
Marché des céréales
Le contexte géopolitique, élément de soutien du marché des céréales
Le contexte géopolitique avec le regain de tension entre l’Ukraine et la Russie mais également le contexte macro-économique avec des inquiétudes autour de la Chine et des Etats-Unis sont venus impacter le marché des grains cette semaine.
Le bilan mondial du blé est lourd. Les stocks de report sont importants notamment en Europe, qui doit composer avec un blé russe de plus en plus agressif. De ce contexte, sont nées des tensions en Europe de l’Est, avec les pays voisins de l’Ukraine (voir notre papier du 21 avril). La Commission européenne a finalement tranché en adoptant mardi 2 mai une mesure de sauvegarde exceptionnelle qui autorise seulement le transit de céréales et d’oléagineux ukrainiens (maïs, blé, colza, semences de tournesol) en Pologne, Hongrie, Bulgarie, Slovaquie et Roumanie (source Agra Presse). Cette mesure doit courir jusqu’au 5 juin et permettre de limiter l’afflux de ces grains ukrainiens dans ces pays limitrophes.
Cette décision a été prise alors que les tensions entre l’Ukraine et la Russie sont croissantes et que les négociations entre ces deux pays se poursuivent pour définir le devenir du corridor.
Ceci crée un climat d’opacité sur la disponibilité future du grain car la date de fin approche et est fixée au 18 mai. Il ne reste plus beaucoup de temps pour inspecter les navires, les faire naviguer, les charger et les ramener dans les eaux internationales avant cette date limite.
Ces fondamentaux ont été appuyé par un mouvement de repli de l’euro à la suite de la décision de la BCE de relever encore ses taux pour faire reculer l’inflation. L’ensemble de ces éléments ont orienté à la hausse les cours du blé sur Euronext sur ces deux dernières séances. On enregistre un gain de 9,75 €/t, échéance septembre 2023, sur les séances du 3 et 4 mai.
Ce rebond efface la perte du début de semaine due à une pression importante provenant de la disponibilité mondiale et des bonnes conditions climatiques constatées dans l’hémisphère Nord (à l’exception de l’Inde). Les derniers chiffres de FranceAgriMer, dans son rapport Céré’Obs, confirme la bonne condition des cultures avec 93% du blé tendre qui évolue dans des conditions « bonnes à très bonnes » (-1 point par rapport à la semaine passée, +5 points par rapport à 2022).
A noter cette semaine, l’Egypte, qui a profité du repli des cours de la semaine passée, pour acheter 655 000 t de blé sur juin et juillet majoritairement pour origine russe. Un nouvel appel d’offre est lancé par la Tunisie pour 100 000 t de blé dur et 75 000 t d’orge fourragère.
Du côté du maïs, le marché a évolué dans le sillage du blé. La demande est faible que ce soit aux Etats-Unis ou en France, éloignant la crainte d’une pénurie inter-récolte. Le marché nord-américain subit la forte concurrence du Brésil alors que ce dernier rencontre des pénuries d’entreposage en raison de la récolte record de soja. Les producteurs doivent donc livrer leurs productions de maïs et de soja sans pouvoir l’entreposer, ce qui entraine une chute des prix sur les bases locales mais également sur le marché mondial, alimentant un peu plus la concurrence avec le maïs américain.
Au niveau national, les semis de maïs progressent de 15 points pour atteindre 59% au 1er mai, en retard de 22 points par rapport à l’an dernier. Ce retard est dû aux conditions humides constatées ces dernières semaines dans la moitié Nord de la France.