Marché des céréales
Les bilans offre et demande se tendent chez les exportateurs
Blé
Après l’embellie des cours de début juillet, les prix se sont tassés tout au long de la semaine, pour finalement rebondir à nouveau ce vendredi.
Au fur et à mesure de la progression de la récolte, les échos de la plaine se précisent. La qualité est au rendez-vous, et c’est un soulagement. Quant aux rendements, les situations sont diverses. Les terres séchantes réservent de bonnes surprises, tandis que les terres plus profondes produisent des rendements inférieurs aux attentes. La moitié nord de la France commence tout juste à battre les blés, et c’est là que résident les principales interrogations. Le Ministère de l’Agriculture, dans sa note de conjoncture Agreste, publie une prévision de récolte nationale de blé tendre à 36,1 Mt. Optimiste ou réaliste ? Il faudra attendre encore quelques semaines pour avoir une idée plus précise de la récolte nationale. Et c’est dans ces mêmes semaines également que les premiers équilibres du marché de la nouvelle campagne vont se dessiner.
Dans son bilan de fin de campagne des exportations (cf. rubrique Statistiques et Références), France Export Céréales nous livre ses estimations pour la campagne à venir. Compte tenu des productions des pays importateurs, de leurs besoins habituels, des disponibilités et des parts de marché habituelles du blé français, France Export Céréales avance le chiffre de 8,750 Mt d’exportation vers nos principaux débouchés Pays-Tiers. Cela sans compter l’Arabie Saoudite vers qui la France a exporté 600 kt en 2017, un record. Les opérateurs suivent d’ailleurs avec attention l’appel d’offre de blé lancé par ce pays ces jours-ci pour 595 kt, livraison septembre-octobre.
Si l’on dénote une timide reprise de parts de marché vers nos clients traditionnels en 2017, après les difficultés de la campagne 2016, l’année 2018 pourrait bien être plus favorable à la France. Tout d’abord, au sein de l’Union, il faut s’attendre à nouveau à un battement des cartes et à des flux différents. L’offre de blé chez nos principaux concurrents européens, l’Allemagne et les pays-baltes notamment, devrait-être en net repli. La Roumanie pourrait bien avoir moins de blés de qualité exportable et par contre être plus présente sur le marché intérieur. Mais la concurrence est également, et surtout internationale ! L’équilibre de l’offre et de la demande mondiale sera déterminant, tant sur le niveau des prix que sur l’orientation des flux. Et, c’est bien cela qui a de nouveau animé le marché cette fin de semaine. L’USDA a publié son rapport mensuel sur l’offre et la demande mondiale de blé. La production mondiale s’établit à 736,3 Mt soit une chute de 8,43 Mt par rapport aux estimations du mois dernier et 22 Mt par rapport à l’an dernier. Fait notable, la baisse est surtout localisée chez les principaux pays exportateurs (2 Mt en Australie, 4,4 Mt en Union européenne, 1,5 Mt en Russie et 1 Mt en Ukraine). Avec ces nouvelles estimations de production, l’USDA maintient des échanges internationaux au niveau record de 185 Mt. Ainsi, les stocks chez les principaux exportateurs pourraient s’établir à seulement 53 Mt, soit un recul de 24%. Les experts commentent les chiffres de l’agence américaine. D’un côté, les échanges paraissent élevés, de l’autre les chiffres de la production pourraient baisser encore, notamment en Russie... Et si le marché du blé semble moins sensible aux humeurs de Mr Trump, la parité euro-dollar pourrait bien à nouveau perturber la donne.
Dans ce contexte, les prix renouent avec la volatilité.
Orge
Les perspectives de production se réduisent à nouveau dans le bassin de la Mer Noire. Selon les annonces du Ministère de l’Agriculture russe, le rendement moyen national serait en baisse de 17% par rapport à l’an dernier. En Ukraine, les perspectives ne sont guère meilleures. Quant à l’Europe, la déception est bel et bien là. Stratégie Grains diminue de 2,9 Mt ses prévisions pour la récolte européenne et confirme une baisse significative des rendements en Allemagne (-6%). Pour la France, à 11,5 Mt, l’analyste privé est plus pessimiste qu’Agreste qui table sur une production à 12,1 Mt. Parallèlement, les acheteurs s’activent. L’Arabie Saoudite a conclu le 7 juillet son appel d’offres pour 1,7 Mt, livraison septembre-octobre, à des prix qui paraissent « bon marché » au regard de l’ambiance haussière qui gagne le marché.
En France, les fabricants ne sont pas acheteurs, tandis que les primes s’apprécient de 5 €/t en rendu portuaire. Les chargements ont démarré avec notamment 110 kt à destination de la Chine. D’autres bateaux sont attendus.
Alors que les prix de l’orge de brasserie restent également soutenus, les OS ne se précipitent guère pour poursuivre leurs ventes d’orge de mouture, poussant ainsi les exportateurs à monter les prix.
Maïs
L’USDA a également délivré ses bilans prévisionnels pour le maïs. Les chiffres de production pour l’Amérique du sud continuent à se réduire pour la fin de la campagne 2017/18. Pour les récoltes à venir de l’hémisphère nord, l’USDA relève sa prévision de production aux Etats-Unis de 5 Mt en raison de la hausse des surfaces et diminue les perspectives pour les pays de la Mer Noire de 3 Mt.
Les conditions climatiques restent préoccupantes dans cette région, notamment en Ukraine, de telle sorte que les valeurs retenues par l’USDA (30 Mt pour l’Ukraine) semblent au-dessus des anticipations des analystes privés et des opérateurs. Toutefois, les cultures sont pour le moment dans des conditions particulièrement exceptionnelles aux Etats-Unis, et cet élément n’est pas non plus intégré dans le bilan établi à ce jour par l’agence publique américaine, qui est resté sur un rendement tendanciel.
En Europe, et en France en particulier, alors que la moisson des céréales à paille bat son plein, le marché du maïs reste centré sur les derniers lots de la récolte 2017/18 et est très peu actif sur les périodes plus lointaines.