines étaient aux achats pour du blé tendre livraison juin juillet, tandis que l’Algérie était présente pour du blé dur livraison mai juin, et aurait partiellement couvert ses besoins avec de l’origine mexicaine.
L’actualité principale de cette fin de semaine est la plongée brutale du blé sur toutes les places. Sur le marché Euronext, l’échéance mai 2023 rompait ainsi le support des 250€/t. Ce mouvement s’explique par un cumul de facteurs, et en premier lieu les bonnes conditions climatiques dans la plupart des régions productrices. C’est notamment le cas en Europe, où les précipitations satisfaisantes laissent entrevoir un fort potentiel de récolte. Céré’Obs estime cette semaine la récolte de blé tendre française à 94% « bonne/très bonne », en hausse de 1 point par rapport à la semaine dernière, et en ligne avec la récolte 2022.
Autre élément baissier, la lourdeur du bilan européen lié notamment au retard de commercialisation de l’ancienne récolte. Ce phénomène est constaté dans la plupart des pays européens et s’explique par la tentation de nombreux producteurs de bénéficier des soubresauts liés à la guerre en mer Noire. Or depuis la mise en place du corridor le marché a progressivement retrouvé des niveaux comparables à ses niveaux d’avant-guerre, sans enregistrer de nouveaux soubresauts. La plupart des pays sont donc en retard par rapport à leur rythme de commercialisation habituel.
Notons que la France, qui elle aussi enregistre un retard, est cependant le pays le plus avancé d’Europe. Plus on se déplace vers l’Est du continent, plus les marchés sont lourds. FranceAgrimer ajustait cette semaine les stocks français de blé à 2,61Mt vs. 2,5Mt le mois dernier. C’est la troisième augmentation consécutive par l’agence nationale, et cette dernière augmentation représente une hausse des stocks de 12% par rapport au mois de janvier.
En Mer Noire, les exportations ukrainiennes semblent toucher à leur fin. Le pays aurait en effet exporté 90% de son programme à la fin du mois de mars, soit 13Mt pour un total estimé à 15Mt. 50% des volumes exportés sont passés par le corridor, l’autre moitié par d’autres voies, le Danube et les ports danois notamment qui représentent désormais des routes fiables et efficaces. Compte tenu de l’impact important du conflit sur les capacités de production de l’Ukraine, on comprend que le pays a écoulé l’essentiel de ses volumes, ce qui pose la question de la pertinence du maintien du corridor.
Notons enfin que les conditions climatiques russes sont également très bonnes avec des précipitations idéales à cette période de l’année, ce qui vient encore alourdir les projections du bilan mondial.