Analyse du marché des céréales
En attendant la récolte
Ble
Si la tension reste vive sur le marché des blés de printemps aux Etats-Unis, les cours du blé SRW sur le marché de Chicago a finalement corrigé cette semaine, se repliant nettement au cours des séances de mercredi et jeudi
Après les inquiétudes sur la récolte américaine, c’est la situation en Europe de l’ouest, et particulièrement dans l’hexagone qui retient l’attention des opérateurs. Les fortes températures qui touchent la France font craindre des baisses de rendement, notamment dans les régions les plus au nord du pays, où les cultures sont les moins matures et donc particulièrement sensible aux fortes chaleurs. Les inquiétudes sont vives dans les campagnes, avec une situation de sécheresse qui persiste depuis des mois et un contexte économique compliqué suite à la récolte désastreuse de 2016. Selon Céré’Obs, la proportion des surfaces de blé jugée « bonne à très bonne » baisse de 6 points en une semaine, s’établissant à 68% le 19 juin. Il est certain que des quintaux s’envolent, mais en fonction de l’état d’avancement des cultures et de la rapidité de l’évolution des plantes, et du potentiel de départ, il est bien délicat de faire des pronostics. Point positif, les cultures sont saines, la qualité pour le moment est pressentie correcte et les premières coupes de blé dans le sud-ouest confirment des taux de protéines et des poids spécifiques très satisfaisants avec des rendements corrects, parfois décevants, mais loin d’être catastrophiques. Mais bien entendu, il s’agit des tous premiers échos sur la moisson qui démarre à peine en blé.
En début de semaine le cours du blé s’est emballé sur le marché à terme, prenant 4 €/t au cours de la séance de lundi, avec des volumes traités conséquents. Toutefois, reflétant une inquiétude mesurée des acteurs et un manque d’intérêt des acheteurs comme des vendeurs, les primes atténuent cet effet sur le marché physique. Les primes cotées pour des livraisons juillet sont particulièrement négatives en rendu portuaire, reflet surtout du manque d’intérêt actuel à l’export.
Sur la scène internationale, la hausse des prix n’engendre pas de mouvement de panique des acheteurs. Les stocks conséquents permettent de voir venir avec une certaine tranquillité les moissons de l’hémisphère nord. Les prix ont progressé significativement aux Etats-Unis, plaçant le blé américain horse course dans l’immédiat. L’origine Mer Noire reste la plus compétitive, même si dans cette région également les prix montent, surfant sur le contexte météorologique actuel.
L’Egypte qui a concrétisé ce jeudi un nouvel appel d’offres pour des livraisons entre le 25 juillet et le 15 août, a de nouveau donné la préférence aux blés ukrainiens (55 kt) et roumains (120kt). Les offres françaises et russes étant quasiment équivalentes.
Orge
La moisson des orges d’hiver a déjà bien démarré, et est en avance de 5 à 10 jours selon les régions. Selon Céré’Obs, au 19 juin, 5% des surfaces étaient récoltées en France avec notamment un avancement rapide en Poitou Charentes (31%), en Aquitaine (18%) et en Occitanie (16%). Avec le temps sec de cette semaine, les travaux de récolte se poursuivent à forte cadence. Les échos sont plutôt encourageants, bien que comme toujours nuancés par les situations particulières, notamment les dégâts de gels. Calibrage et poids-spécifiques sont a priori au rendez-vous, tandis que le taux de protéines est parfois un peu élevé pour les malteurs.
Sur le marché de l’alimentation animale, contrairement à d’habitude, les orges peinent à se valoriser en « primeurs » en rendu portuaire à La Palisse, et partent plutôt vers les fabricants espagnols. Compte tenu de la petite récolte de nos voisins, le flux d’affaire départ sud-ouest vers l’Espagne permet à ce jour une meilleure valorisation que le portuaire.