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Marché des céréales
Prix des céréales : les opérateurs projetés sur la campagne 2022-2023
Seule une production mondiale massive de maïs au cours des douze prochains mois refluerait les prix mondiaux des céréales.
Sur le marché de Rouen, les prix de la tonne de blé et de la tonne d’orges fourragères – récolte 2022 - oscillent autour de 340 € et 330 € depuis une semaine.
D’ici la prochaine récolte, le prix de la tonne de blé pourrait s’assagir et se stabiliser autour de 300 € la tonne, selon Laurent Berthelier, directeur trading et trituration de Feed Alliance. Le 7 avril dernier, il intervenait à la Journée des matières premières 2022 organisée par l’Aftaa.
La planète ne manquerait pas en soit de blé. Mais les marchés des céréales sont tirés par la demande. Aussi, les cours devront couvrir les coûts de production très élevés.
Mais surtout, l’évolution des cours mondiaux des céréales dépendra de la prochaine récolte de maïs au cours des douze prochains mois dans l’hémisphère sud puis l’hémisphère nord (1 206 Mt en 2021-2022 – source CIC). Les stocks mondiaux sont très faibles et les farmers américains pourraient être tentés de cultiver jusqu’à 36 millions d’hectares de soja, moins gourmand en intrants que le maïs pour se développer.
En attendant, les conditions de cultures des céréales d’hiver dans l’hémisphère nord ne justifient pas à elles-seules des prix aussi élevés.
Mais sur les places des marchés, les courtiers et les autorités des pays importateurs de blé en charges des achats naviguent à vue, au rythme des nouvelles provenant du bassin de la Mer Noire mais aussi des autres grands pays exportateurs de céréales où la situation est parfois tendue.
Les récentes prévisions du Conseil international des céréales et de la FAO pour la campagne 2022-2023 sont d’ores et déjà désuètes. En estimant entre 785 et 790 millions de tonnes (Mt), la production mondiale de blé, les deux organismes n’ont pas pris en compte l’impact de la guerre en Ukraine.
En Ukraine, l’agriculture manque de bras, d’engrais et de produits phytosanitaires. Tallage, le cabinet d'études agro-économiques, « table sur une production 2022 de céréales d’hiver en net repli, avec des rendements inférieurs de 20 % à la moyenne ».
Un tiers de maïs en moins en Ukraine
Selon le ministre ukrainien de l’agriculture, Mykola Solskyi, la superficie de maïs cultivée cette année serait réduite d’un tiers comparée à celle de l’an passé. Les soldats russes auraient détruit une partie des semences maïs disponibles et des infrastructures logistiques nécessaires à la production.
En Russie, le site sevecon.ru rapporte les difficultés rencontrées par les agriculteurs russes pour semer leurs cultures de printemps.
Ils manquent un tiers de la quantité nécessaire de semences de maïs hybrides pour emblaver leurs champs. La guerre en Ukraine en a gelé les importations.
Au ministère russe de l’agriculture, on mesure l’urgence de lancer une filière semencière pour rendre le pays plus autonome.
Dans l’état actuel des choses, l’équilibre des marchés des céréales tient à un fil. Il n’existe aucune marge pour compenser le moindre accident climatique qui générerait une baisse significative de la production de céréales disponible à l’export.
Même si la guerre en Ukraine cesse rapidement, la remise en état des ports de la Mer Noire nécessitera de longs mois. En attendant, l’équivalent de 7 millions de tonnes de céréales et d’oléoprotéagineux ne sont plus exportées chaque mois
Actuellement, les expéditions de céréales ne se font que par voies ferroviaires ou par camions, selon Sergey Feofilov directeur de l’agence de conseil UkrAgroConsult. Elles portent sur des volumes bien plus faibles.
« Le mois passé, seules 800 000 t de grains auraient été chargées vers la Roumanie, la Slovaquie, la Pologne et la Hongrie », affirme le ministre ukrainien de l’Agriculture.
La semaine prochaine, les prochaines prévisions de l’USDA, l’institut de statistiques américain, rendront mieux compte que le mois passé, de l’impact de la guerre en Ukraine en matière de production et d’exportation. En jeu, la clôture de la campagne actuelle 2021-2022 et l’ouverture de la prochaine de 2022-2023.
L’institut étasunien de statistiques agricoles pourrait aussi être amené à revoir à la baisse l’estimation de la production étasunienne de céréales car seules 30 % des conditions de cultures du blé d’hiver sont satisfaisantes, en ce début du printemps.
Du côté de l’import
Le conflit russe en Ukraine rend le quotidien des consommateurs des pays importateurs de céréales de plus en plus difficile.
Les pays d’Afrique du Nord sont à la fois confrontés à une sécheresse sans précédent, qui compromet d’ors et déjà la prochaine récolte de cette année, et à des difficultés durables pour s’approvisionner en blé et en farine. En Tunisie, les consommateurs ne parviennent plus à trouver du pain. Outre la question du prix du blé, se pose dans ce pays celle de la disponibilité.
L’Algérie et les autres pays producteurs de gaz et de pétrole du Golfe persique s’en sortiront mieux car les exportations d’hydrocarbures leurs procurent les devises nécessaires pour pays les céréales chères.
Du côté de l’export, la conjoncture de prix élevés profite aux pays exportateurs de céréales.
L’Inde est même en mesure de s’imposer sur le marché mondial en exportant jusqu’en Afrique et au Moyen Orient, jusqu’à 10 MT de blé selon l’USDA. Le pays ne se contentera pas cette année d’expédier des céréales à ses voisins sud-asiatiques.