
Marché des céréales
Effacement de la Russie
Blé
Le shutdown de l’administration américaine continue de perturber les opérateurs. Le film des négociations entre la Chine et les Etats-Unis fini par lasser même si la tonalité semble plus positive cette semaine avec un possible accord d’importations de 3 à 7Mt de blé américain par la Chine en 2019, qui laisse interrogatif. La Russie reste le principal facteur d’animation du marché.
Le marché mondial du blé est soutenu par la raréfaction de l’offre russe. S’il est fort probable qu’il n’y aura pas une position tranchée de la part du gouvernement russe, type embargo ou taxes, diverses dispositions visant à ralentir l’exportation continuent à être actées, comme la différenciation des aides logistiques selon les débouchés. Quoi qu’il en soit, le marché joue son rôle et les prix parlent d’eux même. La poursuite de la hausse des prix au départ de la Russie élimine progressivement l’origine russe de la scène internationale. La Syrie aurait toutefois encore acheté 200Kt de blé russe. La Tunisie a acheté 4 bateaux de 25kt pour livraison fev/mars. Au regard du prix finalisé (260$ CAF), l’origine Mer Noire, bénéficiant de la baisse du fret, reste dans la course, mais selon les rumeurs du marché il n’est pas impossible que cette affaire se concrétise en blé français, qui, en prix Fob, se situe maintenant à 9$/t de moins que le blé russe. Autre signe du relai qui semble s’enclencher par l’Union Européenne : des affaires auraient été conclues au départ de la mer baltique (origine polonaise et/ou baltes) à destination de l’Egypte et de la Turquie. Le cours du blé rendu portuaire progresse de 2,5€/t cette semaine, mais reste quasi inchangé en $/t à la faveur d’un fléchissement de l’euro.
L’autre facteur de soutien au prix sur le marché européen est la baisse brutale des températures dans les pays du nord de l’union, avec dans l’ensemble des champs peu protégé par la neige.
Le Conseil International de Céréales publie d’ailleurs ce jeudi sa première estimation pour la production mondiale de blé tendre pour la campagne 2019/2020. Celle-ci devrait progresser de 2% et s’établir à 751 Mt. Cette prévision de hausse de la production de 30 Mt par rapport à la campagne précédente, s’affiche plus mesurée que celle de l’analyste privé StratégieGrains publiée la semaine passée (+50Mt.) Toujours selon le CIC, la consommation mondiale devrait progresser de 1%. Les stocks finaux, dans cette première projection, sont attendus à peu près stables (à 263 Mt) à l’échelle mondiale, mais devraient continuer à se réduire chez les principaux exportateurs (-2Mt) et à augmenter en Chine.
La hausse des prévisions de production s’explique par une augmentation de 1% des surfaces dédiées au blé. Elles sont estimées à 220 mha. La principale progression est attendue en Europe. Compte tenu des prix plus attractifs et des reports de surfaces initialement dédiées au colza vers le blé, les emblavements sont évalués à 26.6 m ha (soit +5%). Après un automne particulièrement sec dans le nord de l’UE, les pluies récentes ont été bénéfiques. En Russie, la hausse des surfaces est estimée à 0,8%, et les conditions actuelles des blés d’hiver sont jugées correctes. En Ukraine, la hausse est plus marquée (+3%) et le CIC ne relève pas d’inquiétudes pour le développement des cultures pour le moment. Aux USA, en raison de pluies excessives au moment des semis d’automne, la baisse des surfaces dédiées au blé d’hiver (HRW) est conséquente mais elle pourrait se traduire par un rebond des surfaces de blé de printemps.
Orge
Comme on le sait, les disponibilités mondiales d’orge sont peu élevées cette année. Le Conseil International des Céréales modifie à la marge son bilan mondial et confirme une baisse de production de 4% par rapport à l’an passé (140 Mt) et prévoit, malgré la diminution de la consommation, des stocks au plus bas depuis 23 ans. Depuis des mois le marché a intégré ces données, portant le cours de l’orge au-dessus de celui du blé tendre, pour finalement se replier ces derniers temps.
A la faveur de cette baisse des cours, diverses affaires se sont nouées sur la scène internationale : la Tunisie a acheté 50 kt, la Jordanie 60kt et l’Iran 60kt également. Difficile de savoir de quels pays partiront les bateaux pour ces destinations. Il n’est pas certain que ce soit des orges européennes qui partent en direction de ces différents pays. L’Arabie Saoudite, quant-à-elle, n’est toujours pas revenue aux achats.
Maïs
Selon le Conseil international des Céréales, grâce à de bonnes récoltes en Ukraine, aux USA et en Amérique du Sud, la planète devrait finalement engranger sa seconde plus importante récolte de maïs pour cette campagne en cours. Par rapport à novembre, le CIC augmente sa prévision de 3 MT en raison d’une hausse des chiffres de l’Ukraine (+ 2 Mt à 35,5 Mt ) et de l’Union Européenne (+3,5 Mt à 65 Mt ) qui compensent la baisse en Afrique du Sud (-1,6 Mt à 10,7 Mt) et au Brésil (-1,6 Mt à 93,5 Mt)
Concernant le marché européen, les importations se poursuivent et atteignent maintenant 13,4 Mt. Le marché physique français reste peu animé à l’export. La principale demande se situe du côté des fabricants d’aliments nationaux qui continuent à privilégier le maïs dans leur formulation. Le cours sur le marché à terme progresse légèrement, dans le sillage du blé tendre.