Marché des céréales
Première campagne céréalière dans l’Union européenne à vingt-sept très décevante
Faute de grains, l’Union européenne à vingt-sept sera en retrait à l’export alors que la production britannique de céréales a elle-aussi fortement reculé. Le Royaume Uni n’a donc pas les moyens de concurrencer ses anciens partenaires européens. Mais le blé français n’est pas compétitif.
C’est à Vingt-sept que l’Union européenne (UE) a débuté sa campagne 2020-2021. La Commission européenne (CE) estime à 279 millions de tonnes (Mt) la production de céréales de l’UE durant la campagne 2020-2021 : 114 Mt de blé ; 54 Mt d’orges ; 70 Mt de maïs et 7 Mt de blé dur.
L’année passée, elle était de 322 Mt. Mais le Royaume Uni était encore membre de l’UE et il avait alors récolté 25 Mt de grains : 16 Mt de blé ; 8 Mt d’orges et 1 Mt d’avoine.
Ainsi, la production européenne ramenée à vingt-sept états membres était de 297 Mt (322 Mt – 25 Mt): 131 Mt de blé ; 55,5 Mt d’orges et 70 Mt de maïs. Celle de blé dur était pour sa part de 7,5 Mt mais le Royaume Uni n’en cultive pas.
Comparée à campagne céréalière 2019-2020, la production de grains des Vingt-sept a donc baissé cette année de 18 Mt: 17 Mt de blé et 1 Mt d’orges.
La diminution de la production française de blé équivaut à plus de la moitié de la baisse européenne (10 Mt sur les 17 Mt). Seules 29,7 Mt de blé auraient été récoltées contre 39,5 Mt. La chute des rendements (une tonne par hectare) a accentué l’impact de la baisse des surfaces emblavées. En Allemagne, aussi, la diminution de la production est significative (20 Mt, - 3Mt).
Mais les productions de blé dans les trois pays baltes (7,6 Mt ; + 0,5 Mt sur un an ; 0,6 Mt sur un an ; + 3 Mt par rapport à 2018-2019) et en Espagne (7 Mt ; +1,8 Mt) compensent une partie de la chute de la récolte roumaine (5,8 Mt, - 4 Mt sur un an).
Maïs dans l’UE à 27
Le Royaume uni ne produit pas de maïs grains. Toutefois, la récolte européenne serait cette année équivalente à celle de l’an passé (autour de 70 Mt) car les conditions de cultures se sont fortement dégradées durant l’été. Bonnes à très bonnes en France à 80 % en juillet, elles ne le sont plus qu’à hauteur de 62 % un mois plus tard, comme l’an passé à la même époque.
Mais la CE table toujours sur une récolte de 18 Mt en France, en hausse de 1 Mt par rapport à l’an passé grâce aux surfaces implantées plus importantes mais la Roumanie pourrait ne récolter que 15 Mt (-2 Mt sur un an). Dans les autres pays membres, les productions se maintiennent ou sont en légère hausse.
Orges dans l’UE à 27
Durant la campagne 2020-2021, la production européenne d’orges à Vingt-sept est estimée à 54 Mt, soit 1,5 Mt de moins que l’an passé. Le Royaume uni était un des piliers de la filière. Cependant, l’UE à Vingt-sept restera le premier exportateur mondial d’orges (10 Mt).
Mais toutes céréales confondues, celle-ci ne pourrait exporter que 39,4 Mt de grains à destination des pays tiers dont 24,9 Mt de blé (38,6 Mt en 2019-2020).
La France ne disposerait que de 6 Mt exportables contre 13 Mt l’an passé. Une partie des marchés nord-africains risque de lui échapper.
A contrario, les pays baltes et de la Pologne (12 Mt de blé produites, + 2 Mt sur 2 ans) très offensifs dans cette région.
De toute façon, le cours de l’euro a fait perdre, en un an, 9 % de compétitivité aux céréales françaises. En douze mois, la monnaie unique (1 €= 1,20 $) a gagné 10 centimes. Le dollar canadien s’est récemment redressé vis-à-vis de l’euro de quelques cents mais la hryvnia est revenu à son niveau d’il y a un mois.
Pourtant le blé produit est de bonne qualité selon FranceAgriMer : 42 % du blé est « prémium » (taux de protéines supérieur à 11,5 %, force boulangère supérieure à 170 ; poids spécifique supérieur à 77 gr et indice de chute Hagberg supérieur à 240. Et 35 % du blé collecté est « supérieur ».
Outre Manche, le Royaume Uni jouera aussi les seconds rôles sur la scène internationale. Il n’a produit que 10 Mt de blé, soit 6 Mt que moins que l’an passé.
Des nouvelles des pays tiers
Selon le Conseil international des céréales (CIC), les tensions diplomatiques entre la Chine et l’Australie profiteront à l’Union européenne et à la France en particulier. Pékin pourrait acheter massivement de l’orge et du blé français. « Plus de 700 kt d’orges et presque 200 kt de blé ont été chargées pour la Chine à mi-août, soit plus de la moitié de l’ensemble des exportations de blé tendre et d’orges français sur ce début de nouvelle campagne (contexte de conflit commercial entre la Chine et l’Australie) », affirme FranceAgriMer.
En revanche, la Commission européenne a supprimé les droits de douane à l’importation sur le maïs et sur le sorgho le 27 août dernier. Or aux portes de l’Union européenne, importatrice nette de 16,4 Mt de maïs durant la campagne, l’Ukraine est en mesure d’exporter jusqu’à 31 Mt de grains sur les 37 Mt qui seront récoltées. Mais le ministère de l’économie ukrainien a signé un accord avec les opérateurs qui limite à 17,5 Mt de maïs les exportations de blé vers des pays tiers depuis les ports de la Mer Noire.
Toujours selon le CIC, l’Egypte prévoit d’acheter plus d’un million de tonnes de blé par mois de Russie et d’Ukraine essentiellement. Il semble que la Russie produirait 82 Mt de blé selon FranceAgriMer. Alors que le blé français n’est pour l’heure pas suffisamment compétitif pour répondre aux appels d’offres du GASC. L’an passé, 900 000 t de blé avaient été expédiées en Egypte.