
Marché des céréales
Rumeurs de restriction aux exportations
Blé
Si jusqu’alors, la demande intérieure était importante, il semble bien que cette période soit désormais révolue. Le confinement modifie les habitudes de consommation et impacte la demande sur le marché intérieur. Ainsi, en plus d’une baisse du marché à terme d’Euronext de 3€ sur la semaine, s’ajoute une baisse de la prime entraînant une perte de plus de 5€ sur les prix de marché. Pour autant, la logistique demeure toujours problématique.
En revanche, à destination des pays tiers, la demande reste soutenue. Vendredi dernier, l’Algérie était de nouveau aux achats (250kt) après un volume faible acheté précédemment.
La Russie a proposé de limiter les exportations de céréales pendant les 3 prochains mois, à 7 Mt afin de limiter les risques de pénuries. Pour les analystes, cette restriction ne serait cependant pas très contraignante, car elle permettrait tout de même à la Russie d’atteindre ses objectifs d’exportation. Le ministère ukrainien de l'Économie a également proposé que les négociants en céréales limitent les exportations de blé à 20,2 Mt sur cette campagne. Ces annonces n’ont pas bousculé le marché mais donne un signal négatif sur un retour du protectionnisme alimentaire. Pour les organisations internationales FAO-OMC- OMS, « les incertitudes liées à la disponibilité de nourriture peuvent déclencher une vague de restrictions à l'exportation", provoquant elle-même "une pénurie sur le marché mondial" ».
Le CIC, dans son dernier rapport, estime la production mondiale vers un nouveau record (768Mt, +1%), du fait des hausses de surfaces. Le rendement moyen est estimé en léger retrait par rapport à l’an dernier.
Enfin, notons qu’avec les pluies abondantes de cet automne, la situation des nappes phréatiques est favorable sur la quasi-totalité du territoire français. Le temps sec et froid ralentit le développement des cultures. Cela est significatif puisque les températures moyennes sur les quinze derniers jours étaient inférieures de -1,5°C par rapport à la moyenne de ces 20 dernières années selon Arvalis. Au 30 mars, Céré’Obs estime les surfaces de blé en conditions bonnes à très bonnes à 63%, contre 62% la semaine précédente, gagnant un petit point (84% en 2019).
Maïs
En maïs, les prix sur le marché à terme américain continuent de baisser, dans un contexte de difficultés de la filière éthanol. La baisse du prix du baril de pétrole due à une demande moindre de part le confinement, a entraîné une demande moins importante en éthanol et a exercé une pression sur le maïs. Même la hausse du cours du pétrole hier n’a pas permis au marché américain de prendre des gains conséquents.
La parution des intentions de semis de la part de l’USDA cette semaine n’a pas impacté le marché de maïs, déjà fortement baissier. L’USDA estime qu'en 2020, les superficies de maïs seront les plus élevées depuis 2012. Les intentions d’ensemencement aux États-Unis sont évaluées à 97 millions d’acres (Ma) de maïs alors que certains analystes un chiffre de 94Ma.
Le CIC s’attend à une récolte de maïs record en 2020/21 (1,157 milliard de tonnes), principalement du fait d’un rebond des rendements, tout particulièrement aux Etats-Unis. Mais avec une hausse prévue des utilisations et des échanges, le stock de fin de campagne est estimé plus faible que cette année, à 274Mt (contre 289Mt).