
Marché des céréales
Le complexe céréalier porté par le dynamisme du marché mondial
Chose assez rare pour le signaler, le marché des céréales a connu quelques jours de stabilité en ce début de semaine. L’annonce de prolongation du corridor en Mer Noire ayant été anticipé par les marchés, nous avons pu observer quelques jours d’accalmie après des mois de volatilité. Mais les évènements mondiaux se sont rappelés aux acteurs et les inquiétudes sont fortes, orientant à la baisse les cours dès le milieu de semaine.
Au premier rang de ces évènements, nous retrouvons la crainte d’une baisse de la consommation mondiale, portée par la recrudescence de cas de Covid 19 en Chine – qui risque de pénaliser un peu plus la demande en grains fourragers - et l’inflation mondiale. A cela s’ajoute la remontée du dollar américain et la croissance des exportations de blé russes.
L’élément de support le plus important -et le seul- est le dynamisme du marché mondial. Nous en parlions la semaine dernière déjà, et cela s’accentue ces derniers jours. Le GASC a acheté pour 35 000 t de blé ukrainien, 140 000 t de blé russe. L’Algérie pourrait avoir acheté jusqu’à 450 000 t de blé dur lors de son dernier appel d’offres, l’Irak a acheté 200 000 t de blé australien et 100 000 t de blé canadien. Le Pakistan, lance un appel d’offre pour 500 000 t de blé tendre, la Jordanie pour 120 000 t de blé dur et la Turquie pour 455 000 t de blé.
Sur ce dernier appel d’offre, l’origine retenue sera probablement russe. Les Russes profitent de la très bonne compétitivité de leur blé pour accélérer les exportations. Les derniers chiffres annoncent 2,5 millions de tonnes (Mt) exportées à la mi-novembre, vers un record à 5 Mt pour ce mois de novembre.
Du côté des cultures, les conditions de semis en France sont bonnes. Au 21 novembre, FranceAgriMer estimait les semis de blé tendre complétés à 98% (soit une légère avance de 1 point par rapport à l’an dernier), ceux de blé dur à 84% (contre 74% en 2021) et ceux d’orge à 99%. Pour ces trois cultures, il faut de manière générale noter la précocité de levée et l’avancée de développement des végétaux qui pourraient être problématique en cas de gros coup de froid.
En Inde, les surfaces emblavées en blé d’hiver sont estimées en hausse à 10,1 millions d’hectares contre 8,8 millions en 2021.
En Australie, les pluies continuent de retarder les travaux de récolte et d’impacter la qualité des blés malgré une hausse des rendements.
En Argentine le retard s’accumule concernant les semis de maïs avec 32% d’emblavement seulement en raison de la sécheresse (en baisse de 16% par rapport à l’an dernier). Mais la fenêtre de semis pour ce grain est relativement large, les perspectives de la récolte ne sont pas compromises à ce stade.
Au Brésil, les semis sont terminés à 82% pour le maïs de première culture, en léger retard de 9 points par rapport à l’année dernière. A noter qu’au Mato Grosse, état qui produit le plus de maïs, 18% de la récolte sera utilisée pour la production de biocarburants en 2022/2023. Le Brésil a anticipé cette production en modernisant de nombreuses usines, les rendant flexibles à une production d’éthanol à base de canne à sucre ou de maïs.
En Ukraine ce sont les récoltes de maïs qui accusent un retard en raison du conflit. La moisson serait moitié moins avancée que l’année dernière à la même date. L’arrivée de l’hiver et des températures froides ne simplifieront pas le travail.