Marché des céréales
Le marché se tend sur fond d’inquiétudes sur les récoltes
Blé
Le cours du blé progresse de 8 $/t sur le marché à terme de Chicago et de 12,5 €/t sur Euronext. Des perspectives de production qui se dégradent en Europe et dans une moindre mesure en Russie constituent le moteur essentiel de la hausse de cette semaine. Vendredi, les cours se sont envolés, en réaction aux estimations de production de Stratégie Grains, analyste privé qui jouit d’un crédit important dans le marché. Ce jeudi, l’Association des producteurs allemands a également publié ses prévisions. A 20,5 millions de tonnes, le chiffre apparait bien pessimiste, mais envoie un signal complémentaire au marché. Pour comparaison, le Conseil International des Céréales, bien qu’alertant sur un risque de baisse de ses prévisions, table pour le moment sur une production française à 36,3 Mt et une production allemande à 23,3 Mt.
Baisse de production en Europe, baisse également en Russie : même si les stocks mondiaux sont confortables, les perceptions se modifient légèrement en ce début d’été. Outre la forte hausse du marché à terme, les primes montent sur la plupart des parités dans l’hexagone, signe là aussi que les acheteurs se manifestent.
Dans ce contexte volatil et peu lisible, n’oublions pas que la récolte de blé tendre a à peine démarré en France ! Si la météo le permet, compte tenu de la précocité particulière de l’année, les moissons devraient avancer significativement dans les prochains jours.
Orge
La récolte des orges d’hiver s’achève. Déception est probablement le mot qui traduit le mieux le ressenti de cette moisson. Les rendements sont annoncés inférieurs à la moyenne d’environ 10% dans les terres à fort potentiel en raison des excès d’eau. Cette baisse est en partie compensée par des bonnes surprises dans les terres plus légères. La qualité n’est pas exceptionnelle, mais permettra de répondre aux attentes des clients.
L’Arabie Saoudite profite de la disponibilité de la nouvelle récolte pour lancer un appel d’offres important et attend ce week-end les propositions des vendeurs pour 1,5 Mt. Les choix du premier acheteur mondial d’orge ne manqueront pas de donner un signal sur la compétitivité des différentes origines.
Maïs
Selon le Conseil International des Céréales, on s’attend à un rebond de la production mondiale de maïs pour la campagne 2018/19 à 1 052 Mt. Cependant, n'oublions pas qu'elle ne commence réellement qu’en octobre, avec le début des moissons de l’hémisphère nord. Le marché de Chicago, toujours orienté à la baisse, traduit un certain optimisme sur les perspectives de production liées aux bonnes conditions climatiques aux Etats-Unis et reflète les crispations des relations commerciales du pays avec ses clients de proximité, notamment le Mexique (2eme importateur mondial cette campagne-ci avec 16,7 Mt).
A contrario, le marché européen, s’affiche en hausse. Sur le marché français, le prix du maïs se hisse de 7 à 8 €/t dans le sillage du marché du blé. L’Union Européenne, 1er importateur mondial de maïs cette saison (16,9 Mt), est plus encline à suivre l’évolution des disponibilités dans les pays de l’hémisphère sud et les résultats des moissons des céréales à paille dans l’hémisphère nord. Même si le marché a déjà intégré cette donnée, le Brésil et l’Argentine devraient perdre à eux deux environ 22 Mt de production. Au Brésil la moisson de la deuxième saison va se poursuivre jusqu’en août et le résultat national est attendu en repli de 13% (-13 Mt à 85 Mt). Pour l’Argentine le CIC prévoit une production à 40 Mt soit une baisse de 9,5 Mt).
Concernant les importations dans l’Union, la Commission européenne, selon ses derniers relevés, fait état d’un total de
17 Mt de maïs d’origine des Pays-Tiers déchargées dans les ports européens entre le 1er juillet 2017 et le 30 juin 2018. L’Espagne est le premier Etat membre importateur avec 6,2 Mt entrées dans les ports espagnols, suivi des Pays-Bas avec 3,6 Mt puis de l’Italie avec 2 Mt. Le principal fournisseur de l’Union reste l’Ukraine avec 45% des expéditions (7,7 Mt) suivi du Brésil (5,1Mt) qui s’est invité dès l’été dernier parmi les fournisseurs phares de l’Union. Entre une production en repli et une logistique qui pourrait être mobilisée pour le soja, il sera intéressant de suivre si le Brésil pourra être de nouveau aussi présent cette campagne.