
Marché des céréales
En 2023-2024, l’Union européenne pourrait exporter 46 Mt de blé et d’orges
Les prévisions optimistes du CIC et de la Commission européenne participent à rendre les marchés des céréales sereins. Au cours de la prochaine campagne 2023-2024, les pays africains sont assurés d’avoir accès à 36 Mt de blé et à 10 Mt d’orges exportables depuis l’Union européenne, surtout si les importations de grains depuis le bassin de la mer Noire sont de nouveau compliquées.
La nouvelle production mondiale de blé et d’orges des principaux pays exportateurs de la planète sera mieux répartie que la précédente à la faveur de pays « sûrs ».
L’été prochain, la récolte de blé étasunienne et européenne serait potentiellement supérieure à celle de 2022 alors que la Russie n’est pas partie pour rééditer son exploit de la campagne qui s’achève.
En France, le Conseil international des céréales (CIC) évalue à 35,6 Mt la récolte française de blé. Sur le terrain, 93 % des conditions de cultures sont bonnes ou très bonnes selon Céréob’s, l’observatoire des grandes cultures de FranceAgriMer.
A l’échelle de l’Union européenne, le CIC évalue dorénavant à 137,8 Mt la production de blé (+ 4Mt sur un an).
Mais le CIC ne semble pas avoir encore pris en compte la situation très dégradée des conditions de cultures en Espagne et au Portugal. Selon le rapport March, le rendement potentiel en blé est d’ores et déjà inférieur d’au moins 20 % à la moyenne des cinq dernières années. En Espagne, il ne serait que de 2,82 tonnes par hectare contre 7,25 t en France.
Dans ce contexte, les importations ibériques de blé pourraient croître durant la prochaine campagne. Or depuis le 1er juillet, l’Espagne a déjà importé 2,98 Mt de blé et près de 900 000 tonnes d’orges.
Pour l’orge, la situation est similaire à celle du blé. L’estimation de la production française d’orges par le CIC (11,8 Mt) est permise par des conditions très majoritairement bonnes à très bonnes à hauteur de 92 % (source Céréob’s).
L’organisme international table dorénavant sur une production européenne d’orges de 52,4 Mt. Cette récolte serait permise par un potentiel de rendement estimé en orges d’hiver à 5,93 tonnes par hectare (6,56 t en France).
Pour l’orge de printemps, le potentiel est de 4,04 t/ha (5,93 t/ha en France ; +15 % sur un an).
Dans ces conditions, l’Union européenne serait susceptible d’exporter 36 Mt de blé et 10,1 Mt d’orges vers les pays tiers au cours de la prochaine campagne. Elle serait alors le second exportateur au monde de blé derrière la Russie (42 Mt) et la première région exportatrice d’orges (10,1 Mt). 1/6ème du blé et 1/3 de l’orge vendus dans le monde par les sept pays exportateurs majeurs seraient européens.
Avec de telles perspectives, les pays du Maghreb savent qu’ils peuvent compter sur l’Union européenne pour s’approvisionner à n’importe quel moment de l’année.
Or, les besoins seront importants au cours de la prochaine campagne. Le CIC table sur des importations de blé de 30 Mt (+1,4 Mt). L’Egypte achèterait à elle-seule 11,7 Mt et l’Algérie, 8,4 Mt. Par ailleurs, les pays d’Afrique du Nord pourraient importer 2,9 Mt d’orges.
Leurs productions de blé (17,7 Mt) et d’orges (3,1 Mt) seraient à peine supérieures à celles de l’an passé (16,9 Mt) et (2,4 Mt) car les conditions de cultures en Algérie et en Tunisie ne sont pas bonnes. Les deux pays sont partis pour produire 3,6 Mt et non pas 4,2 Mt comme l’an passé. Et au Maroc, la sécheresse sévit toujours.
La récolte marocaine de 4 Mt de blé sera bien sûr supérieure à celle de l’année passée (2,7Mt) mais bien au deçà de celle de 2021 (7,1 Mt). Ces dernières prévisions sont confirmées dans le dernier rapport de March. Celui-ci annonce un rendement potentiel de blé de 1,5 Mt par hectare, supérieur de 43 % à celui de l’an passé mais inférieur de 12 % à la moyenne des cinq dernières années.
Pour l’orge, des meilleurs rendements sont aussi attendus au Maroc (1 t par hectare, + 64 % par rapport à 2022) mais la production par hectare demeurera inférieure de 17 % à la moyenne quinquennale.
Blé dur
L’été prochain, la production de blé dur européenne (7,5 Mt) se situe d’ores et déjà dans la moyenne. La France produirait 1,3 Mt et l’Italie 4 Mt. En Espagne, le rapport March annonce un potentiel de rendement en repli 16 % à 2,47 t/ha. Or le pays est déjà le premier importateur de blé dur (1,3 Mt) de l’Union européenne.
Au Maghreb (4,2 Mt selon le CIC), le Maroc s’attend à ne récolte moyenne (1,4 Mt) alors que l’Algérie et la Tunisie sont d’ores et déjà victimes de la sécheresse.
Ces trois pays importeraient 3,1 Mt en 2023-2024, soit 400 000 t de plus que l’an passé. Et là, l’Union européenne ne pourra pas être d’un grand secours car elle sera elle-même importatrice nette de 1,3 Mt. Les capacités d’exportation de la France hors de l’Union européenne sont limitées à quelques dizaines de tonnes.