Marché des céréales
La moisson, c’est parti mais les prix baissent
La prochaine récolte blé serait d’environ 33 Mt. Elle serait permise par un rendement moyen estimé à 69,5 q/ha selon Intercéréales et Arvalis. Mais les prix des céréales ont encore reculé cette semaine.
Au mois de mai dernier, de nombreux responsables professionnels agricoles craignaient une récolte de blé inférieure de 20 % à la moyenne des années passées. Il n’en sera rien. Le retour des précipitations a restauré une partie du potentiel de production perdu durant la période caniculaire intervenue mi-mai. La première estimation de la production de blé serait d’environ 33 Mt. La France sera donc présente sur les marchés internationaux pour exporter du blé aux pays qui en ont besoin.
Selon Arvalis et Intercéréales, la prochaine récolte de blé serait permise par un rendement de blé moyen qui atteindrait 69,5q/ha, inférieur à 3 % à la moyenne des dix dernières années. Le taux de protéines est d’ores et déjà estimé à 11,6 %
« Il faut souligner une hétérogénéité inédite de cette récolte sur tout le territoire, au sein d’une région et au sein d’une même exploitation », souligne les deux organisations dans un communiqué paru le 1er juillet dernier.
Ces derniers jours, les conditions de cultures de blé et de l’orge d’hiver sont restées stables, bonnes à très bonnes à hauteur de 63 % mais elles demeurent inférieures de 12 à 15 points par rapport à leur niveau observé l’an passé. La situation de l’orge de printemps est plus critique. Les conditions de cultures bonnes à très bonnes à 52 % accusent un différentiel de près de 30 points sur un an.
Sur les marchés, l’avancée des moissons rassure. Les opérateurs commencent à avoir une idée précise de la prochaine campagne de commercialisation qui se dessine. A Rouen, le prix de la tonne de blé a de nouveau baissé durant la semaine et se rapproche du seuil de 330 €. Le 7 juillet dernier, la tonne de blé valait 332 €.
A la même date, la tonne de maïs valait 277 € à Bordeaux et celle de l’orge fourragère, 282 €. L’effet ciseaux prix-charges menace.
Les prix des céréales ont aussi diminué dans le sillage des cours de l’ensemble des matières premières, y compris du pétrole le 6 juillet dernier. Les marchés boursiers redoutent une crise économique, un ralentissement de la croissance et des taux d’intérêts qui renchériront le coût des dettes des Etats.
A l’international, la quasi-parité de l’euro et du dollar rend les céréales françaises particulièrement compétitives. Un signe qui ne trompe pas, l’achat de 170 000 tonnes de blé par le Gasc, ce qui est peu commun en ce début de campagne.
En Russie, les taxes à l’export sont dorénavant converties en rouble. Aussi, leurs montants seront liés à l’évolution de la parité entre le rouble et le dollar.
Selon le site Ukrainagroconsult (UAC), l’Ukraine sera en mesure de produire 50 millions de tonnes (Mt) de grains cette année, ce qui lui permettra d’exporter 30 Mt. Et d’après le Conseil international des céréales, la production ukrainienne de blé (20 Mt) serait inférieure de 5-6 Mt à la moyenne. L’an passé, la récolte avait atteint un niveau record de près (33 Mt).
Depuis la fermeture des ports ukrainiens de la Mer Noire, le site d’experts UAC mentionne les succès remportés par les solutions de transport alternatif mises au point au fil des mois pour exporter des denrées agricoles. En mars dernier, 350 000 t de grains ont été expédiées par trains, par camions ou par cargos depuis d’autres ports maritimes, roumains notamment. En juin dernier, le trafic a porté sur 2,1 Mt.
Autre sujet de satisfaction, la production mondiale de blé dur (33,4 Mt) revenue à son niveau d’avant 2020 à quelques centaines de milliers de tonnes prés. Le Canada récolterait 6,2 Mt, soit 3,5 Mt de plus que l’an passé. Les récoltes avaient alors été détruites par des températures plus que caniculaires.
Au cours des 12 prochains mois, 8,6 Mt de blé dur seront exportées dans le monde, dont 5,4 Mt depuis le Canada. Le Maroc (1,2 Mt) et l’Union (2,6 Mt) européenne doubleraient leurs achats au cours des prochains mois. Le royaume chérifien, très affecté par la sécheresse survenue l’hiver dernier, trouvera sur les marchés les quantités de blé dur qu’il n’a pas été en mesure de produire cette année. La Turquie achètera aussi 700 000 t de blé dur, soit 550 000 t de plus que l’an passé.