
Marché des céréales
L’offre déséquilibrée de céréales aggravée par la baisse de la demande
Les productions prévisionnelles de blé et d’orges revues à la baisse au fil des moissons n’impactent pas le fonctionnement des marchés, pour l’instant. Pour autant, les utilisations massives de maïs ne suffiront pas pour éviter une hausse des stocks de report en fin de campagne. Ce qui n’est pas sans conséquences sur les prix.
La pandémie du Covid 19 regagne du terrain. Elle s’étend sur l’ensemble de la planète. Ceci dit, les affaires reprennent, caractérisées par des échanges commerciaux de céréales plus dynamiques. Selon le Conseil international des céréales (CIC), les indices baltes Supramax et Handysize ont progressé de 38 % et de 23 % en un mois. « La demande de céréales et d’oléagineux aux principales origines … s’est imposée comme le principal moteur du marché durant la période », analyse le CIC dans son denier rapport. Le coût de transport de la tonne de céréales au départ de l’Europe, et du port de Rouen notamment, vers le Maghreb a progressé de 4 dollars américains.
Sur la rive sud de la Méditerranée, les pays ajustent leur campagne commerciale. Selon France Export céréales, « les importations tunisiennes de céréales devraient atteindre, pour l’exercice 2020-2021 : 1 200 kilos tonnes (kt) de blé tendre, 600 kt de blé dur, 600 kt d’orge et 900 kt de maïs ».
Mais le 28 juillet dernier, l’Egypte a encore porté son dévolu sur le blé russe et ukrainien. Les deux pays ont remporté le septième appel d’offre de 470 000 tonnes lancé par le Gasc, l’organisme égyptien en charge d’acheter du blé pour approvisionner le pays. A leurs niveaux actuels, les cours du blé français (184 €/t à Rouen) ne sont pas suffisamment compétitifs. La monnaie unique a gagné encore deux centimes en une semaine.
Le 27 juillet le Gasc « souhaitait pourtant acheter des cargaisons de (55 000 à 60 000) tonnes de blé tendre et/ou de mouture pour expédition du 1er au 10 septembre 2020 d’origine les plus diverses et française notamment ».
Quoi qu’il en soit, moins de 30 millions de tonnes (Mt) de blé auraient été engrangées en France. Les bons résultats ont ce qui concerne le poids spécifique et le taux de protéines nous permettra de sauver les meubles. La commercialisation vers le marché intérieur français et à l’export vers les pays Tiers, (Afrique, de la Chine et d’autres destinations plus exotiques) pourra être assurée.
Pour autant, les cours des céréales sont davantage pénalisés par la parité de la monnaie unique par rapport au dollar. Le 29 juillet, un euro valait 1,18 dollar, soit deux centimes de plus que la semaine précédente.
Les places de marché ont pris en compte les dernières prévisions de production et de consommation mondiales de blé, d’orges et de maïs réactualisées et publiées par le CIC le 24 juillet dernier. Ce dernier a notamment rapporté à 762 Mt la production mondiale de de blé alors qu’il tablait sur 767 Mt le mois précédent.
L’Union européenne ne récolterait que 125 Mt de blé (-3 Mt sur un mois), les Etats-Unis, 49 Mt (-1,6 Mt) et la Russie, 78 Mt (-1 Mt). Aux Etats-Unis, ces derniers ajustements résultent des résultats d’enquêtes de terrain réalisées au mois de juin (elles avaient révélé la plus surface emblavée depuis un siècle) et en Russie, des rendements en blé d’hiver sont inférieurs à ceux attendus. Dans le même temps, les conditions de cultures des blés de printemps sont contrastées entre les différentes régions. En Ukraine, une partie significative des grains récoltés est de qualité fourragère.
Mais si la production mondiale de blé est finalement équivalente à celle de la précédente campagne juste achevée (762 Mt), elle baisserait de 16 Mt parmi les principaux pays exportateurs de la planète. Leurs stocks de report diminueraient ainsi de 4 Mt.
En revanche, une production massive de blé est attendue en Inde et en Chine (242 Mt). Mais les deux pays stockeraient les quantités de blé produites en plus (5 Mt). Leurs stocks de report augmenteraient même de 12 Mt à la fin du mois de juin 2021.
Même si la production mondiale de maïs a aussi été révisée en baisse par le CIC, dans son dernier rapport, de 8 Mt à 1164 Mt, les 47 Mt de grains produites en plus rendent la céréale particulièrement attractive. Du reste, 699 Mt d’aliments seraient achetées pour fabriquer des aliments contre 681 Mt la campagne écoulée.
En effet, les fabricants d’aliments utiliseraient plus de maïs (+ 15 Mt) aux dépens du blé (- 5,5 Mt) et de l’orge (-1,3 Mt) au cours des douze prochains mois pour produire des aliments. Ceci dit, la désaffection des fabricants d’aliments envers le blé et l’orge au profit du maïs, n’empêcherait pas la céréale de rester attractive durant toute la campagne. Car malgré les utilisations en hausse à l’échelle mondiale de 29 Mt, les stocks de report augmenteraient de 7 Mt.
Cependant, la pandémie du covid aurait à ce jour plus d’impacts parmi les pays exportateurs et producteurs majeurs de la planète (415 Mt utilisées par l’industrie de l’alimentation animale contre 425Mt l’an passé) qu’au niveau mondial puisque la consommation croit globalement de 13 Mt, passant de 983 Mt à 997 Mt.
Par ailleurs, les prévisions du CIC s’appuient sur la transformation, aux Etats-Unis, de 163 Mt de grains en éthanol alors que de nombreuses incertitudes planent sur l’évolution des cours des hydrocarbures fossiles. Tandis que l’économie américaine plonge !
Enfin, dans le sillage du maïs, le sorgho aussi est en vogue. Les quantités récoltées en plus cette année (59,1 Mt, +2 ,3 Mt sur un an) seront utilisées pour fabriquer des aliments (21,2 Mt, +2,2 Mt).