Marché des céréales
Météo, géopolitique et demande mondiale impactent les cours du blé et du maïs
Les conditions météorologiques dans les principaux pays producteurs et l’évolution du conflit en mer Noire ont mené les cours des céréales à la hausse en ce début de semaine. Mais le faible dynamisme du marché a effacé tous les gains de la semaine sur la seule journée de jeudi.
Le rapport USDA paru vendredi dernier était sans surprise et aurait pu être jugé baissier pour le blé si la pression climatique dans les pays producteurs n’était pas si forte.
Le rapport USDA revoit à la hausse son estimation de la production mondiale de blé pour 2023/2024 de 10,4 millions de tonnes (Mt) portant la production totale à 800,19 Mt. Notamment en raison de la hausse de la production en Russie (+3,5 Mt à 85 Mt), en Inde (+3,5 Mt à 113,5 Mt), en Ukraine (+1 Mt à 17,5 Mt) et en Europe (+1,5 Mt à 140,5Mt). Ce qui amène les stocks mondiaux de blé à 270,7 Mt (+6,4 Mt) en 2024.
Les importations chinoises sont revues en hausse de 1,5 Mt en raison des inondations qui ont frappé les productions locales. La qualité du blé semble impactée et les premiers échos font mention d’absence de qualité meunière cette année, c qui obligerait le pays à importer massivement du blé de cette qualité.
Le Coceral semble plus optimiste que l’USDA, et bien que la révision de l’estimation soit à la baisse, le chiffre avancé pour la production de blé est de 142,4 Mt (-2,1 Mt par rapport au mois dernier). Cette baisse s’explique principalement par la prise en compte du déficit hydrique en Espagne et l’impact sur les rendements.
En Russie, la récolte semble une nouvelle fois prometteuse, et le pays disposera d’un important stock de report, tout cela va tendra les capacités de stockage et obliger les agriculteurs à écouler la marchandise malgré des prix qui pourrait rester bas. Il y a donc fort à parier que la Russie sera encore très présente et très compétitive à l’export sur la prochaine campagne, à moins qu’un incident ne survienne.
En Australie, le Bureau Australien de l’Agriculture, de Ressources Economiques et des Sciences (ABARES) anticipe l’apparition du phénomène El Niño et abaisse sa production à 26,2 Mt, soit 2,8 Mt sous l’USDA.
A cet effet météo s’ajoute de nouvelles tensions autour du conflit Russo-ukrainien et la nouvelle remise en cause du corridor par Vladimir Poutine. Les opérateurs économiques semblent de plus en plus inquiets sur le maintien de l’accord compte tenu de la multiplication des évènements autour du conflit.
Le retour annoncé des pluies dans le nord de l’Europe et l’absence de demande au niveau international ont pesé sur les cours du MATIF en cette fin de semaine et ont éliminé les gains observés cette semaine.
Le marché du maïs évoluait également sur fonds de risques climatiques avec une Corn Belt toujours sèche, pénalisant les cultures de printemps. Le dernier crop rating du 11 juin réalisé par l’USDA affichait 61 % des cultures jugées comme « bonnes à excellentes » (-3 point par rapport à la semaine dernière), le plus bas niveau à ce stade depuis 10 ans. Le rapport USDA revoit à la baisse les exportations de maïs à partir des Etats-Unis de 50 millions de boisseaux en raison du retard des ventes dont l’origine principale est la forte compétitivité du maïs brésilien.
Au Brésil la récolte du maïs safrinha a démarré avec un peu de retard alors que le CONAB a redressé ses estimations de production de 0,2 Mt à 125,7 Mt (bien en dessous de l’USDA qui attend 132 Mt de production). Les exportations sont estimées à 48 Mt (contre 55 Mt pour l’USDA).
L’orge a trouvé refuge ces derniers jours dans la demande active de la Chine. L’amélioration des relations entre la Chine et l’Australie sera à surveiller car elle pourrait entamer le potentiel d’export de ce débouché alors que la Chine va faire face à une production plus importante de blé de qualité fourragère (voir début du texte).
Là aussi l’effet El Niño pourrait se faire sentir, ABARES a d’ailleurs revu ses projections de production à 9,9 Mt pour 2023/2024 contre 14 Mt en 2022.