Marché des céréales
La Chine, 1er importateur de céréales
1er pays importateur au monde de céréales, la Chine achètera 34 Mt de céréales durant la campagne 2020-2021. Pékin importerait 13Mt de maïs et non plus 7 Mt comme l’envisageait encore l’USDA le mois passé. Et comme les informations collectées par l’institut de statistique américain sont revues mois après mois en baisse, il estime dorénavant la production mondiale 2020-2021 de maïs déficitaire de 12 Mt.
L’activité des marchés des céréales n’est pas confinée. L’Arabie Saoudite affirme avoir acheté 860 kt de blé meunier et l’Ethiopie, 600 000 t tandis que la Corée du Sud importerait 288 000 t de maïs. La Turquie et l’Algérie sont aussi aux achats.
Sur le front des prix, l’ensemble des céréales a regagné une grande partie du terrain perdu la semaine dernière. La tonne de blé valait 208 euros à Rouen le 12 novembre dernier.
Cette semaine, les opérateurs n’ont pas non plus été insensibles aux dernières brèves parvenues des bassins de production de céréales de l’hémisphère sud, d’Ukraine et des Etats-Unis. L’USDA les a reprises dans son dernier rapport rendu public le 10 novembre dernier.
En Argentine et en Australie, la récolte de céréales à paille a débuté. L’ile-continent est bien partie pour produire 28,5 Mt mais l’Argentine voit de nouveau ses ambitions revues en baisse. Seules 18 Mt seraient récoltées dans les semaines à venir.
Toutefois, la production mondiale de blé 2020-2021 reste excédentaire de près de 20 Mt et la campagne s’achèvera avec des stocks de report en hausse de 20 Mt, dont 19 Mt en Chine et en Inde.
Pour l’orge, les prévisions de production de l’USDA en Argentine et en Australie sont inchangées (3,95 Mt) par rapport au mois précédent. Mais sur le front des prix, l’Australie abaisse ses prétentions de prix pour écouler son blé et son orge car le débouché chinois semble réduit à peau de chagrin.
L’USDA consacre justement une partie de son dernier rapport à l’ex-empire du milieu. Le pays s’est lancé dans une vaste restructuration de ses stocks, profitant du différentiel de prix entre son marché intérieur et les cours mondiaux pour importer jusqu’à 34 Mt de céréales. La Chine compte notamment renouveler ses stocks vieillissants de blé tout en les renforçant.
En conséquence, l’ex-empire du milieu deviendrait le premier pays importateur au monde de céréales selon l’USDA. Il achèterait 8 Mt de blé, 6,5 Mt d’orges, 13 Mt de maïs et 6,2 Mt de sorgho. Autrement dit, la Chine se ferait expédier 6 Mt de maïs de plus que les 7 Mt encore envisagées le mois passé. Mais l’organisme de statistiques ne reprend pas à son compte le chiffre avancé de 25 Mt avancé par différents experts céréaliers.
Pour autant cette nouvelle tombe au plus mal car on apprend dans le même temps que les Etats-Unis ne produiraient plus que 368 Mt de maïs. Or en mai dernier, l’USDA avançait 406 Mt !
Un sacré coup de rabot a aussi été porté à la récolte de maïs ukrainienne juste engrangée. Seule 28,5 Mt auraient été ainsi produites, ce qui limite les capacités d’exportations du pays à 22,5 Mt (- 8 Mt par rapport aux dernières prévisions d’octobre 2020) et la pression sur le marché européen.
Toutefois, les quantités de grains disponibles à l’export dans le monde restent inchangées par rapport à celle du mois de septembre dernier (183 Mt) car les Etats-Unis puiseront dans leurs stocks pour en écouler 66 Mt, soit 19 Mt de plus que l’année passée.
Résultat, la production mondiale de maïs serait déficitaire de 12 Mt alors qu’elle était annoncée excédentaire de 25 Mt en juin dernier ! Aussi, la planète achèverait la campagne de maïs avec des stocks de report de 291 Mt (dont 191 Mt en Chine). Et les Etats-Unis n’en détiendraient que 43 Mt, soit les plus faibles depuis plus de 5 ans. Or en juin dernier, l’USDA les avait alors estimés à 84 Mt (337 Mt au niveau mondial)! Et comme les opérateurs s’attendaient alors à ce que le marché des céréales soit engorgé de céréales, la tonne de maïs valait alors à Bordeaux moins de 155 €.
Finalement, le Brésil semble être le grand gagnant de l’actuelle campagne de maïs. Il en produirait 110 Mt, soit 8-9 Mt de plus que les deux campagnes précédentes et même 28 Mt qu’en 2017-2018. Et il serait en mesure d’exporter jusqu’à 39 Mt (+4,5 Mt de plus sur un an) d’ici l’automne 2021.
En conséquence, le redéploiement attendu des exportations mondiales de maïs se ferait aux dépens de l’Ukraine.
Or en Asie du sud-est, le pays avait fait une percée remarquable les années passées en détrônant les Etats-Unis et le Brésil. Mais cette année, ces deux derniers pays pourraient retrouver les faveurs du Japon, de la Corée et de Taïwan.
Union européenne : bilan partiel de 4 mois
de campagne
Depuis le début de la campagne, l’Union européenne joue les outsiders parmi les puissances exportatrices de la planète. Le 8 novembre dernier, seules 7,84 millions de tonnes (Mt) de blé (- 24 % par rapport à l’an passé à la même période) et 2,90 Mt d’orges (- 7 %) ont été exportées vers des pays tiers selon la Commission européenne tandis que l’Union européenne n’a importé que 5,86 Mt de maïs (-19 % sur un an). Mais selon l’USDA, celle-ci ne s’apprêterait à acheter que 20 Mt durant la campagne 2020-2021 et non plus 24 Mt, comme l’annonçait encore l’organisme le mois passé.