Marché des céréales
La baisse des prix des céréales fait craindre l’effet ciseau
Depuis quelques semaines, les marchés des céréales retrouvent une certaine sérénité. Ils sont davantage pilotés par des facteurs économiques et financiers depuis que le corridor sur la Mer Noir a été prolongé. Mais l’afflux de grains disponibles fait fléchir les cours dangereusement, sous le seuil de rentabilité des cultures.
Comme les tensions géopolitiques se sont considérablement apaisées dans le bassin de la mer Noire, les marchés céréaliers réagissent au fil de l’actualité économique provenant des bassins pays exportateurs et de l’évolution de la demande des pays importateurs.
Or l’Australie sera en mesure de produire quasiment autant de blé (36,6 millions de tonnes – Mt) et d’orges que l’an passé (13,4 Mt). Par ailleurs, le prolongement du corridor sur la mer Noire facilite l’écoulement des céréales ukrainiennes et surtout, il rend les exportations russes plus sereines. La zone géographique est moins risquée pour les compagnies d’assurance. Or la Russie est pressée de vendre ses céréales.
La plus grande fluidité des transactions et l’afflux de grains contribuent fortement au recul des prix des céréales. A Rouen la tonne de blé a perdu près de 50 € en un mois et retrouve progressivement le niveau de prix observé neuf mois plus tôt, lorsque les hostilités entre la Russie et l’Ukraine débutaient. Les prix de l’orge fourragère et du maïs se sont repliés dans les mêmes proportions. La tonne d’orge vaut moins de 270 €.
La réévaluation de l’euro par rapport au dollar de près de 5 % en un mois a accentué la baisse des cours.
Bien qu’ils demeurent très élevés par rapport aux campagnes de la seconde moitié des années 2010, les prix des grains atteignent des niveaux critiques, en mesure d’effrayer les producteurs. En effet, les coûts de production des surfaces de céréales implantées sont au moins équivalents aux prix sorti ferme. La conjoncture économique n’est plus celle de la campagne 2021-2022 et encore moins celle de 2020-2021. L’effet ciseau deviendra une réalité si la baisse des prix des céréales se poursuit.
A l’export, l’Union européenne pourrait ne pas atteindre ses objectifs de campagne en blé notamment (34 Mt). Au terme des 5 premiers mois de campagne, les Vingt-sept ont seulement expédié 13,9 Mt de blé et 2,7 Mt d’orges.
Mais la France s’en sort mieux. Notre pays a exporté à lui seul 5,6 Mt de blé et 1,06 Mt d’orges.
Quatre pays ont acheté plus d’un million de tonnes de blé européen chacun. L’Algérie, premier client a même importé 2 Mt. Sur le marché de l’orge, l’Arabie saoudite est en tête des pays importateurs. Elle a acquis un million de tonnes loin devant la Chine qui s’est contentée d’importer que 440 000 t alors que l’an passé les livraisons approchaient 2 Mt à pareille époque.
Sur des volumes plus réduits, l’Union européenne a vendu du blé dur à des pays absents du marché européen l’an passé. Les Emirats arabes unis s’est fait livrer 63 000 t, l’Algérie, 60 000 t et la Tanzanie, 48 000 t.
A l’import, la France est absente. Mais les vingt-six autres pays européens ont déjà importé 12 Mt de maïs en cinq mois.
L’Espagne est le premier pays importateur de maïs (4,5 Mt) suivie par les Pays Bas (1,3 Mt) et la Pologne (1 Mt). L’Italie et le Portugal ont aussi acheté tous les deux près de 1,8 Mt à parts égales.
La moitié du maïs importé par l’Union européenne est brésilien. Mais l’Ukraine est parvenue à vendre 5 Mt de grains aux Vingt-sept en 5 mois par voies maritime et terrestre.
Selon Ukrainian Agri Council, 1,14 Mt de céréales a été expédiée le mois passé par le rail. La plus grande quantité de céréales (242 000 tonnes) a été transportée via la gare d'Izov située à la frontière polonaise.