Marché des céréales
Union européenne : un premier trimestre de campagne très poussif
En trois mois de campagne, 8,1 Mt de blé et 2,8 Mt d’orges et de malt ont été expédiées depuis les ports européens. Des quantités inférieures de 23 % et de 15 % à celles de l’an passé.
Sur le marché européen, le prix de la tonne de blé est inférieur de plus de 130 € à son niveau de 2022 et de plus de 40 € à celui de 2021. La plupart des céréaliers vendent leurs récoltes à pertes.
La guerre en Ukraine ne constitue plus un risque pour les marchés. Les opérateurs sont davantage à l’affut des nouvelles météorologiques parvenant d’Amérique du Sud et d’Océanie où l’El Nino est très actif.
Concurrencée par la Russie depuis le début de la campagne actuelle - l’ex-empire des tsars a déjà exporté 17 Mt en trois mois sur les 50 Mt disponibles à la vente - l’Union européenne a expédié moins de grains ces trois derniers mois que l’an passé à la même époque. Le différentiel est important.
8,1 Mt de blé ont été exportées, soit 23 % de moins que l’an passé. La Roumanie affiche la meilleure performance commerciale (2,2 Mt) suivie par la France (1,53 Mt) et la Pologne (1,49 Mt).
Dans le même temps, 2,1 Mt d’orges ont été chargées dans des cargos, des quantités inférieures de 15 % à celles de l’an passé et 36 % versus 2021. L’orge européenne est concurrencée par l’origine Mer Noire.
La France a vendu 1,43 Mt et la Roumanie 509 000 tonnes.
Le Maroc (1,47 Mt de blé) et la Chine (1,37 Mt d’orges) sont les deux premiers pays importateurs de céréales européennes.
L’Egypte préfère le blé russe au blé européen. Et depuis que l’Algérie a adapté son cahier des charges, la céréale russe est abondamment importée au détriment de l’européenne. Seules 688 000 t ont été achetées en quatorze semaines or Alger doit importer 8 à 9 Mt de blé durant la campagne. Il y a quelques années, le pays était la première destination du blé exporté d’Union européenne et de France notamment.
Depuis le début de la campagne, les exportations européennes de blé dur restent confidentielles (40 000 t) et essentiellement françaises (30 000 t). La céréale est d’abord réservée pour approvisionner le marché européen (cf encadré).
A l’import, l’Union européenne a acheté 2,27 Mt de blé, 818 000 t de blé dur et 4,67 Mt de maïs (- 43 % sur un an) depuis le 1er juillet dernier.
L’Espagne est le premier pays européen importateur de céréales en provenance de pays tiers. Ces trois derniers mois, les 3,2 Mt déjà achetées proviennent principalement d’Ukraine et du Brésil.
Toujours à l’import, l’Italie se différencie de ses autres partenaires européens en ayant importé 680 000 t de blé dur de Turquie essentiellement.
Depuis le 1er juillet, 4 Mt de blé, d’orges et de maïs ont été acheminées d’Ukraine vers l’Union européenne et le Brésil a livré 1,95 Mt de maïs.
Pas une semaine ne se passe sans apprendre que l’Ukraine ouvre une nouvelle route fluviale ou terrestre pour livrer ses céréales. Le trafic maritime s’intensifie le long des côtes roumaines et bulgares où un nouveau corridor maritime a été récemment ouvert.
Le blé dur rare et cher
La tonne de blé dur vaut autour 395 € à La Palice. Les prix des pates vont rester durablement élevés et là, la guerre en Ukraine n’y est pour rien !
Cette campagne-ci, la production mondiale de blé dur (31,4 Mt) est inférieure de 2 Mt à celle de la précédente. Hormis la Turquie, tous les pays producteurs ont récolté moins de grains que l’an passé. Aussi le marché de l’export se restreint alors que la demande croît.
Après avoir subi un été caniculaire, le Canada ne récolterait pas plus de 4,1 Mt (-1,7 Mt sur un an). Il ne pourrait pas exporter plus de 4Mt, soit 1,1 Mt de moins que la campagne passée.
Au cours de la campagne 2023-2024, la France a les moyens d’en vendre 725 000 tonnes à ses voisins européens sur 1,28 Mt produite. Les exportations vers les pays tiers sont réduites à peau de chagrin.