Marché des céréales
Les échanges commerciaux de céréales épargnés par la crise sanitaire du Covid
L’expansion de la crise sanitaire du Covid ne grippe pas les rouages du commerce mondial de céréales. Cependant elle inquiète. La majorité des pays de la planète est entrée en récession. Mais la Chine, 1er pays importateur au monde de produits agroalimentaires, y échappe de justesse.
La crise sanitaire du Covid 19 va-t-elle impacter les échanges commerciaux de céréales ? Et si oui, quand et comment ? Autant de questions à ce jour sans réponse. Le Conseil international des céréales (CIC) et l’USDA, l’institut américain de statistiques évoquent ce sujet dans leur rapport mensuel depuis le début de l’été alors qu’une grande partie des pays est entrée subitement en récession. Mais les échanges commerciaux restent d’abord sous l’emprise de facteurs climatiques, monétaires et géopolitiques, à la fois redondants et prégnants.
Ainsi, le CIC confirme une production mondiale stable de blé, légèrement supérieure à son niveau record de l’an passé : 763,4 millions de tonnes (Mt) contre 762,2 Mt en 2019-2020.
Mais la campagne s’annonce tendue pour les principaux pays exportateurs de blé de la planète (en incluant l’Union européenne à 27). Ils récolteront 373 Mt de grains, soit 15 Mt de moins que la campagne passée, alors que la demande ne faiblit pas.
Pourtant, le CIC a réévalué de 2,8 Mt la production russe de blé, la portant ainsi à 81,5 Mt (+ 8Mt sur un an) alors que le mois passé, l’USDA maintenait encore ses prévisions à 78 Mt.
Le Conseil a aussi augmenté de 0,9 Mt le potentiel de production australien dorénavant estimé à 28,4 Mt (+13 Mt sur un an). Et le franchissement du seuil de 30 Mt n’est pas exclu.
Mais ces hausses de production ne compensent pas les pertes attendues et constatées dans le reste du monde et notamment dans l’Union européenne à vingt-sept, en Argentine et en Ukraine. Dans l’hémisphère sud, l’El-Nina profite à l’Australie abondamment arrosée mais assèche les terres argentines. Par conséquent, le potentiel de production de l’Argentine a été réduit d’1,4 Mt en un mois.
Toutefois, les pertes évoquées sont plus que compensées à l’échelle planétaire par les 15 Mt de blé produites en plus dans des pays où la céréale récoltée est consommée ou stockée, notamment en Chine et en Inde (+14,1 Mt au total). Aussi, le commerce mondial (181,6 Mt) est quasi-stable (- 2 Mt).
Cependant, ces mêmes 15 Mt de blé évoquées précédemment comprennent la production de blé du Royaume Uni (10 Mt) puisqu’il n’est plus membre de l’Union européenne.
Aussi, la production des pays exportateurs majeurs de blé de la planète, hors Royaume Uni, n’aurait ainsi reculé que de 5 Mt et celle de l’Union européenne à Vingt-sept de 14 Mt, comparées à 2019-2020.
Par ailleurs, la quasi-stabilité du commerce mondial du blé mentionnée ci-dessus (181,6 Mt) masque de fortes variations entre les pays exportateurs majeurs de la planète. L’Union européenne à Vingt-sept exportera 13,5 Mt de blé en moins que la campagne passée (25 Mt au total), l’Ukraine, 3,5 Mt (17,5 Mt) alors que la Russie en expédiera 4 Mt en plus (38 Mt au total). En ajoutant l’Australie (18,6 Mt), les pays importateurs de blé pourront acheter 170,5 Mt de grains à l’Union européenne à vingt-sept et aux sept pays exportateurs les plus importants de la planète. Alors que le Royaume Uni ayant produit 6 Mt de blé en moins, serait quasiment absent des marchés à l’export.
Enfin, moins de blé sera transformé en aliments, en bioéthanol ou destiné à l’alimentation humaine. Et le CIC prévoyant des importations de blé estimées à 11 Mt, l’ensemble des pays exportateurs majeurs de la planète finira la campagne avec des stocks à peine inférieurs à ceux de juin 2020 (65,7 Mt ; -1 Mt).
Chine, premier pays importateur au monde
Cette année, la Chine de rejoint le cercle étroit des principaux pays importateurs de blé (Egypte, Indonésie, Algérie entre autres). Elle en achèterait 6,9 Mt. Toutes céréales confondues, 24,6 Mt seraient même importées (7 Mt de maïs, 4,8 Mt d’orges et 6 Mt de sorgho).
Selon l’USDA, l’institut statistique américain, la Chine est même devenue le premier pays importateur au monde de produits agricoles et agroalimentaires (113 Mds d’€ en 2019).
Toutefois, les céréales représentent une part infime des importations chinoises. Les principaux produits importés sont des produits laitiers, des fruits frais et de la viande de bœuf.
Mais les céréales françaises et européennes sont très appréciées. Par ailleurs, l’Union européenne est un partenaire commercial fiable, en dehors des tensions diplomatiques sino-américaines et australiennes.
La production mondiale de blé dur déficitaire d’1 Mt
34,1 Mt de blé dur seront produites dans le monde alors que 35,2 Mt seront transformées en blé semoule ou de pâtes. Aussi, les stocks de fin de campagne reculeront de nouveau. Ils atteindront 3,5 Mt, soit moins de 10 % de la production mondiale.
Le Canada est le grenier à blé dur de la planète, selon le CIC. Il exporte plus de 80 % de sa production (5,1 Mt sur 6,1 Mt) à des pays qui ne parviennent pas à être autosuffisants. Or seuls 9,5 Mt sont échangées dans le monde.
Le bassin méditerranéen échappe de nouveau à l’Union européenne, dans l’incapacité de livrer les 4,8 Mt de blé dur pour l’approvisionner. Ses vingt sept pays membres ont engrangé l’été dernier moins de blé dur pour la troisième année consécutive (7,1 Mt) alors qu’ils en consommeront 7,8 Mt. En France, la production décline d’année en année : 1,3 Mt en 2020-2021, 2,1 Mt en 2017-2018.