
Marché des céréales
BAISSE OU AJUSTEMENT ?
Blé
Les exportateurs français, et probablement aussi les russes, espéraient bien tirer quelques profit de l’appel d’offres égyptien de blé tendre. Mais ce sont les Etats-Unis qui ont enlevé l’affaire avec 120 000 t. Pour le marché américain jusqu’alors assez peu performant en matière d’exportation (et la hausse du dollar n’arrange pas les choses) ce tender est bien venu, mais insuffisant pour provoquer un mouvement haussier des cours. La déception des exportateurs européens et tout particulièrement français, alimente par contre le repli d’Euronext et du marché physique français qui l’a accompagné par un tassement des primes pour aboutir à un prix rendu Rouen de 181 €, soit une baisse de 4 € en une semaine. Pourtant les fondamentaux restent favorables, avec une activité en portuaire à destination des pays tiers qui ne se dément pas. 228 kt ont été chargées dans les ports de l’hexagone, destination hors U.E, pendant la semaine du 21 au 27 mars, sur un total de 400kt pour l'ensemble des pays européens. Le retard globale de l’U.E par rapport à l'an passé continue ainsi à se réduire. Nos exportations restent largement destinées à l’Algérie et, à l’occasion d’un colloque organisé récemment par France Export céréales les craintes ont été évoquées quant à cette part trop prépondérante qu’occupe ce pays dans nos ventes de blé pays tiers. Les Algériens peuvent légitimement souhaiter élargir leur panel de fournisseurs et les candidats ne manquent pas.
Parmi les facteurs de baisse on peut aussi évoquer une diminution de compétitivité des prix français après leur récent rebond et ce malgré le retrait de l’euro sous 1,13 $. Enfin, le marché pâtit de l’habituel attentisme qui précède la publication d’un rapport USDA, en l’occurrence celui encore à paraître à l’heure où nous bouclons cette chronique. Le Conseil International des Céréales vient de publier le sien qui augmente sa dernière estimation de récolte mondiale de blé de 24 Mt, à 759 Mt ; une hausse de 10 Mt de la consommation limite les effets de cette hausse, le stock final n’étant alourdi que de 6 Mt à 270 Mt dont 68 Mt chez les principaux exportateurs, inchangé.
Orge
L’orge a fortement décroché. La prime par rapport au contrat blé, redescend à -13 € après être remontée à - 8 € avec l’annonce de chargements importants vers l’Iran, 50 000 t embarquées à Rouen et 60 000 t en voie de chargement (40 000 à Rouen et 20 000 à La Pallice). Cette hausse des cours au moment où s’ouvrait l’appel d’offres saoudien de 720 000 t n’a pas favorisé l’offre française et, bien qu’une certaine confusion persiste concernant une participation de nos exportateurs, la plupart des observateurs pensent qu’ils ont été absents de l’affaire. Mais, comme pour le blé, des prix en retrait, 165 € rendu Rouen coté aujourd’hui, et un euro en baisse sont des atouts de relance, d’autant que la Chine pourrait revenir au marché.
Maïs
C’est l’article du jour. Plus que les dégâts causés aux lieux de stockage par les inondations, c’est la répercussion sur les semis qui pourrait s’opérer du maïs vers le soja, qui préoccupe les opérateurs. Les Etats-Unis ont réalisé une vente importante à la Chine, 300 000 t, dans laquelle les observateurs ont cru voir un signe de détente dans le différend sino-américain. Les prix n’ont pas rebondi pour autant sur la place américaine, accusant même un retrait après la publication des chiffres hebdomadaires de production d’éthanol, conséquence d’arrêts de production par certaines usines dans les zones inondées. Les importations dans l’U.E se poursuivent à un rythme soutenu ; elles atteignent maintenant 17,5 Mt, soit 41 % de plus que l’an dernier, à date ; la France y prend une petite part, mais significative, avec 98 000 t entrées au 18 mars, contre 5 000 t l’an dernier même date ; un nouveau bateau est attendu en Bretagne. Les cours du maïs s’insèrent dans la tendance baissière générale, dans un marché limité aux achats du côté des Fabricants d’aliments qui ont plus tendance à intégrer de l’orge que du maïs dans les formulations.
Le CIC remonte son estimation de récolte mondiale de 10 Mt la portant à 1124 Mt ; mais la consommation relevée de 34 Mt permet de ramener le stock de 305 à 266 Mt.