
Marché des céréales
Céréales : timide reprise dans
un marché attentiste
Blé
En dehors d’un léger fléchissement la veille de la Saint-Sylvestre, les cours des céréales sont restés stables tout au long de la période des fêtes de fin d’année. En ces premiers jours de janvier, la reprise est encore timide. La commission européenne a actualisé ses publications statistiques. En revanche, les Etats-Unis sont empêtrés dans le bras de fer pour le vote du budget. En l’absence d’accord, certaines administrations ont interrompu leurs services. Le département de l’Agriculture n’est pas épargné par ce « shutdown » et ainsi de nombreuses statistiques ne sont pas publiées, dont les exportations américaines de grains. Certains craignent que le rapport de début janvier sur l’offre et la demande mondiale de grains, ne soit pas publié. Or, dans cette période d’incertitudes politiques et d’interrogations sur les équilibres entre les disponibilités de marchandises et les besoins des principaux importateurs, les statistiques et prévisions de l’USDA sont particulièrement attendues. La trêve entre la Chine et les Etats-Unis se traduira-t-elle en nouvelles affaires ? L’accord de principe entre les exportateurs et le gouvernement russe parviendra-t-il à réguler suffisamment les sorties de blé tendre et à apaiser les tensions sur le marché intérieur du pays ? Les conditions météorologiques adverses dans l’hémisphère sud, notamment en Argentine et en Australie se traduiront-elles par de nouvelles baisses dans les estimations de production et dans les exportations de ces deux pays ? Les importations européennes records de maïs de ces derniers mois vont-elles se poursuivre à ce rythme ?
La liste des questions est bien longue, et en l’absence de réponses claires ou évidentes, le marché peine à prendre une direction.
Il est certain que bons nombres d’opérateurs espèrent que le blé français, qui s’est essentiellement exporté vers l’Algérie sur le premier semestre, bénéficie de la moindre présence de la Russie pour trouver d’autres destinations sur cette deuxième partie de campagne. Lors de la réunion organisée avec les exportateurs le 20 décembre, le gouvernement russe a précisé qu’il n’y aurait pas de taxe à l’exportation ni d’embargo, et a donné un nouvel « accord » pour l’exportation de 14 Mt de blé d’ici la fin de la campagne. Alors que le pays aurait déjà exporté 24,5 Mt entre le 1er juillet et le 31 décembre 2018, cela porterait le total des exportations à 38,5 Mt, mais laisserait les stocks a priori sur les niveaux attendus puisque dans le même temps le gouvernement revoit la production nationale de blé à la hausse (72 Mt).
Ainsi, même si le chiffre des exportations russes reste élevé, le rythme va se réduire et laissera probablement de l’espace pour les autres concurrents. La raréfaction de l’offre russe s’est d’ailleurs concrétisée par une hausse régulière des prix au départ de la mer noire tout au long du mois de décembre. Autre élément, lors du dernier achat réalisé par l’Egypte le 20 décembre, le GASC a opté pour 60 kt de blé ukrainien et 60 kt de blé roumain et n’a pas retenu les offres russes devenues trop chères. Au cours des trois dernières semaines, période dédiée aux Assemblées Générales des coopératives puis à la traditionnelle trêve des confiseurs, l’activité sur le marché comme dans les ports français n’a pas montré d’accélération significative. On note toutefois un second bateau de 64 kt chargé à destination de la Chine, 3 bateaux de 20-25kt pour Cuba et deux premiers bateaux pour le Maroc (65kt).
Maïs
Le cours du maïs sur le marché français a suivi celui du blé. Les statistiques étonnamment élevées d’importations dans l’Union européenne n’impactent pas pour le moment le prix du maïs. Déjà jugé bas comparativement à celui du blé tendre, le grain français trouve preneur sur le marché intérieur des fabricants d’aliments. Ceci étant, entre les nouvelles entrées et les ajustements des statistiques, 11,3 Mt de maïs sont entrées dans les ports européens entre le 1er juillet et le 30 décembre, soit 3,7 Mt de plus que l’an dernier à la même date. Les flux ont été particulièrement importants depuis le mois d’octobre avec près de 2,5 Mt par mois... A ce rythme, il est évident que l’Union Européenne va battre ses records d’importations.
Orge
Les exportations d’orge de l’Union Européenne vers les Pays-Tiers s’élèvent à 2,6 Mt depuis le début de la campagne et sont comparables à l’an dernier à la même date. Et près de la moitié des expéditions se sont réalisées au départ de la France (46%). Après une activité importante à l’exportation en début de campagne à destination de la Chine (472 kt), c’est l’Arabie Saoudite qui a pris le relais (370 kt). Les chargements se poursuivent, mais le marché reste très calme.
Cette semaine, FranceAgriMer a publié ses données sur la collecte et les stocks. Et il est assez étonnant de constater qu’au 1er décembre les stocks d’orge chez les OS étaient supérieurs de 300 kt à ceux de l’an dernier à la même date, alors que la production et la collecte sont en retrait. L’orge étant devenue aussi chère que le blé en raison de la forte demande des Pays-Tiers, les fabricants d’aliments européens ont délaissé cette céréale. Mais sur ces niveaux de prix actuels, l’orge française semble peiner à trouver preneur.





