Analyse du marché des céréales
Jeu de vases communicants
Blé
L’USDA base ses prévisions économiques pour l’agriculture des Etats-Unis sur 19 millions d’hectares de blé, tous blés confondus, alors que les producteurs américains avaient semés 20,3 millions d’hectares l’an dernier. Cela serait la plus petite surface dédiée à la culture du blé aux Etats-Unis depuis que le département de l’agriculture enregistre ces données, c’est-à-dire depuis 1919. Et selon certains analystes, cela pourrait baisser encore tant les prix du soja aujourd’hui apparaissent attractifs par rapport à ceux des céréales de printemps. Toutefois, cette perspective n’a pas permis de soutenir réellement le marché, car les quantités disponibles cette campagne-ci suffisent à rassurer les acheteurs.
Le ministère de l’agriculture argentin prévoit une hausse significative des surfaces récoltées et donc une production de blé tendre en hausse à 18,3 Mt, alors que l’USDA table sur 15 Mt et le CIC sur 16 Mt. Si les chiffres officiels se confirment, cela équivaut à 3 Mt de plus sur le marché mondial. Ce surplus d’offre s’ajoute à l’abondante récolte australienne. Ainsi, selon leurs sources nationales, ces deux pays de l’hémisphère Sud qui comptent parmi les principaux exportateurs, totalisent environ 18 Mt de production supplémentaire par rapport à l’an passé.
Le Conseil International des Céréales, dans sa dernière publication de ce jeudi (cf. tableau de la semaine ci-contre), estime en effet une production mondiale toutes céréales à 2,1 milliards de tonnes, soit la plus importante récolte jamais enregistrée. Cette situation n’est pas nouvelle, puisque cela fait un moment que les opérateurs ont intégré ces éléments, mais la prévision de l’offre mondiale augmente à nouveau de 7,5 Mt. (+ 1 Mt de blé, +4,5 Mt de maïs et +2 Mt d’orge).
Au niveau européen, les statistiques d’exportation ne sont guère encourageantes. Cette semaine, tout juste 81 kt de blé auraient été chargées dans les différents ports de l’UE à destination des Pays-Tiers. La performance depuis le début de la campagne s’établit à 15,7 Mt, bien en dessous de l’an dernier (-2Mt). Tandis que l’Europe peine à alimenter le marché mondial, la Russie continue, pour le moment, à remporter les appels d’offres égyptiens et vient de vendre à nouveau 360 kt cette semaine au GASC. Les opérateurs attendent de nouveaux appels d’offres de l’Algérie et de l’Arabie Saoudite.
Maïs
L’estimation de la production mondiale de maïs augmente encore, notamment avec de belles perspectives au Brésil. Certains analystes privés tablent maintenant sur 95 Mt, alors que l’USDA prévoyait 86,5 au début du mois. Les prix baissent sur le marché à terme américain.
En France, les prix restent stables et l’activité est réduite. Plus étonnant, les importations de maïs dans l’Union restent très en-deçà des attentes.
orge
L’Australie engrange également une très belle récolte d’orge.
Le CIC augmente de 2,3 Mt son chiffre de production pour ce pays. Ces disponibilités supplémentaires vont directement se retrouver sur le marché mondial, ce qui laissera moins d’opportunités aux orges européennes à l’exportation pour les prochains mois. Pour le moment, les cours se maintiennent mais sans réel courant d’affaire en portuaire. Les opérateurs cherchent surtout à travailler des qualités intermédiaires avec la nutrition animale.