
Marché des céréales
Maïs : la France d’aucun secours pour réduire la dépendance de l’Union européenne
En récoltant 10 Mt de maïs, la France réalise le plus mauvais score de ces trente dernières années. La collecte ne s’élèverait qu’à 8,7 Mt. En ne produisant que 56 Mt de grains, l’Union européenne devra importer 20,5 Mt pour couvrir ses besoins.
Ce que la France ne produit pas, l’Union européenne l’importe. Selon l’AGPM, l’association générale des producteurs de maïs, la France est en passe de récolter 10,1 Mt, soit 5 Mt de moins que l’an passé.
Cette faible production s’explique par un rendement moyen de 79 quintaux par hectare (q/ha), soit un repli de 30 q/ha par rapport à 2021, une année exceptionnelle.
Comme l’ensemble des producteurs européens de maïs a été pénalisé par des conditions climatiques défavorables durant tout l’été, leur production a fléchi. La Romanie ne produirait que 9,8 Mt selon le Conseil international des céréales (CIC), soit 3 Mt de moins que l’an passé. En additionnant les baisses de production constatées dans chacun des pays européens producteurs de maïs grains, l’Union européenne n’engrangerait que 56 Mt, soit 14,5 Mt de moins que l’an passé. Aussi elle serait contrainte d’importer 20,5 Mt selon le CIC tandis que les 2 pays européens de la rive de la Mer Noire n’exporteraient que 3,7 Mt (-2 Mt sur un an) hors de l’Union.
Comme chaque année, la France expédiera une partie de sa production vers ses voisins européens. Dans une dizaine de jours, FranceAgriMer dévoilera ses prévisions de campagne. Mais les volumes disponibles à la vente seront faibles. Et ce que notre pays ne produit pas et n’exporte pas, sera acheté par ses voisins à des pays tiers.
Or sur le marché de l’export, les Etats-Unis, le Brésil, l’Argentine et l’Ukraine sont les quatre acteurs majeurs.
Mais cette année, malgré une récolte bien supérieure à l’attendu, l’Ukraine ne produirait que 30 Mt, soit 12 Mt de moins que l’an passé. Et si sur le papier, le pays serait potentiellement en mesure d’exporter 17 Mt de grains d’ici la fin de la campagne 2022-2023, quelle quantité de grains pourra être réellement expédiée ?
Pour leur part, les Etats-Unis, ne vendraient que 58 Mt en puisant 7 Mt dans leurs stocks car seuls 354 Mt seraient récoltés cet automne, soit 29 Mt de moins que l’an passé.
Mais selon l’AGPM, la conjoncture mondiale inflationniste tempérera les marchés des céréales, et de maïs en particulier.
En France, le maïs est moins compétitif que les autres céréales relativement plus abondantes pour fabriquer des aliments du bétail. La grippe aviaire pénalise des pans entiers de la filière avicole pour de longs mois. A l’export sur le marché européen, la céréale française est concurrencée par les grains importés d’Ukraine et d’Amérique. La parité de l‘euro avec le dollar dessert l’origine française
L’an prochain, la France est attendue pour produire plus de maïs afin de rendre l’Union européenne moins dépendante de ses importations. Il reste à savoir à quel prix le maïs sera produit. L’AGPM ne prend pas le risque d’avancer la moindre tendance. Mais les producteurs redoutent l’effet de ciseau si les prix des intrants allaient de nouveau flamber. Seuls de meilleurs rendements l’an prochain pourra en atténuer l’impact.
Partout dans le monde se pose aussi la question de l’approvisionnement en énergie et engrais à des prix abordables.
En France, les prix de vente couvrent actuellement les coûts de production des maïsculteurs qui affichent des rendements par hectare supérieurs à 7 tonnes en moyenne.
Le prix de campagne pourrait s’établir autour de 270 € la tonne sorti ferme, selon l’AGPB. Mais depuis un mois, le cours du maïs est compris entre 330 et 350 € sur le marché de Bordeaux.
Une question se pose cependant : y aura-t-il suffisamment de semences pour contenter tous les planteurs ? La France, premier pays exportateur mondial, a les stocks nécessaires pour livrer ses maïsculteurs. Mais cette année, la faible production de semences (entre 70 % et 75 % des objectifs de production initiaux) limite les capacités d’exportation de notre pays, vers l’Ukraine en particulier.
Toutefois, Daniel Pébereau, président de l’AGPM est confiant. Les producteurs français ne maïs ne réduiront pas leur surface l’an prochain car de nombreuses filières agroalimentaires (aliments du bétail, biocarburant etc.) sont organisées autour du maïs.