Marché des céréales
Prolongation de l’épisode baissier
Blé
D’un long week-end pascal on n’attendait certes pas une relance de l’activité. Le marché a retrouvé ses premières marques avec la réouverture de Chicago lundi. Une réouverture qui n’a fait que confirmer la tendance de la semaine précédente : la baisse. Mardi, Euronext a repris ses cotations, en accompagnant le mouvement de Chicago même si le recul de l’euro, par rapport au dollar a permis d’en atténuer les effets. Les conditions météorologiques et l’état des cultures continuent de jouer un rôle majeur dans l’évolution des marchés. Aux Etats-Unis, le dernier « crop rating » de l’USDA note une progression de 2 points des surfaces de blé jugées « bon à excellent état » à 62 % ; c’est 2 fois plus que l’an dernier à la même date. Les conditions sont jugées bonnes dans le bassin Mer noire. Le rapport StatCan, constatant une augmentation de la surface tous blés de 3,8 % sur l’an passé (malgré une réduction de l’aire blé dur de 18,8 %), a ajouté à la pression et les perspectives de la prochaine récolte font peser sur les prix, qu’il s’agisse de cette fin de campagne ou de 2019/2020. Enfin, Le rapport du CIC (Conseil International des Céréales), publié cette semaine, révise ses projections 2019/2020 en portant la production mondiale de blé de 759 à 762 Mt, dont 79,5 Mt pour la Russie, soit une hausse de 2,4 Mt sur la projection de mars, et le stock final de 270 à 274 Mt.
D’autres facteurs que la météo ou les diverses prévisions, interviennent actuellement, de manière importante dans la conjoncture. Notamment un règlement du différend sino-américain qui s’éternise, avec ses rebondissements stériles. L’épidémie de peste porcine qui ravage le cheptel porcin chinois et qui réduira les besoins d’importation de l’Empire du Milieu de matières premières agricoles de quelque 10 Mt, sont aussi un élément baissier considérable. Sans oublier les mesures décidées par Washington contre les exportations de pétrole iranien, qui vont impacter le secteur des oléagineux (voir rubrique).
En Europe, les craintes de sécheresse ne contrebalancent pas les bonnes perspectives générales de production, et constituent d’autant moins un facteur de soutien des cours que les espoirs de pluies se confirment.
Dans l’hexagone aussi, l’arrivée des précipitations est bien venue pour les producteurs, mais on s’interroge encore de leur persistance. Ce questionnement freine la demande des utilisateurs, les fabricants d’aliments du bétail en particulier, se contentent de compléments de couvertures en vieille récolte et ne s’engagent pas sur la nouvelle en attendant de pouvoir juger du rapport pluie/marché.
A l’export, les chargements se poursuivent dans les ports français mais sans nouvelles grosses affaires à l’horizon hormis l’achat tunisien de 92 000 t et un appel d’offre saoudien pour du blé. La baisse de l’euro à 1,115 €, outre d’avoir permis une résistance d’Euronext à la baisse de Chicago, offre une compétitivité accrue au blé européen, c’est-à-dire plus particulièrement au blé français ; car la France reste la locomotive de l’exportation européenne. Sur les 16,54 Mt sorties par l’U.E à destination des pays tiers entre le début de campagne et le 24 avril, soit 0,3 Mt de moins que l’an passé, la France intervient pour 7,99 Mt, soit 1,55 t de mieux que l’an dernier, à date. Il reste un peu plus de 2 mois pour réaliser l’objectif avancé par FranceAgriMer de 9,7 MT, et finir sur un stock léger de l’ordre de 2,4 MT.
Le constat, pour le moment, c’est un prix du blé à 175/176 € rendu Rouen, contre 200 € en début d’année. Jeudi, Euronext, aidé par la poursuite de la baisse de l’euro, a marqué un coup d’arrêt dont on ne sait s’il se confirme ou annonce une reprise, tant les cours sont sensibles au Weather market.
Orge
L’orge s’est d’autant plus aisément insérée dans la spirale baissière ouverte par le blé, qu’elle y ajoute une absence d’activité en portuaire. On ne peut avancer que des cotations nominales, à 158 €, rendu Rouen en vieille récolte et rien en nouvelle. Le petit courant sur l’intérieur, pour l’alimentation animale, révèle un prix de 163 €, rendu Bretagne.
Les exportations d’orge de l’U.E depuis le début de la campagne ont porté sur 3,65 Mt ; c’est une chute de 1,1 Mt par rapport à l’an dernier et, là encore, la France s’en tire plutôt bien, avec 1,99 Mt, un chiffre pratiquement équivalent à celui de la précédente campagne.
StatCan estime à + 10,2 % la progression des surfaces d’orge au Canada pour la prochaine campagne.
Maïs
L’UE en est à 19,9 Mt importées des pays tiers par l’U.E depuis le début de la campagne contre 14,1Mt l’année dernière. La part de la France est minime dans cette affaire et elle est bien modeste aussi à l’exportation. En revanche, le maïs a renforcé sa position sur l’intérieur auprès des fabricants d’aliments du bétail qui observent actuellement l’avancement des cultures. Une sorte d’équilibre négatif s’est créé, les producteurs, eux-aussi négligeant le marché, profitent des bonnes conditions météo pour accélérer les semis. Selon l’AGPM, les semis déjà réalisés représentent la moitié de la sole prévue, les régions Poitou-Charente, Rhône-Alpes, Ile de France, Centre étant les plus avancées. Dans ce contexte, les prix varient peu, pour un volume d’échange réduit.
Les nouvelles projections du CIC pour la campagne 2019-2020, n’ont augmenté que de 1 Mt le chiffre de la production mondiale de maïs par rapport aux prévisions de mars, la portant ainsi à, à 1125 Mt. En revanche, la prévision de stock final passe de 266 à 275 Mt.