
Marché des céréales
Puissance russe & logistique engrais au menu de 2022
La fin d’année a été placée sous le signe de la détente des cours en céréales. Le blé s’est affiché en baisse pendant 3 semaine consécutives, ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps. Les perspectives de récolte dans l’hémisphère sud sont meilleures. S’ajoute à cela la mise en place de quotas russes à l’exportation plus importants, qui ont apporté une certaine détente aux marchés.
Cette détente a apporté une certaine compétitivité au blé français sur la destination chinoise puisque selon les rumeurs, plus d’1Mt auraient été contractualisées vers la Chine les deux semaines précédant Noël. Prudence tout de même. Sur le long terme, un cabinet de trading affirme que la Chine deviendra un acheteur majeur de marchandises russes.
La détente sur les prix a permis au blé français de gagner en compétitivité puisque le 29 décembre, le blé français a remporté une partie de l’appel d’offre égyptien, ce qui est de bon augure pour notre origine. Au total 300kt ont été acquises par l’Egypte, dont 180kt d’origine ukrainienne, 60kt roumaines et 60kt françaises. Mais l’Egypte semble vouloir renforcer ses liens avec la Russie. Des discussions sont en cours selon Intercéréales pour créer une « joint-venture » de commerce des céréales entre Le Caire et Moscou, ce qui améliorerait davantage l’origine mer Noire des importations égyptiennes. Et le débouché algérien, directement concurrencé par les offres de blé russe dorénavant, s’obscurcit pour nos origines.
Pour autant, la Russie a relevé les taxes sur les exportations de blé tendre et d’orges pour la période du 12 au 18 janvier, à 98,2 $/t pour le blé tendre et 86,2 $/t pour l’orge. Il sera intéressant de suivre les origines retenues en cas de nouvel appel d’offre égyptien.
Taxes ou quotas à l’exportations, présence sur les marchés historiques du blé français, la Russie semble être au centre des préoccupations des acheteurs en ce début d’année 2022. En tous cas, de plus en plus elle est la puissance céréalière sur laquelle les yeux sont rivés. Comme le rappelle Intercéréales, il n’y a pas si longtemps la Russie importait des céréales. C’est depuis le « grand vol des céréales » de juillet 1973 que le changement dans la politique russe au regard de la souveraineté alimentaire de ce pays a opéré, puis la montée en puissance avec la fin du régime soviétique. Et cette ascension ne risque pas de s’arrêter. Avec le réchauffement climatique, toute la frange sud de la Sibérie devrait avoir un potentiel agricole absolument gigantesque….
Au-delà de ce pays, les regards seront aussi tournés vers le cours des énergies et marché des engrais en 2022. La pénurie et l’envolée du cours des engrais demeurent des sujets d’actualité avec l’interrogation que cela entraîne : y aura-t-il un impact sur les rendements (et donc les quantités disponibles au niveau mondial) pour la prochaine récolte ?
Depuis plusieurs années, on parle d’année atypique pour les céréales. Il semble bien que cet adage soit d’ores et déjà vrai pour 2022….
Pour l’heure, en France, les cultures sont bien implantées. Les premiers semis ont été souvent légèrement retardés, mais l’ouverture de créneaux météorologiques favorables mi-octobre a permis de compenser ce retard et a offert de bonnes conditions d’implantations. Les cultures ont atteint le stade de tallage, un stade permettant l’endurcissement au froid, qui requiert des températures faiblement négatives. La vague de douceur que l’on a connu autour du Nouvel An a pu désendurcir les cultures, mais le scénario climatique en cours (gelées matinales modérées) sur des cultures à un stade « résistant » ne doit pas engendrer de craintes.
Après le fléchissement des cours en fin d’année, ces derniers ont rebondi et retrouvent leurs niveaux précédents en de début janvier.