
Marché des céréales
Inquiétudes sur la situation russo-ukrainienne
Les marchés cette semaine étaient partagés entre des bilans alourdis qui pèsent sur les cours, et des inquiétudes géopolitiques et climatiques qui apportent une certaine tension. Au final, le cours du blé tendre sur Euronext a gagné 8€ pour l’échéance de mars.
Au niveau mondial, le CIC a alourdi le bilan du blé tendre, en augmentant de +4Mt la production mondiale par rapport aux estimations de la fin d’année 2021. Des récoltes record sont attendues en Argentine et en Australie. La production mondiale grimpe donc de +1% par rapport à l’an dernier. Même si les prévisions de consommation mondiale sont relevées d’1Mt, faisant état d’une augmentation de l’utilisation de fourrages en Australie, les stocks sont révisés à la hausse par rapport au dernier rapport du CIC (+2Mt). A noter qu’en Australie, les stocks de fin de campagne grimpent à 6,6 Mt (contre 4,2 Mt), leur plus haut niveau en dix ans. Mais comparativement à l’an dernier, les stocks mondiaux sont plus bas de 2Mt.
En France également, le bilan offre/demande du blé a été alourdi la semaine dernière. France AgriMer a réhaussé les stocks de report, à 3,647 Mt (contre 3,5 Mt en décembre), du jamais vu depuis la campagne 2004/05, en raison de prévisions d’exportations plus faibles à prévoir, notamment vers l’Algérie. Ce pays a d’ailleurs contractualisé la semaine dernière 600kt de blé, mais vraisemblablement d’origine argentine et mer Noire, malgré la compétitivité du blé français. A noter que, en Russie, les taxes à l’exportation devraient être abaissées à partir du 19 janvier.
Sur la scène internationale, le blé tendre et l’orge fourragère restent bien demandés, avec les achats respectifs de la Turquie et de l’Algérie, de 345 kt et 205 kt. On notera également les appels d’offres respectifs de l’Iran et de la Jordanie pour les livraisons de 60 kt de blé meunier à charger en février-mars, et 120 kt de blé et autant d’orge fourragères à charger en juillet-août. Par ailleurs, le Japon a acquis près de 72 kt d’origine états-unienne et canadienne.
A mi-campagne de commercialisation, les volumes d’exportation sont globalement en ligne avec les prévisions selon le Synacomex. Et au niveau européen, on note 15,324Mt de blé exporté contre 14,55Mt l’an dernier à la même date (UK compris) selon les chiffres de la Commission européenne. L’Algérie est toujours en tête (2,545 Mt), mais avec une part de marché un peu plus faible (16,6% contre 21,1% l’an dernier). L’Egypte est par contre beaucoup plus présente que l’an dernier. Au 16 janvier, 1,232Mt de blé européen ont été exportées vers ce pays, contre 256kt l’an dernier à la même date.
La campagne de commercialisation se déroule bien, même si l’absentéisme du au Covid et au variant Omicron impactent les transports ferroviaires et routiers. Il ne faudrait pas que la crise sanitaire s’amplifie. Un autre point de vigilance est à voir également du côté politique. Les marchés craignent les vives tensions politiques entre l’Ukraine et la Russie. En effet, une intervention militaire russe pourrait avoir des conséquences sur le commerce mondial avec un risque de flambée des cours du pétrole et du gaz. Et l’Union européenne est dépendante du gaz russe car la Russie est son principal fournisseur avec environ un tiers du gaz consommé dans l’UE produit dans ce pays.
Enfin, l’autre crainte est à regarder du côté des cultures nord-américaines, avec de vives inquiétudes concernant le temps sec dans l’hémisphère nord et en particulier aux Etats-Unis. Les états du Kansas, de l’Oklaoma et du Montana subissent par endroits une sécheresse extrême, et très froid. Ces états font partie des plus gros états producteurs de blé HRW d’hiver.