Marché des céréales
Les pluies retardent la moisson
Blé tendre
Les récoltes de blé peinent à avancer tant les conditions météorologiques sont capricieuses. A la faveur de la semaine clémente du 19 juillet, la moisson s’est fortement accélérée, et selon Céré’Obs les surfaces récoltées sont passées de 14% à 47% en une semaine, avec même des records de collecte journalière pour certaines coopératives. Mais le retour des pluies depuis limite l’avancée de ces dernières. Au 26 juillet, seuls 17% des surfaces en Hauts de France et 16% des surfaces en Normandie ont été battues. L’an dernier à la même date, 87% des surfaces françaises étaient récoltées au niveau national. En ce qui concerne les conditions de cultures, celles-ci demeurent stables pour le blé tendre, à 75%.
Dans son dernier rapport publié hier, le CIC a fortement augmenté la production du blé français, à 38,3Mt contre 37Mt le mois dernier. Le disponible exportable pour le blé français est attendu bien plus élevé que la campagne précédente, ce qui pourrait permettre à l’origine française de revenir vers des destinations plus traditionnelles pour la campagne 21/22 selon Intercéréales. Selon ces derniers, la hausse du coût du fret permettra également de recentrer les exportations vers des marchés de proximité comme les pays d’Afrique du Nord.
Au niveau européen, la Commission européenne est optimiste sur les perspectives de rendement malgré cette météo peu clémente surtout dans l’Ouest de l’Europe. Dans son dernier rapport publié le 26 juillet, elle augmente la prévision de rendement du blé tendre UE à 6,05 t/ha contre 6,01 t/ha estimée en juin. Les retards dans la récolte, comparativement à l’an passé, induisent un décalage dans les exportations de blé. Selon la Commission européenne, les ventes de blé tendre ne s’élèvent depuis le 1er juillet qu’à 624 574 t, -50% par rapport à l’an dernier à la même date.
Alors qu’en France le mois de juillet sera vraisemblablement considéré comme l’un des plus pluvieux de ces dernières années, de l’autre côté de l’Atlantique, la chaleur et le déficit hydrique perturbent les blés de printemps US et canadiens, ce qui ne cesse de faire chuter le potentiel de production. La situation des blés de printemps US est préoccupante puisque 9% seulement des surfaces sont jugées dans un état bon à très bon. En Ukraine, le retour de pluies excessives augmente fortement la proportion de blé fourrager. En Russie, a contrario, c’est la dernière phase de sec qui aura fait perdre beaucoup de potentiel dans le centre du pays.
Dans ce contexte, les cours du blé ne subissent pas de pression récolte. Sur Euronext, le blé a gagné +10,25€ sur la semaine pour l’échéance de septembre.
Le GASC a lancé un appel d’offre ce lundi pour des chargements entre le 20 et le 30 septembre. Il n’y avait pas d’offres françaises mais uniquement russes, roumaines et ukrainiennes. L’organisme égyptien a finalement acheté 120kt de blé ukrainien et 60kt de blé roumain.
Blé dur
Le bilan mondial du blé dur se tend fortement. La sécheresse qui sévit au Canada, avec des vagues de chaleur, entraîne de fortes craintes sur le niveau de production en blé dur. Le CIC a nettement baissé sa prévision de production de blé dur, à 4,8Mt contre 6,2Mt estimée en juin (production 2020 à 6,6Mt). La production mondiale passe donc de 25,0Mt à 33,1Mt.
Avec des stocks de début de campagne moins élevés que précédemment, et des utilisations en légère augmentation par rapport à l’an dernier, les stocks de fin de campagne sont estimés à 6,8Mt au niveau mondial, soit une baisse de -15,6% par rapport à l’an dernier.
Les prix sur le marché s’en ressentent. Le blé dur rendu Port La Nouvelle a gagné +40€/t en un mois.
Orges
Au 26 juillet, 98% des surfaces d’orges d’hiver ont été récoltées, et 39% des surfaces d’orges de printemps. Les prix de l’orge ont progressé cette semaine par sympathie avec le blé tendre, ce qui rend l’orge fourragère français peu compétitive sur la scène internationale. L'orge ukrainienne est près de 15 $/t moins chère.
Mais la demande mondiale s’annonce soutenue. Et les relations entre la Chine et le Canada restant très incertaines, cela laisse davantage de place à l’orge française sur les pays européens selon Intercéréales. Et cela ne semble pas s’arranger puisqu’à l’occasion d’une réunion de l’organe de règlement des différends, le Canada a obtenu gain de cause le 26 juillet, en obtenant le consentement des membres de l’OMC en vue d’établir un groupe spécial chargé d’examiner les mesures restrictives imposées par Pékin à l’importation de graines de canola canadiennes.