
Marché des céréales
Marchés céréaliers : Retour à des prix d’avant-guerre
Cette semaine aura été marquée par une baisse des prix sur les marchés céréaliers, malgré un léger rebond en fin de semaine qui ne permet pas de compenser la perte des jours précédents. Ce mercredi, Euronext clôturait à 272,50 €/t en blé tendre, échéance mai, soit le plus bas niveau de ce marché depuis le début de l’invasion de l’Ukraine.
La forte concurrence provenant de mer Noire et de Russie continue de faire pression sur les prix européens et américains. Cependant, l’accord sur le corridor humanitaire en zone mer Noire touche à sa fin (18 mars). Mais les opérateurs se montrent confiants sur la reconduction de cet accord. Les échanges entre la Chine et la Russie concernant le conflit et les discussions entre Vladimir Poutine et Tayyip Erdogan sont autant de facteurs rassurants les marchés. Tout du moins en début de semaine. L’approche de la date d’expiration du corridor et l’absence d’information de la part de la Russie font peser des incertitudes sur les marchés céréaliers, entrainant un rebond en fin de semaine.
Autre facteur haussier sur le marché du blé, les conditions climatiques de l’hémisphère Nord. Les Etats-Unis, comme l’Ouest de l’Europe et l’Inde présentent un déficit hydrique important pour cette saison.
Le continent Nord-américain a vu quelques pluies cette semaine, permettant d’améliorer globalement l’état des cultures. Néanmoins, la condition de « bonne à excellente » demeure très faible dans la plupart des Etats producteurs.
En France, FranceAgriMer, au travers de son rapport Céré’Obs estime, au 27 février, les conditions de cultures du blé tendre jugées comme « bonnes à très bonnes » stables d’une semaine à l’autre (à 95%). L’impact de la récente vague de froid n’est pas prise en compte dans cette estimation et sera à surveiller, notamment pour les cultures qui ont démarré la germination. De même, l’absence de pluie étant problématique, les prochaines semaines seront scrutées par les marchés.
En Ukraine, le ministère revoit à la hausse son estimation de surfaces en blé d’hiver à 4,1 millions d’hectares (contre 3,7 précédemment). La production est toujours estimée en forte baisse à 16 millions de tonnes (Mt).
En Inde, le gouvernement se porte acheteur de 34 Mt de blé auprès des producteurs locaux afin de reconstituer les réserves de l’Etat entamées pour lutter contre la récente inflation.
Faits remarquables cette semaine, la Turquie aurait acheté 790 000 tonnes de blé, principalement origines russes ; l’Iran se serait également porté acquéreur de « plusieurs centaines de milliers » de tonnes de blé russe pour avril-mai, sans que le marché n’en soit informé. Il s’agit très probablement d’une transaction entre gouvernement.
Le marché du maïs a dû faire face à des estimations d’assolement en hausse de la part de l’USDA sur le continent Nord-américain, entrainant le cours à la baisse sur le marché de Chicago en début de semaine.
A cela s’ajoute des ventes hebdomadaires américaines décevantes concernant le maïs avec un total de 598 000 tonnes. Le retard cumulé est de 39% sur cette campagne par rapport à l’an passé. Compte tenu de l’arrêt du programme d’exportation du maïs brésilien, le marché s’attendait à un rebond de la demande. Il faut croire que les craintes de certains analystes sur la baisse de la demande mondiale, notamment celle du secteur animal avec l’expansion de la grippe aviaire, sont avérées.
Le seul élément haussier reste les conditions climatiques en Amérique du Sud.
L’Argentine fait toujours face a un important déficit hydrique. Dans ce contexte, la Bourse de Buenos Aires a révisé à la baisse, de nouveau, son estimation de production de maïs à 41 Mt (- 3,5 Mt).
Le Brésil reste lui très humide. Toutefois, le centre et le nord-est du pays profite d’une diminution des précipitations, permettant d’accélérer les semis du maïs safrinha. Le Mato Grosso, qui est le principal état producteur de maïs fait partie de cette zone et il était temps ! La région accuse un important retard dans les semis avec 50% des surfaces emblavées la semaine dernière contre 68,4% l’an dernier a même époque. A noter tout de même que la date optimale de semis du maïs safrinha est au 20 février. Après cette date la culture est plus à risque, la saison des pluies s’achevant généralement à la mi-avril. Ce qui signifie que plus de la moitié de la récolte de safrinha sera réalisée après cette date optimale.