Marché des céréales
Les exportations françaises de blé et maïs revues à la hausse
Blé
Le moindre semblant d’amélioration dans les pourparlers entre la Russie et l’Ukraine est vu par le marché comme un possible progrès. Ainsi, mercredi le cours du blé à Chicago était en net repli, au point que la limite basse de -85cts a été atteint sur les échéances rapprochées. Et l’échéance mai sur Euronext a perdu -23€. Celle-ci a regagné hier +4,25€.
Côté météo, les prévisions sur le Midwest aux Etats-Unis ont accentué la pression baissière, des précipitations étant attendues sur ces régions très sèches. En France, selon Céré’Obs, au 14 mars, 92% des surfaces de blé sont dans un état bon à très bon, un chiffre stable par rapport à la semaine dernière. Cependant, dans certaines régions on note des précipitations moins importantes sur les semaines passées.
L’activité sur le marché du blé est importante à destination de pays de l’Union comme de pays tiers. Ce mardi, ce sont 30 kt de blé français qui sont partis de Rouen en direction de l’Egypte. Les flux se repositionnent différemment.
Néanmoins, sur le continent africain, la situation s’annonce très difficile selon Intercéréales. Le Maroc est confronté à une forte sécheresse qui impacte déjà les disponibilités en fourrages, l’Algérie a constitué quelques stocks mais ouvre un peu plus son cahier des charges sur le critère PS pour s’approvisionner davantage en origines européennes et françaises. Enfin, pour l’Afrique de l’Est (Ethiopie, Soudan), qui n’avaient déjà plus la capacité d’acheter du blé en raison de l’inflation, la situation est très critique pour la sécurité alimentaire de ces pays.
Dans son dernier rapport publié la semaine dernière, l’USDA a donné un coup de frein aux importations (Turquie, Egypte, Algérie) en raison d’une moindre disponibilité de la mer Noire. L’USDA a baissé de -4Mt les exportations ukrainiennes, et -3Mt pour les exportations russes. Mais pour certains analystes, l’USDA n’a pas encore été assez loin dans les impacts du conflit sur les échanges mondiaux. Il est d’ores et déjà attendu des révisions à la baisse dans les prochains mois.
De son côté, le CIC, dans son rapport publié hier, a abaissé de 3,7Mt sa prévision d’exportations par l’Ukraine, et de 1,5Mt les expéditions depuis la Russie, le plus bas niveau depuis 5 ans. L'incertitude accrue concernant les disponibilités en mer Noire a entraîné une résurgence de l'intérêt des acheteurs pour le blé de l'UE ces dernières semaines et les prévisions d'exportation du CIC pour cette origine sont relevées de +1Mt, à 33,9 Mt.
France AgriMer a intégré cet intérêt accru en ajoutant +800kt d’exportations françaises de blé vers les pays de l’Union, un chiffre encore conservateur selon ce dernier. De ce fait, la prévision de stock final sur le marché final passe ce mois-ci à 2,962Mt (contre 3,578Mt le mois dernier).
Contrairement au CIC et à l’USDA, certains analystes ont révisé à la hausse les prévisions d’exportations russes pour le mois de mars, car les restrictions envisagées par la Russie restent cantonnées à quelques pays de l’ex-URSS. La Russie, qui veut éviter les pénuries et l’explosion des prix, prévoit d’introduire des restrictions aux exportations vers 4 républiques ex-soviétiques de l’Union économique eurasiatique : le Kazakhstan le Bélarus, l’Arménie et le Kirghizstan.
Maïs
Comme en blé, les flux sur le marché mondial se réorganisent. L’Espagne et l’Italie se sont tournées vers le maïs américain pour leurs achats d’urgence. En effet, ces pays, comme les Pays Bas et le Portugal sont importateurs de maïs ukrainiens. Pour certains pays, le stock n’était pas très important au début du conflit. Les opérateurs ont dû se tourner vers d’autres origines. La Chine, autre acteur principal pour l’importation de maïs ukrainien, disposerait de réserves suffisantes pour la fin de la campagne. Selon Intercéréales, l’Ukraine avait exporté 2Mt de maïs vers la Chine sur les 8Mt prévues.
Le maïs français tire également son épingle du jeu, puisque, dans le dernier bilan publié par France AgriMer, les exportations de maïs vers les pays de l’Union ont été réhaussées, à 5, 050Mt (contre 4,830Mt le mois dernier). Le stock final est estimé à 1,969Mt, seulement 200kt au-dessus du stock de l’an dernier, où la fin de la campagne avait été très tendue.