Philippe CHALMIN, président de l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires (OFPM), a présenté le rapport 2023 remis au Parlement en présence de Marc FESNEAU, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
Le rapport revient sur le contexte inflationniste exceptionnel des marchés agricoles durant l’année 2022 ainsi que sur son impact sur les prix et les marges des différents maillons depuis la production jusqu’à la mise à la consommation, en analysant 34 produits agricoles.
2022 : le retour de l’inflation dans un contexte mondial de forte volatilité des prix agricoles
Les marchés agricoles mondiaux, déjà tendus en 2021 sous l’effet de la reprise post-Covid, ont été touchés de plein fouet par le déclenchement de la guerre en Ukraine qui a affecté, au premier chef, les céréales et les oléagineux. Les prix des matières premières agricoles destinées à l’alimentation humaine et animale ont atteint en 2022 des pics inédits depuis le choc pétrolier des années soixante-dix. Cependant, la guerre en Ukraine n’est pas la seule explication à la flambée des prix agricoles. Le recul de l’élevage en Europe et la décapitalisation des cheptels, en particulier dans le secteur bovin, ont aussi contribué à cette hausse.
L’augmentation des prix agricoles en 2022 a permis une meilleure couverture des coûts de production et une amélioration de la rémunération permise ou, le cas échéant, une amélioration du résultat courant des agriculteurs. C’est le cas dans le secteur du lait, des céréales et dans une moindre mesure, des porcs et des volailles, même si les résultats peuvent varier d’une exploitation à l’autre en fonction des stratégies de commercialisation et d’approvisionnement, notamment en engrais dont les cours ont flambé en 2022. À l’inverse, la situation se dégrade dans les exploitations laitières bio. Le secteur de l’élevage bovin reste également assez éloigné de son objectif de 2 SMIC par unité de travail humain (UTH).
Des augmentations de prix à la production en partie amorties par l’aval des filières
La flambée de nombreux prix sur les marchés agricoles s’est traduite par une augmentation des prix de l’alimentation de 7,3 % en 2022, au plus haut depuis 1985 et nettement supérieure à l’inflation générale des prix (+ 5,2 %).
Le rapport 2023 de l’Observatoire confirme néanmoins le constat des années précédentes, à savoir l’amortissement par l’aval (industries agroalimentaires et grande distribution) des chocs de prix observés à l’amont. La marge brute agrégée de l’aval est restée stable (+ 0,5 %), malgré la hausse des salaires et du prix des emballages et de l’énergie. La part de la matière première dans le prix au détail a, dans ce contexte, progressé. En moyenne, elle est passée de 45 % du prix de vente HT au détail en 2021 à 50 % en 2022.
L’Observatoire passe au crible 34 produits (incluant la pomme de terre, étudiée pour la première fois), dont 21 produits pour lesquels il peut désagréger la marge aval entre transformateurs et distributeurs. Pour ces derniers, l’amortissement des chocs de prix au stade consommateur a surtout été porté par la grande distribution en 2022. Cependant, pour les produits dont le prix au détail a progressé moins vite que la matière première agricole associée, les transformateurs aussi ont vu leur marge se comprimer. C’est notamment le cas pour la viande bovine, la viande porcine et le jambon.
Le résultat net des exploitations agricoles progresse surtout pour les productions dont la part, en valeur, a le plus augmenté dans le prix de vente au détail.
La valeur ajoutée et l’excédent brut d’exploitation se redressent aussi pour les industries agroalimentaires en 2022.
Concernant les marges nettes de la grande distribution, les dernières données disponibles de l’Observatoire portent sur l’année 2021 et montrent des résultats assez stables depuis 12 ans. La boucherie, la boulangerie et la marée, rayons d’appel, restent déficitaires, à la différence du rayon charcuterie, toujours en tête des rayons alimentaires bénéficiaires.
Pour télécharger le rapport 2023 de l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires, ainsi que sa synthèse : https://observatoire-prixmarges.franceagrimer.fr/
L’OFPM : un outil de transparence sur la formation des prix tout au long de la chaîne alimentaire
Placé sous la double tutelle des ministères chargés de l’agriculture et de l’économie, l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires éclaire les filières sur l’évolution des prix et des marges, depuis la production agricole jusqu’au consommateur final. Outil de transparence mais aussi de consensus au sein des filières, le rapport annuel de l’Observatoire remis au Parlement est discuté chaque année en groupes de travail thématiques puis au sein du comité de pilotage réunissant les représentants de l’ensemble des familles professionnelles, des consommateurs, des députés, des sénateurs et des services concernés de l’État. Il est adopté à l’unanimité.
Le rapport d’activité 2022
Est disponible
Terres Inovia vient de diffuser son rapport d’activité pour 2022. Une année riche en travaux, avec, notamment, le déploiement de la deuxième année du programme Cap Protéines.
L’année 2022 a été fructueuse en projets, travaux et expérimentations. « Terres Inovia a mis au point sa feuille de route stratégique, avec une orientation forte vers la compétitivité agroécologique », confirme Gilles Robillard, le président de Terres Inovia.
Un lien tissé avec les filières de l’élevage
2022 a été également marqué par le déploiement de la deuxième année des travaux de Cap Protéines, le programme de recherche, développement et innovation du Plan Protéines coordonné par Terres Inovia et l’Idele (Institut de l’élevage), signe d’une collaboration très réussie avec les filières d’élevage.
Au fil d’un rapport d’activité revu dans le fond et la forme, Terres Inovia passe en revue les événements marquants de l’année, en mettant en avant son important tissu de partenariats, ses implantations ou encore sa stratégie de communication à 360°.
Une année autour de dix objectifs de R&D
Le rapport d’activité dresse un panorama des différents projets et travaux autour de dix thématiques, comme par exemple « innover autour du colza de demain », « anticiper les évolutions du contexte géopolitique et climatique », « coconstruire des systèmes de culture multiperformants » ou encore « booster l’innovation autour des protéines végétales », avec des interviews de partenaires à l’appui.
Téléchargez le rapport d'activité
Un projet de sélection pour améliorer la compétitivité de la culture de pois protéagineux en France
Quelles approches peuvent être envisagées pour renforcer la compétitivité de la culture de pois protéagineux en France, face à l'agent pathogène majeur Aphanomyces euteiches, l’un des facteurs de l'instabilité des rendements ? Le projet DORA initié en 2019 et financé par Sofiproteol via le FASO (Fonds d'Action Stratégique des Oléoprotéagineux), a cherché à développer des stratégies de résistance génétique à l’Aphanomyces. Après plusieurs années de recherche, le projet a récemment abouti en 2023 et dévoile aujourd'hui ses premiers résultats.
En France, l’instabilité des rendements du pois protéagineux est un obstacle majeur au développement des surfaces cultivées et à l’essor de la filière. Parmi les facteurs contribuant à l'instabilité des rendements, la pourriture racinaire précoce due à l’agent pathogène Aphanomyces euteiches est l’un des éléments déterminants. Bien qu’aucune méthode de lutte n’existe actuellement contre cette maladie, la création de variétés résistantes pourrait constituer un levier efficace.
Le projet DORA, mené par un consortium d’acteur composé de sélectionneurs (KWS-Momont, Agri Obtentions, Limagrain, RAGT2n et Unisigma), de l’INRAe et de Terres Inovia, avait pour objectif d'améliorer les variétés de pois protéagineux en développant des stratégies de lutte efficaces pour contre l'agent pathogène Aphanomyces euteiches. Ce projet ambitieux a nécessité des recherches approfondies et des efforts concertés de la part de tous les partenaires impliqués.
L'une des étapes du projet a consisté à identifier de nouveaux marqueurs génétiques associés à des gènes de résistance à effet partiels déjà connus et à exploiter de nouvelles sources de résistance. Cela a permis d'élargir la palette des outils disponibles pour la sélection de variétés résistantes. Grâce à ces nouveaux marqueurs, les chercheurs ont pu cibler avec précision les zones du génome contrôlant la résistance d’intérêt en sélection assistée par marqueurs.
DORA a également permis de sélectionner des plantes présentant des combinaisons multiples de gènes de résistance. En croisant différentes lignées de pois porteuses de gènes de résistance, les chercheurs ont pu créer des combinaisons spécifiques de gènes de résistance, visant à maximiser l'efficacité contre l'agent pathogène. Cette approche de combinaison génétique a permis d’augmenter le niveau de résistance partielle des plantes.
Le projet a également accordé une attention particulière à l'évaluation de l'effet de ces nouvelles combinaisons de gènes de résistance sur divers caractères de la plante. Outre la résistance intrinsèque, les chercheurs ont étudié la tolérance, c’est-à-dire la capacité de préservation du rendement des plantes en réponse à l’infection, ainsi que l'architecture de leur système racinaire. Ces caractéristiques sont cruciales pour limiter la sévérité et l’impact de la maladie dans les cultures de pois. Les résultats ont montré que les nouvelles combinaisons de gènes de résistance avaient un effet positif sur ces caractéristiques, contribuant ainsi à la réduction de l’impact de la maladie et à l'amélioration de la santé globale des plantes.
Enfin, un test permettant de quantifier la présence de spores de conservation, dites oospores d'Aphanomyces euteiches dans les racines des plantes a été développé. Ce test s'est avéré extrêmement utile pour évaluer l'efficacité des nouvelles combinaisons de gènes de résistance. Les résultats obtenus ont confirmé une réduction significative de la quantité de spores dans les racines des plantes porteuses des combinaisons de gènes de résistance sélectionnées. Cela a permis de corréler directement la réduction de la charge pathogène avec la résistance accrue des plantes.
Le projet DORA a finalement permis de créer des ressources végétales innovantes, des marqueurs génétiques utiles, des méthodes d'évaluation améliorées, ainsi que des informations précieuses pour les sélectionneurs de variétés de pois, contribuant ainsi à la lutte contre la maladie et à l'amélioration de la résistance des plantes de pois protéagineux dans le futur.
Assurer un avenir durable
aux forêts françaises
La Charte de vitalité économique et sociale des Entreprises de Travaux Forestiers (ETF) a été signée entre la FNEDT et la FNCOFOR. Elle marque la volonté des parties de s’engager, davantage encore, pour assurer un avenir durable aux forêts françaises et aux acteurs qui les entretiennent.
Paris, le 26 juin 2023 - « La FNEDT est heureuse de dévoiler la charte de vitalité économique et sociale des Entreprises de Travaux Forestiers lors de ce grand rendez-vous qu’est Euroforest, et sa première signature avec la FNCOFOR. Toutes les communes ont au moins une ETF. Nous sommes des hommes et des femmes de terrain, des partenaires des mairies et des collectivités locales, présents sur tous les territoires », déclare Gérard Napias, président de la Fédération Nationale Entrepreneurs Des Territoires (FNEDT), à Saint-Bonnet-de-Joux (71).
Gérard Napias et Dominique Jarlier, président de la FNCOFOR, ont signé la Charte de vitalité économique et sociale des ETF vendredi 23 juin 2023 à Euroforest, en présence du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. Le ministre s’est félicité de cette première étape « signe d’une volonté commune de structurer et renforcer l’amont de la filière dont les entreprises de travaux forestiers sont un maillon essentiel ». Marc Fesneau insiste : « Il faut entretenir, faire vivre, reboiser et exploiter la forêt, en particulier pour apporter une protection environnementale contre les incendies. Il est important de changer de regard sur la forêt : le Canada paye aujourd’hui très cher d’avoir délaissé ses forêts ».
Dominique Jarlier reconnait également le rôle et les actions des ETF, partenaires incontournables : « 6 000 communes forestières, soit 15 % de la forêt française, œuvrent à la bonification des forêts, dans le respect des hommes et des femmes, de la nature et de la biodiversité ».
Par cette charte, les signataires s’engagent à encadrer les relations contractuelles entre les différents intervenants, rémunérer au juste prix les prestations, gérer durablement les forêts, veiller au respect de la réglementation, prendre en compte les aléas climatiques, assurer la formation et la sécurité sur les chantiers forestiers. Les contacts sont très avancés pour la signature de la charte avec d'autres organisations de la filière forêt présentes à Euroforest.
La charte de vitalité économique et sociale des ETF est le fruit du travail des entrepreneurs de travaux forestiers, de la commission Forêt de la FNEDT, d’ETF nouvelle-Aquitaine, d’EDT Grand-Est et du dialogue avec les organisations représentant les clients. Cette démarche, qui voit aujourd’hui sa concrétisation, a été engagée après l’enquête prospective 2030 « Entreprises de travaux forestiers : quels profils à l’avenir ? », commandée en 2021 par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, la FNEDT et l’Office national des forêts.