
Marché des céréales
La Chine, premier pays tiers importateur de céréales françaises
Parmi les pays importateurs de blé et d’orges françaises, hors de l’Union européenne, s’est imposé l’ex-empire du milieu. Sur ces marchés, il a détrôné l’Algérie et l’Arabie saoudite, en têtes l’an passé. Pour le maïs, la France sera moins agressée par les pays de la Mer Noire.
La dynamique des échanges commerciaux, mêlée à des inquiétudes climatiques persistantes, agitent les places de marché. Ce 16 octobre 2020, la tonne de blé vaut 203 € à Rouen.
Le seuil de 200 € franchi la semaine passée a de nouveau été atteint mercredi dernier après avoir entre temps reflué de quelques euros. Les prix des autres céréales ayant davantage augmenté ces derniers jours, leur décote est dorénavant bien inférieure à 20 €/t.
Mais à plus de 200 € /t à Rouen, le prix payé aux céréaliers français ne couvre pas encore les coûts de production dans la majorité des exploitations, compte tenu de la faiblesse des rendements des cultures.
Du reste, les prévisions de production de céréales françaises ne cessent d’être revues à la baisse mois après mois. A l’issue de son dernier Conseil spécialisé « Grandes cultures », FranceAgriMer estime dorénavant les productions de blé, d’orges, de blé dur et de maïs à 29,2 millions de tonnes (Mt) (- 0,3 Mt sur un mois), à 10,5 Mt (-0,3 Mt), 1,3 Mt et à 12,7 Mt (-0,6 Mt).
La France n’a vendu que 1,3 Mt de blé depuis le mois de juillet dernier sur les 6,7 Mt disponibles à l’export, soit 0,7 Mt de moins que l’an passé à la même période.
La Chine est le premier pays tiers importateur de blé depuis le début de la campagne.
370 kt de blé, soit 29 % des expéditions, ont été achetées par la France. Or l’ex-empire du milieu était quasiment absent l’an passé à la même époque sur le marché français.
Entre temps, les pays d’Afrique subsaharienne sont restés très fidèles à la France même si moins de blé a été vendu que l’an passé. Mais les 377 kt achetées représentent 28 % des ventes (+ 5 points en un an).
A contrario, l’Algérie n’a importé que 360 000 t (28 % des ventes), soit 960 000t de moins qu’en 2019. Sa part de marché a ainsi diminué de 36 points en un an.
Par ailleurs, la Chine est quasiment devenue le pays importateur exclusif d’orges françaises depuis le début de la campagne 2020-2021. Elle en a acheté 1,09 Mt, soit 96 % de la quantité de grains expédiée hors de l’Union européenne ces trois derniers mois. Mais l’incertitude plane pour l’avenir. Les capacités d’exportation de la France sont réduites (2,7 Mt expédiables dans l’Union européenne et 2,9 Mt vers les pays tiers). Et l’Arabie saoudite n’est encore pas venue aux achats depuis le début de la campagne.
Horizon plus dégagé pour le maïs
Quant aux exportations françaises de maïs vers ses voisins européens, l’horizon concurrentiel se dégage. La Roumanie, la Bulgarie et l’Ukraine voient leur production de maïs s’effondrer de près de 14 millions de tonnes (Mt), ce qui réduit quasiment d’autant leurs capacités d’exportation. Alors qu’en produisant 12,7 Mt de grains, la France est en mesure de vendre 4,1 Mt de grains, soit 300 000 t de plus que l’an passé.
Hors de l’Union européenne, la France ne vendrait que 140 000 t de grains durant la campagne. Pour s’approvisionner, la Chine privilégie l’Ukraine dont elle importe chaque année un peu plus de grains (plus de 6 Mt la campagne passée selon l’USDA) alors que les Etats-Unis n’en expédient qu’à peine un million de tonnes. La part des importations décline chaque année.
L’équivalent de 123 % de la consommation stockée
Dans son dernier rapport publié le 9 octobre dernier, l’USDA s’est focalisé sur deux points : la production de blé en Russie et la récolte de maïs aux Etats-Unis. Ses annonces sont quasiment passées inaperçues car elles étaient connues par d’autres sources d’information depuis quelques semaines.
Selon l’institut américain, la Russie n’engrange pas 78 Mt de blé mais 83 Mt. Les 5 Mt de blé engrangées en plus sont compensées par les productions moins importantes, estimées encore le
mois passé, en Ukraine (25,5 Mt) et en Argentine (19 Mt). Les reculs portent respectivement sur 1,5 Mt et de 0,5 Mt. Par ailleurs, l’ancien pays des tzars stockerait 2,5 Mt de blé pour sécuriser l’approvisionnement de son marché à la fin de la campagne.
Mais la Russie, l’Ukraine et le Kazakhstan piloteront un tiers du commerce mondial de blé (63 Mt sur les 189 Mt exportables). Et en ayant dorénavant la capacité d’expédier jusqu’à 39 Mt de blé durant la campagne, la Russie dispose d’une véritable force commerciale (voire géopolitique) lui permettant de suppléer les pays exportateurs en défaut.
Les pays exportateurs majeurs de blé finiraient la campagne avec des stocks de report de 126 Mt, soit moins d’un quart de leur production. En revanche, l’Inde et surtout la Chine se sont lancées dans une nouvelle opération de stockage. Les deux pays portent à eux deux la hausse mondiale de 22 Mt des stocks de blé attendue d’ici le mois de juin 2021.
L’ex-empire du milieu disposerait alors de 164 Mt, soit l’équivalent de 123 % de sa production annuelle.
Une campagne de maïs bien moins exceptionnelle qu’annoncée
Révision après révision, la récolte étasunienne de maïs est dorénavant estimée à 374 Mt ce mois d’octobre, soit près de 50 Mt de tonnes en moins que les premières estimations avancées au début de la campagne des semis.
En conséquence, la hausse la production mondiale de grains de 42 Mt sera juste suffisante pour compenser l’augmentation de la consommation et des échanges commerciaux. Les stocks mondiaux en fin de campagne seront globalement stables dans les pays exportateurs, les Etats-Unis mis à part où ils augmenteront de 5 Mt et en Chine où ils baisseront de 12 Mt.