#1001MetiersdAvenir
Carbon Manager
Les missions de Pierre du Peyroux, en tant que Carbon Manager, s'articulent autour de la création, l'animation et le développement des projets carbone de sa coopérative Axéréal , basée en région Centre-Val-de-Loire. Après avoir travaillé 10 ans dans la mise en marché des céréales, Pierre s'est orienté vers la décarbonation, objectif qui concerne toutes les activités de la coopérative. Parce que l'agriculture, aussi essentielle soit-elle, est un secteur avec un impact environnemental élevé, l'enjeu climatique est primordial pour ses professionnels. Ces derniers ont déjà amorcé la transition énergétique depuis des années et la renforcent leurs actions. L'innovation et la transformation sont des composantes majeures du métier de Carbon Manager.
La transversalité du métier rend le quotidien palpitant selon Pierre et donne du sens à ses missions. Il doit échanger avec les équipes engrais, les agronomes, les clients, les transporteurs et surtout les agriculteurs pour avancer sur l'ensemble de ses projets. La finalité des missions de Pierre est d'accompagner les agriculteurs à transformer leurs pratiques.
Après une analyse précise de l'état des lieux, Pierre les accompagne vers l'appropriation de nouvelles méthodes de travail puis vers un plan d'actions repensé, c'est-à-dire avec un impact carbone réduit. Les 2 grands leviers pour Pierre, mais aussi pour le monde agricole, sont la baisse directe des émissions de GES et l'augmentation du stockage du carbone dans les sols.
Après 2 ans de recherche en agroécologie sur les couverts en grandes cultures, le groupe Terres du Sud a présenté ses résultats le 18 octobre 2022. Le fait de semer ses couverts comme ses engrais, en surface avant récolte, apporte des bénéfices immédiats sur la qualité des sols et le rendement des futures cultures.
Semer ses couverts comme ses engrais, l’innovation du semis de surface avant récolte
APRÈS 2 ANS d’expérimentations, nous avons présenté le 18 octobre dernier, les résultats de nos recherches portées sur les couverts en grandes cultures.
L’objectif ? Réussir à implanter sans irrigation des couverts végétaux l’été afin de restructurer le sol en profondeur, de concurrencer les adventices après la récolte de céréales et de recycler/capter de l’azote pour améliorer l’enracinement et le rendement des futures cultures face aux aléas climatiques.
La pratique ? Le semis de surface avant récolte, qui consiste à épandre un couvert végétal en mélange 3 semaines avant la moisson d’une céréale à paille. Les graines sont enrobées pour améliorer l’épandage, le couvert peut ainsi germer et s’enraciner avant la récolte. Cette technique apporte 20 jours supplémentaires en comparaison aux pratiques classiques, pendant lesquelles les racines peuvent se développer, valoriser l’eau présente dans le sol et ainsi mieux résister aux fortes chaleurs et aux stress hydriques des mois suivants.
En 2021, tests sur différents semis de surface
En 2021, un réseau de 8 parcelles couvrant une surface de 44 ha a permis de comparer cette pratique de semis de surface aux pratiques de semis direct (avec semoirs à disques et à dents) et de semis après déchaumage (semis après travail du sol). Sur ce réseau, 3 couverts végétaux différents composés de 8 espèces ont été utilisés par les 8 producteurs partenaires.
En conclusion, avec un été 2021 très arrosé, le semis de surface produit autant de biomasse que les couverts semés en direct (autour de 3 tonnes de matière sèche fin septembre) mais les espèces se développent différemment. Sur la diversité des espèces, deux sont sélectionnées pour leur capacité à germer dans les conditions de semis de surface et pour leur résistance au passage de la moissonneuse batteuse.
En 2022, expérimentation complète avec les espèces de couverts les plus efficaces
En 2022, nous avons travaillé sur une parcelle de 10 hectares de blé tendre chez Éric Labadie, EARL LA LAGUE à Nérac (47). Le mélange utilisé est issu de 4 années de Recherche & Développement réalisées par un semencier du nord de la France.
Ce couvert est constitué à 90% des deux espèces sélectionnées en 2021 et il est enrobé avec la technologie MAS qui permet d’agglomérer les graines ensemble pour les épandre facilement sur 24 mètres de large, comme un engrais type ammonitrate.
Le couvert a été semé début juin 2022, 12 jours avant la moisson, à l’aide de l’épandeur à engrais. Cette technique assure une facilité et une rapidité d’implantation : 6 minutes par hectare. L’ensemble des pailles ont été restituées par broyage au sol afin de garder l’humidité des rares orages du mois de juin.
Après un été 2022 battant des records de vagues de chaleurs et de déficit hydrique, le couvert a résisté et a permis de protéger le sol par une production de plus de 5 tonnes de matière sèche par hectare aux zones les plus denses.