Marché des céréales
Un essoufflement du marché des céréales
Les marchés restent dominés par les inquiétudes liées au conflit en Ukraine. Les échéances courtes restent extrêmement volatiles, réagissant à la moindre inquiétude, mais les cours des nouvelles récoltes s’essoufflent et ont été orientés à la baisse toute la semaine sur Euronext et sur le CBOT à Chicago.
A la clôture hier, seul le blé Euronext sur mai était en hausse.
Les conditions climatiques sur les Etats-Unis continuent de se dégrader et d’inquiéter les marchés. Le manque d’eau dans les régions Centre et le Sud des Plaines perdure. Le crop rating en blés d’hiver s’affiche comme bon à excellent à seulement 30 %, contre 53% il y a un an, au niveau le plus bas depuis 1996.
En parallèle, la Corn Belt ne cesse d’être arrosée. Ce phénomène, couplé à de basses températures, entraine un retard des semis de maïs. Seul 4% des semis sont réalisés contre 6% en moyenne à la même date.
Au Brésil, l’absence de pluie dans le centre et le Sud du pays fait craindre une stagnation de la croissance des maïs. Entre 30 et 40% du maïs souffrirait de la sécheresse. Les prévisions météo n’indiquent aucunes précipitations importantes d’ici le 15 mai.
En Argentine, bien que des précipitations soit attendues, il ne devrait pas y avoir de perturbations des récoltes. Environ 20% des surfaces ont déjà été récoltées avec un rendement pour le moment inférieur à la moyenne des dernières années.
En France, des pluies favorables ont eu lieu ces derniers jours dans certaines régions. Mais elles ne suffisent pas à compenser le manque des dernières semaines. Une nouvelle dégradation pluvieuse est attendue dans les prochains jours qui devrait arrosée une grande majorité de la France. Céré’Obs a revu très légèrement à la baisse ses conditions de cultures de Blé tendre, passant de 92% à 91% de cultures jugées comme bonnes à très bonnes, contre 85% en 2021.
Sur la scène internationale, les autorités égyptiennes ont confirmé ce qui était pressenti en délivrant une autorisation pour accepter les blés d’origine indienne sur leur territoire. De son côté, l’Inde atteint des niveaux records d’exportation avec 8 millions de tommes déjà exporté cette année. Le potentiel estimé de cette origine étant de 10 millions de tonnes. L’Inde se confirme donc comme origine de poids pour ces prochaines années, d’autant plus que le Conseil international des céréales (CIC) a annoncé, le 21 avril, une production attendue record avec 111,3 millions de tonnes (+2%) pour 2022/2023.
Le CIC a annoncé de nouvelles prévisions de production, de consommation et de stocks dans le monde qui sont extrêmement provisoires compte tenu du conflit dans la région de la mer Noire. Ce rapport prévoit, pour la première fois en quatre ans, une baisse de la production de blé en 2022-2023 à 780 millions de tonnes, soit une baisse minime par rapport à l’année précédente. Cette baisse résulterait d’une réduction de la superficie mondiale de récolte de 1%, de conditions climatiques difficiles et d’une utilisation réduite des engrais.
La consommation est elle provisoirement relevée à 1%, soit 785 millions de tonnes. Mais ce chiffre dépend fortement de la durée du conflit en Ukraine et des conséquences sur l’offre et les prix mondiaux.
Tout comme la production, les stocks mondiaux sont estimés en recul pour la première fois en quatre ans à 277 millions de tonnes. Alors que l’Inde pourrait voir chuter ses stocks nationaux compte tenu de la demande (intérieure et extérieure), d’autres pays comme la Chine pourrait voir leurs stocks s’accroitre pour atteindre un volume théorique qui pourrait représenter la moitié du stock total mondial.