AgriBest : Tout est parti pour nous d’un constat initial
Yoan Méry
Directeur de La coopération
Agricole Ouest
En tant que directeur de La Coopération Agricole Ouest, j’ai souvent entendu la demande des coopératives de la région Ouest de réussir à aborder les sujets de la biodiversité des impacts des pratiques agricoles sur celle-ci, qu’ils soient positifs, négatifs ou neutres. Il s’avère que ces demandes n’étaient pas spécifiques à notre région mais bel et bien partagées par un grand nombre.
La question des coopératives était simple « Qu’existe-il actuellement en matière de mesure de la biodiversité ? »
L’objectif derrière cette question était d’aborder ce sujet relativement tôt et précisément pour évaluer la valeur ajoutée de la biodiversité dans les exploitations agricoles mais aussi d'améliorer ces pratiques pour avoir une vraie valeur ajoutée dans les productions.
Cette questions nous a permis de constater qu’il y avait énormément d’outils à disposition pour mesurer certains types de biodiversité, cependant, tous étaient très spécifiques et techniques, et aucun d’entre eux ne permettait d’avoir un point de vue à 360° sur le sujet.
Nous nous sommes donc très vite rendu compte que tous ces outils étaient experts certes, mais bien trop compliqués et coûteux à mettre en œuvre. Aucun d’entre eux n’utilisait le même langage, les mêmes unités ou méthodes de mesures différentes et parfois même divergentes et ne s'appliquaient qu'à un certain type de production.
Pourtant, la biodiversité représente désormais un véritable enjeu collectif et sociétal, un critère primordial en termes d’achat, de lien au marché et de valorisation des productions agricoles.
Une fois ces constats effectués, le moment était venu d’agir. Le risque en attendant trop pour développer l’outil, était de le laisser se faire développer par une autre structure d’un point de vue commercial en se voyant établir un cahier des charges par les filières aval, difficilement applicable par les filières amont.
Ces points d’ancrage maintenant posés, nous pouvons maintenant commencer à travailler sur le sujet, alors commence la deuxième partie du projet, la mise en action.
Cependant nous ne sommes pas un institut technique, ni spécialisés dans la biodiversité, nous sommes une fédération de coopératives qui doit donc s’adresser uniquement aux coopératives. Mais alors comment fabriquer l’outil ?
Dans un premier temps, nous nous sommes associés avec la caisse des dépôts (CDC Biodiversité) pour débuter les travaux, réfléchir à la forme que pourrait avoir l'outil mais surtout au besoin qu'il s'adresse à tout le monde. Pour ce faire, nous nous sommes attachés à travailler avec des naturalistes, experts de la biodiversité, le muséum d'histoire naturelle, la zone atelier etc.
Ensuite est venue la phase de discussion avec les futurs utilisateurs, quelles sont leurs demandes précises ? comment les mettre en œuvre ? Comment fabriquer l'algorithme ?
Et puis, durant plusieurs mois nous sommes allés tester l'outil auprès des agriculteurs coopérateurs de l'ouest mais aussi partout en France. Nous avons fait au total plus de 130 test sur tous types d'exploitations différentes dans l'objectif d'évaluer dans quelle mesure AgriBest était applicable aux différentes zones rurales et agricoles.
De tout cela en est ressorti plusieurs critères clés liés à la faisabilité dans l'exploitation :
Nous ne voulions pas que l'outil émette un avis quand à une exploitation pour si elle est "bonne" ou "mauvaise" en termes de biodiversité. Nous voulions surtout mettre en avant dans quelle mesure une exploitation a-t-elle encore des pistes d'amélioration.
Ainsi, une fois le cahier des charges établi, l'outil était prêt à partir en développement, nous avons décidé de nous tourner vers l'entreprise de développement d'applications JAYA et l'application AgriBest a pu voir le jour.
Toute cette première phase s'est effectuée dans un pas de temps très rapide et dans la plus grande discrétion de par l'aspect inédit de ce projet, et le besoin de rester maître du cahier des charges.
AgriBest va donc permettre aux agriculteurs de savoir où en est leur exploitation en termes de biodiversité, mais également de se positionner entre eux de manière anonyme. Mais ces données peuvent-être aussi consultées par tous les prescripteurs, les coopératives, une chambre d'agriculture, une collectivité territoriale etc.. Ces diagnostics vont permettre aux entités d'avoir un T0 au sujet de la biodiversité afin de prendre des engagements à ce sujet, valoriser ce qui est déjà présent et surtout améliorer ou non ce qui était déjà en place.
Cette aventure nous aura permis de sortir de nos sentiers battus, d'expérimenter mais surtout de sortir de nos métiers de fond en nous associant et collaborant avec d'autres corps de métiers, mais surtout d'apprendre énormément.
Cet outil, nous n'en sommes ni les propriétaires ni les maîtres, ce sont les personnes et entités qui l'utilisent qui le font vivre. C'est ce pourquoi il est important qu'il soit massivement testé et utilisé, c'est uniquement en le déployant partout en France qu'il deviendra le standard en termes de biodiversité.
L'intérêt face à la biodiversité est général, AgriBest ne se positionne pas en concurrence par rapport aux autres outils au contraire, il peut permettre de rediriger les utilisateurs vers un outil plus spécifique et précis une fois les problématiques liées à l'exploitation identifiées.
En résumé cet outil est simple, gratuit, rapide et efficace et répond à la demande des coopératives en France en s'adressant à tous les types d'élevages et de productions. Son ambition de devenir le standard en termes de mesure de biodiversité n'aboutira que s'il est utilisé par tous, c'est en multipliant les petits pas de la part du monde agricole que nous y parviendrons.
Retrouvez toute la documentation sur AgriBest : https://agribest.fr/