Questions à…

Laurent Bleuze,
Responsable Bioéconomie
La Coopération Agricole
 

Actualités Agricoles : Quelle fonction occupes-tu au sein de LCA ?

Laurent Bleuze : Je suis Responsable Bioéconomie depuis maintenant 2 ans à La Coopération Agricole au sein de la Direction Compétitivité et Transitions.

A.A.  : En quoi cela consiste-t-il ?

L.B. : J'anime un groupe de coopératives agricoles dont les objectifs sont la sensibilisation à la thématique, la formation et le partage d’expérience sur la bioéconomie pour favoriser le développement de projets coopératifs et la montée en compétences. Pour rappel la bioéconomie vise à intégrer des productions agricoles et sylvicoles dans les filières alimentaires et non alimentaires (énergie, matériaux, chimie et fertilisants). C’est l’économie circulaire appliquée au monde du vivant. Elle regroupe les étapes de la production à la valorisation de la biomasse agricole, des coproduits et des biodéchets.

J'ai aussi pour mission de représenter les coopératives (acteurs centraux de la bioéconomie) auprès des pouvoirs publics et des acteurs privés afin de valoriser leurs initiatives et le potentiel de développement de projets. En effet, les coopératives concentrent les flux de matières premières (biomasse) sur l'ensemble du territoire et ont pour mission d'apporter de la valeur ajoutée à leurs adhérents coopérateurs. Aussi, la bioéconomie est une opportunité pour le monde agricole avec un fort potentiel de diversification grâce au développement de nouvelles filières basées sur la biomasse agricole. Enfin, je développe des outils de communication et de formation, par exemple vous pourrez venir découvrir les produits bioéconomie des coopératives qui seront exposés dans une vitrine du stand LCA au prochain Salon International de l'Agriculture de Paris 2025.

A.A. : Comment qualifierais-tu ton expertise ?

L.B. : Multiple, la thématique de la bioéconomie est extrêmement large. En effet, elle recoupe aussi bien la production de la biomasse par les agriculteurs, sa mobilisation par les coopératives, sa transformation par des procédés (mécaniques, thermiques, chimiques, biologiques) et enfin sa valorisation dans des secteurs applicatifs très variés et souvent insoupçonnés : alimentation, textile (lin et chanvre), matériaux de construction (isolant à base de paille, béton de chanvre, énergie (biogaz, bois énergie), fertilisants (digestats et composts), pharmaceutique, cosmétique, transport (carburants et matériaux), …. Je m’occupe de la veille sur toutes ces différentes étapes pour pouvoir les partager aux coopératives et les partager si ce sont des initiatives coopératives.   

A.A. : En trois mots, quelles sont les qualités nécessaires pour être performant(e) dans ton domaine d’expertise ?

L.B. : Curiosité / Capacité d'écoute / Pédagogie  

A.A. : Quels sont les sujets « chauds » / d’actualité sur lesquels tu travailles en ce moment ?

L.B. : Méthanisation / Hiérarchie des usages de la biomasse / Durabilité des matières premières agricoles  

A.A. : Ta vision : quels objectifs te semblent primordiaux à atteindre dans les 5 prochaines années ?

L.B. : Je pense que les objectifs primordiaux à 5 ans sont multiples. On doit mettre en avant l'importance du dialogue territorial afin d'aider les coopératives à mieux communiquer avec leurs territoires pour co-construire l'avenir. En effet les coopératives sont des outils collectifs d'adaptation du territoire (R&D, pépinière sociale) et pas seulement des silos ou des usines de transformation agroalimentaire. À mon niveau, le défi est qu'elles se saisissent des potentiels de diversification par le développement de nouvelles filières de valorisation de la biomasse qui conjuguent des applications alimentaires et non alimentaires tout en s’assurant de la durabilité des systèmes développés. Ces nouvelles filières agricoles peuvent rendre des services au territoire : se déplacer (biocarburants), se chauffer (bois énergie), se vêtir (textile) et être structurante pour le développement de l’écosystème de la coopérative.
Aussi elles doivent :
(i) faire un diagnostic de leur territoire,
(ii) investiguer les pistes de développement,
(iii) statuer sur celles qui sont plus pertinentes pour déterminer leur stratégie d'entreprise
(iv) dialoguer avec leur territoire pour expliquer et faire accepter leurs projets de développement aux acteurs concernés et à la population.

Questions « quick fire »

A.A : Si ta fonction était un animal ? ou un arbre…

L.B. : Le Gingko, symbole de résilience

A.A : Si ta fonction était un objet culturel (livre, film, morceau de musique) ?

L.B. : Un livre : l'âge des low tech, vers une civilisation techniquement soutenable

A.A : Quelle est ta devise professionnelle ?

L.B. : « Individuellement nous sommes une goutte d'eau. Ensemble nous sommes un océan. » Ryunosuke Satoro